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Vrais Républicains, réveillez-vous !

Vendredi 29 Décembre 2017

Par Momar DIONGUE
 
« Alliance pour la République » ! Macky avait vu juste lorsqu’il créa son parti en décembre 2008. Il ne pouvait avoir meilleure trouvaille dans le contexte de l’époque pour proposer une alternative crédible et bien tentante face à Wade.
 
Ce dernier, avouons-le, ne présentait pas un bilan aussi squelettique qu’on a pu le croire. Il a eu à son actif de nombreuses réalisations qui avaient fini de changer radicalement le visage du pays, de Dakar en particulier.
 
Il avait réalisé, avec une relative opacité certes, de nombreuses infrastructures qui pouvaient le faire réélire. Il imagina la « Case des Tout Petits » et la « Maison de l’Outil » pour façonner un nouveau type de Sénégalais et l’initier à l’apprentissage dès sa tendre enfance. « La Porte du Millénaire », le « Monument de la Renaissance » et la « Place du Souvenir Africain » portent aussi sa signature. Tout comme ce fleuron culturel qu’est le « Grand Théâtre », haut lieu de tous les grands événements liés à ce secteur. C’est aussi à Wade qu’on doit l’élargissement de la VDN et, surtout, ces deux projets structurants qu’il a eu l’audace de lancer et que beaucoup croyaient être des « paris fous » : l’Autoroute à péage et l’AIBD.
 
Certes, ces infrastructures ont eu comme caractéristique principale un montage financier pour le moins sulfureux, mais elles ont quand même le mérite d’exister. Et ce, grâce à un Wade entreprenant et désireux de laisser à la postérité ses empreintes de bâtisseur.
 
Oui, Wade a travaillé. Et le dire n’enlève rien au mérite de ses prédécesseurs qui ont posé les fondements de l’Etat de droit et jeté les bases de notre démocratie. Encore moins de son successeur qui l’a aidé à « donner corps à sa vision » lorsqu’il fut son Premier ministre.
Le tableau a été toutefois assombri par deux choses qui seront fatales à son régime : le renchérissement continu du coût de la vie au plan social et l’omniprésence de son fils Karim dans le dispositif d’Etat au plan institutionnel.
 
Wade était pratiquement la réincarnation de Napoléon. L’Etat, c’était lui ; c’était sa chose ; c’était son patrimoine. Il croyait pouvoir en disposer comme bon lui semble, s’autorisait tous les excès et prenait un malin plaisir à chahuter la République et ses institutions.
 
Un jour, on l’a vu contraindre les membres de son Gouvernement à se tenir debout autour de la table du Conseil des ministres, la main sur le cœur, jurant à voix haute de ne jamais révéler le contenu de leurs discussions. On l’a aussi vu supprimer de l’architecture institutionnelle le Sénat pour lui substituer une de ces inventions dont il avait le secret : le Conseil de la république pour les affaires économiques et sociales (Craes). Et lorsque son Président, feu Mbaye Jacques Diop, a eu l’imprudence de le courroucer, il n’hésita pas à lui réclamer son dû. Purement et simplement.
 
Mais la plus grande hardiesse de Wade est sans conteste d’avoir placé son fils Karim au cœur de l’Etat, d’en avoir fait le ministre « du ciel et de la terre » et d’avoir même envisagé, par un obscur et hypothétique projet de dévolution monarchique, de le placer à la tête de l’Etat. Et comme si cela ne suffisait pas, il a osé faire du forcing pour postuler à un troisième mandat auquel il n’avait pas droit.
 
Bref, Wade a tellement malmené la République que Macky, alors candidat à la présidentielle 2012, avait été bien inspiré de dénommer son parti, l’Alliance pour la République (Apr). Car, ce fut beaucoup plus qu’une simple appellation. C’était une invite à la sauvegarde et à la restauration de la République.
 
Hélas, cinq ans après son accession à la magistrature suprême, tout porte à croire qu’il y a eu tromperie sur la marchandise. Et la République est plus que jamais sous la menace de comportements qui pourraient saper ses fondements.
 
N’a-t-on pas vu les tenants de l’actuel pouvoir se comporter avec une désinvolture telle qu’on croit revivre les travers du système Wade ?
 
Un Secrétaire d’Etat a une fois annoncé avoir démissionné du Gouvernement. Mais une fois sa déclaration relayée par la presse, la Première Dame, accompagnée du Président du groupe de la majorité à l’Assemblée, se rend nuitamment à son domicile et le fait revenir sur sa décision. L’incident ne tira pas à conséquence, en tout cas pas sur le moment, puisque le Secrétaire d’Etat en question continuera à siéger à la table du Conseil des ministres comme si de rien n’était.
 
