Thomas Sankara, son discours à l'AG des Nations Unies le 4 octobre 1984
« En quatre ans, le pouvoir néocolonialiste a été remis en cause, ébranlé dans tous les domaines par la révolution sankariste et le pouvoir populaire sur lequel il était assis. » En rappelant des fondements du régime incarné par Thomas Sankara entre 1984 et 1987, Koulsy Lamto, écrivain, dramaturge et enseignant universitaire, a revisité la « révolution démocratique et sociale » initiée par le Burkina Faso et interrompu brutalement par l’assassinat le 15 octobre 1987 du « Ché africain » par une fraction du pouvoir militaire restée fidèle à son « compagnon et frère » d’alors, Blaise Compaoré.
Pour cet écrivain ancien membre des Comités de défense de la révolution (CDR) à l’université de Ouagadougou et dont une bonne partie de l’œuvre artistique est consacrée à Thomas Sankara, « la révolution est une souveraineté à tous les niveaux », une exigence à laquelle Thomas Sankara a particulièrement veillé, rappelle-t-il lors du « Samedi de l’économie » organisé ce week-end par Arcade et la Fondation Rosa Luxembourg au siège d’Enda.
Le Burkina Faso dont rêvaient Sankara et ses compagnons du putsch de 1984 tendait vers une économie recentrée sur les intérêts fondamentaux des Burkinabè, des programmes sociaux tournés vers le bien-être des populations, une école soucieuse de réformer le contenu et l’orientation des enseignements, etc., souligne Koulsy Lamto. Un début de mise en œuvre concrète qui cheminait déjà avec une « moralisation de la chose publique » et une « autonomie culturelle en lien avec les diasporas africaines ».
« Sankara, une puissance transformatrice et mobilisatrice »
A ce titre, ajoute le dramaturge, « la parole sankarienne reste une vérité incontestable dotée d’une puissance transformatrice et mobilisatrice » dont la cohérence d’ensemble coïncide avec les engagements de pères fondateurs du panafricanisme que sont Amilcar Cabral, Cheikh Anta Diop, Kwameh Nkrumah, etc. « Il y a un besoin de vulgarisation de leurs pensées pour soutenir la révolution panafricaine qui est en cours. »
Mais la situation actuelle du Burkina interpelle et inquiète, comme celles de nombreux pays ouest-africains confrontés à des défis dramatiques. Placée sous le signe de la souveraineté en rapport avec l’appel de Sankara aux Africains à « vivre libres et dignes », cette édition du « Samedi de l’économie » modérée par l’économiste Demba Moussa Dembélé a été donc l’occasion d’aborder les luttes de souverainetés qui s’imposent au continent : politique, économique, alimentaire, sanitaire, pharmaceutique, etc. que « Sankara incarnait de son vivant ».
« Nous nous retrouvons dans les valeurs pour lesquelles Thomas Sankara a été assassiné. 35 ans après, où en sont nos pays qui s’enfoncent de plus en plus dans la dépendance à l’égard de l’extérieur. Aujourd’hui, ses idées sont au cœur de la renaissance panafricaine », souligne Dembélé.
« L’Afrique a pris le chemin des luttes de libération nationale »
Entre le casse-tête d’une « dette illégitime », les contraintes nouvelles révélées par la gestion de la Covid-19, les questions énergétiques dont l’acuité a été renforcée par la crise russo-ukrainienne, sans oublier l’actualité prégnante du terrorisme djihadiste et des bandes criminelles qui écument l’espace saharo-sahélien, Demba Moussa Dembélé en appelle à la nécessité pour les Etats africains de compter d’abord sur la synergie de leurs propres forces et d’en accepter « les sacrifices » inhérents.
A cet égard, l’étudiant sankariste Abdou Aziz Ndaw se dit favorable à une contextualisation des idées de Thomas Sankara à l’aune des réalités nouvelles imposées par les luttes géopolitiques en cours sur le continent. « Les jeunes doivent savoir décrypter ce qu’incarnait cet homme car ils occupent une place fondamentale dans les processus révolutionnaires, et ne pas se contenter d’être des spectateurs », plaide ce membre du Frapp.