Plusieurs mois plus tard, le même Secrétaire d’Etat, limogé du Gouvernement à l’occasion d’un remaniement, s’attaqua sans ménagement à la famille du Président, menaçant même de faire dans le déballage. Une stratégie finalement payante, puisqu’il sera nommé Ministre-Conseiller pour calmer sa colère.
 
Un autre Secrétaire d’Etat, évincé lors de ce même remaniement, avouera publiquement avoir été viré du Gouvernement pour avoir été mis à mal avec la Présidente, pardon la Première Dame. Et pour très graves que soient ses propos, il s’en est tiré à bon compte pour avoir été nommé récemment à la tête d’un service public de l’information.
 
Qu’est-ce qu’elle est bien drôle cette République où il suffit d’être proche de la Première Dame et de le revendiquer pour s’autoriser toutes les excentricités et sans conséquence aucune !
 
Souvenons-nous de cet autre ministre qui, lors d’une cérémonie de passation de service, déclara solennellement que lui et le collègue à qui il passait le témoin, doivent leur présence dans le Gouvernement à la générosité de la Première Dame. On ne pouvait faire pire en matière de défiance à l’autorité du chef de l’Etat et de son Premier ministre. Et pourtant, là aussi, le ministre en question est plus que jamais dans l’attelage gouvernement et a même pris du galon dans l’ordre protocolaire.
 
Plus ahurissant encore, deux autres de ses collègues ministres se sont permis d’étaler leurs divergences et de se livrer à une querelle de borne-fontaine en pleins travaux à l’Assemblée nationale.
 
Et que dire du comportement de cet autre responsable « apériste », élu député-maire en récompense à son statut de griot attitré du chef de l’Etat, et qui se serait permis d’insulter un préfet en public ?
 
Franchement, en cinq ans, l’on a déjà égalé ou même dépassé les outrages de la période Wade contre la République.
 
Que retenir enfin de la déclaration de Mimi Touré faisant état de plus de 200 milliards supposés avoir été recouvrés avec la traque aux biens mal acquis, sans qu’aucune loi de finance n’en fasse mention ?
 
Eh bien, le fait que cette bonne dame au statut plus que fantaisiste car n’existant nulle part dans la nomenklature des emplois civils et militaires (Envoyée spéciale du chef de l’Etat), se permette de se substituer au Premier ministre, au ministre de l’Economie et des Finances, au ministre du Budget, au ministre porte-parole du Gouvernement et à l’Agent judiciaire de l’Etat, pour jeter ce gros pavé dans la mare, eh bien cela est symptomatique d’un Etat et d’une République en déliquescence.
 
Surtout qu’en dépit de la grosse bombe qu’il a lâchée, le Gouvernement s’est emmuré dans un silence encore plus assourdissant que la déflagration qu’elle a causée, laissant libre cours à toutes les spéculations.
 
Outré par un tel désordre, le président de « Rewmi », Idrissa Seck, a déjà comparé le Sénégal à une « république bananière ». Très récemment, ce fut au tour d’Alioune Tine, Directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, de s’indigner de l’état de notre république.
 
Venu présider les festivités marquant le 7ième anniversaire de l’Ong « Article 19 » à Guédiawaye, il a tenu à sonner l’alerte. « Nous avons un affaiblissement global de la société civile et des partis dits dissidents et un renforcement jamais connu des partis alliés au pouvoir. Je pense que cela peut être une menace pour la démocratie. Il faut beaucoup d’équilibre des forces pour permettre aux Sénégalais d’être à l’aise dans le système dans lequel on est. Pour que les gens croient de plus en plus en la justice, aux institutions », soutient-il. Et d’indexer là ou git le mal : « maintenant, avec le phénomène partisan, les politiciens sont en train de prendre la place des gens compétents. Il ne faut pas dire que je mets à la Rts ou au Soleil mon militant. C’est un scandale au XXIème siècle. Si on continue, cela va menacer l’Etat ».
 
Hélas, cela ne semble guère être une préoccupation chez nos autorités. « L’Alliance pour la République » n’étant, à vrai dire, qu’un gros leurre. Alors, vivement que les vrais républicains se réveillent et s’érigent en boucliers de la République !
Momar DIONGUE

 
Par Momar DIONGUE
 
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1.Posté par Ba Cheikh le 29/12/2017 22:58
On ne sauvait pas Seigneur " O'n

ne pouvait pas savoir

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