Dans la foulée, le doyen Alla Kane s’est félicité de « cette masse critique de jeunes qui ont compris » les enjeux pour l’Afrique. Si Sankara « s’est déployé avec énergie à inspirer des jeunes en Afrique et dans le monde », il n’en a pas été de même pour certaines « élites locales corrompues » dont la plupart ont préféré prendre la place des colons après les indépendances « tout en restant fidèles » à l’idéologie colonialiste. Une attitude que Roland Fodé Diagne appelle « le cancer de la trahison ». Mais à ses yeux, « l’Afrique a repris le chemin des luttes de libération nationale qui vont prendre diverses formes. »
Pour cet écrivain ancien membre des Comités de défense de la révolution (CDR) à l’université de Ouagadougou et dont une bonne partie de l’œuvre artistique est consacrée à Thomas Sankara, « la révolution est une souveraineté à tous les niveaux », une exigence à laquelle Thomas Sankara a particulièrement veillé, rappelle-t-il lors du « Samedi de l’économie » organisé ce week-end par Arcade et la Fondation Rosa Luxembourg au siège d’Enda.
Le Burkina Faso dont rêvaient Sankara et ses compagnons du putsch de 1984 tendait vers une économie recentrée sur les intérêts fondamentaux des Burkinabè, des programmes sociaux tournés vers le bien-être des populations, une école soucieuse de réformer le contenu et l’orientation des enseignements, etc., souligne Koulsy Lamto. Un début de mise en œuvre concrète qui cheminait déjà avec une « moralisation de la chose publique » et une « autonomie culturelle en lien avec les diasporas africaines ».
« Sankara, une puissance transformatrice et mobilisatrice »
A ce titre, ajoute le dramaturge, « la parole sankarienne reste une vérité incontestable dotée d’une puissance transformatrice et mobilisatrice » dont la cohérence d’ensemble coïncide avec les engagements de pères fondateurs du panafricanisme que sont Amilcar Cabral, Cheikh Anta Diop, Kwameh Nkrumah, etc. « Il y a un besoin de vulgarisation de leurs pensées pour soutenir la révolution panafricaine qui est en cours. »
Mais la situation actuelle du Burkina interpelle et inquiète, comme celles de nombreux pays ouest-africains confrontés à des défis dramatiques. Placée sous le signe de la souveraineté en rapport avec l’appel de Sankara aux Africains à « vivre libres et dignes », cette édition du « Samedi de l’économie » modérée par l’économiste Demba Moussa Dembélé a été donc l’occasion d’aborder les luttes de souverainetés qui s’imposent au continent : politique, économique, alimentaire, sanitaire, pharmaceutique, etc. que « Sankara incarnait de son vivant ».
« Nous nous retrouvons dans les valeurs pour lesquelles Thomas Sankara a été assassiné. 35 ans après, où en sont nos pays qui s’enfoncent de plus en plus dans la dépendance à l’égard de l’extérieur. Aujourd’hui, ses idées sont au cœur de la renaissance panafricaine », souligne Dembélé.
« L’Afrique a pris le chemin des luttes de libération nationale »
Entre le casse-tête d’une « dette illégitime », les contraintes nouvelles révélées par la gestion de la Covid-19, les questions énergétiques dont l’acuité a été renforcée par la crise russo-ukrainienne, sans oublier l’actualité prégnante du terrorisme djihadiste et des bandes criminelles qui écument l’espace saharo-sahélien, Demba Moussa Dembélé en appelle à la nécessité pour les Etats africains de compter d’abord sur la synergie de leurs propres forces et d’en accepter « les sacrifices » inhérents.
A cet égard, l’étudiant sankariste Abdou Aziz Ndaw se dit favorable à une contextualisation des idées de Thomas Sankara à l’aune des réalités nouvelles imposées par les luttes géopolitiques en cours sur le continent. « Les jeunes doivent savoir décrypter ce qu’incarnait cet homme car ils occupent une place fondamentale dans les processus révolutionnaires, et ne pas se contenter d’être des spectateurs », plaide ce membre du Frapp.
Dans la foulée, le doyen Alla Kane s’est félicité de « cette masse critique de jeunes qui ont compris » les enjeux pour l’Afrique. Si Sankara « s’est déployé avec énergie à inspirer des jeunes en Afrique et dans le monde », il n’en a pas été de même pour certaines « élites locales corrompues » dont la plupart ont préféré prendre la place des colons après les indépendances « tout en restant fidèles » à l’idéologie colonialiste. Une attitude que Roland Fodé Diagne appelle « le cancer de la trahison ». Mais à ses yeux, « l’Afrique a repris le chemin des luttes de libération nationale qui vont prendre diverses formes. »