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BRICS - La nouvelle alternative à l'hégémonie impérialiste !

Vendredi 17 Janvier 2025

Fodé Roland Diagne
Fodé Roland Diagne

De 4 pays fondateurs en 2009 (Brésil, Russie, Inde, Chine) puis 5 en 2010 (Afrique du Sud), les BRICS ont accueilli en 2024 4 nouveaux membres (Égypte, Éthiopie, Iran, Émirats arabes unis) et 13 pays partenaires  (Algérie, Biélorussie, Bolivie, Cuba, Indonésie, Kazakhstan, Malaisie, Nigéria, Thaïlande, Turquie, Ouganda, Ouzbékistan, Vietnam). Plus de 30 pays ont participé au sommet de Kazan.

 

L’Argentine dirigé à l’époque par le gouvernement de centre-gauche du président Alberto Fernández et la vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner n’est finalement pas au rendez vous de l’adhésion parce que son nouveau président d’extrême droite Javier Milei a annulé le projet d’adhésion aux BRICS en déclarant :  « Notre alignement géopolitique se fait avec les États-Unis et Israël… Nous n’allons pas nous aligner sur les communistes ». L’Arabie Saoudite a adopté une position ambiguë en envoyant au sommet de Kazan son ministre des Affaires étrangères comme observateur sans mandat d’adhésion.

 

Apparemment prudents dans leur démarche d’adhésion, les fondateurs des BRICS ont créé le statut de « partenaire » lors du sommet de Kazan pour éviter que les exemples argentin et saoudien ne se reproduisent à l’avenir. A l’instar de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), dont la Chine, la Russie, l’Inde et l’Iran plus la majorité des pays d’Asie, un pays qui veut rejoindre les BRICS doit dorénavant être « partenaire » pendant un certain temps avant de devenir membre à part entière.

 

Les deux grands pays que sont la Chine et l’Inde ont signé à Kazan un accord historique pour aplanir leur différend frontalier qui empoisonnait leur relation bilatérale. Manifestement la Russie, qui a de bonnes relations avec les deux États, a joué un rôle de médiation dans ce rapprochement indo-chinois qui semble briser le rêve US de les « diviser pour mieux régner ».

 

La déclaration finale du sommet des BRICS + de Kazan fixe comme objectif « un ordre mondial multipolaire plus équitable, plus juste, plus démocratique et plus équilibré »; « la multipolarité peut accroître les opportunités pour les EMDC [marchés émergents et pays en développement] de libérer leur potentiel constructif et de bénéficier d’une mondialisation et d’une coopération économiques universellement bénéfiques, inclusives et équitables ».

 

Tout en exigeant le respect du « rôle central des Nations unies dans le système international » et le respect du droit international, la déclaration réaffirme « le soutien à une réforme globale des Nations Unies, y compris de son Conseil de sécurité » par « la nécessité urgente de parvenir rapidement à une représentation géographique équitable et inclusive dans la composition du personnel du Secrétariat des Nations Unies et d’autres organisations internationales » et « une participation plus importante et plus significative des EMCD et des pays les moins avancés, en particulier en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, dans les processus et les structures de prise de décision au niveau mondial ».

 

La déclaration de Kazan appelle « à la réforme des institutions de Bretton Woods, qui comprendrait une représentation accrue des EMCD aux postes de direction afin de refléter la contribution des EMCD à l’économie mondiale » et maintient « le rôle crucial des BRICS dans le processus d’amélioration du système monétaire et financier international (SMFI) ».

 

Les BRICS + exigent leur abrogation en condamnant « l’effet perturbateur des mesures coercitives unilatérales illégales, y compris les sanctions illégales, sur l’économie mondiale ».

 

Les BRICS + ont également condamné la guerre génocidaire d’Israël à Gaza et au Liban et ont réaffirmé leur « soutien à l’adhésion à part entière de l’État de Palestine aux Nations unies », y compris « la création d’un État de Palestine souverain, indépendant et viable, conformément aux frontières internationalement reconnues de juin 1967 », ainsi que l’occupation militaire illégale de la Syrie par les États-Unis et les attaques d’Israël contre l’Iran.

 

La déclaration de Kazan a lancé un appel à « la promotion de la paix, d’un ordre international plus représentatif et plus juste, d’un système multilatéral revigoré et réformé, d’un développement durable et d’une croissance inclusive ».

 

Les 9 membres des BRICS représentent plus d’un tiers du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat, comptent plus de 40 % de la population de la planète et environ 30 % de la production mondiale de pétrole. Alors que les pays du G7 représentent moins de 10 % de la population mondiale et moins de 30 % du PIB en parité de pouvoir d’achat. La part dans l’économie mondiale du G7 diminue au fil du temps, alors que celle des BRICS ne cesse d’augmenter.

 

Cette réalité géo-économique permet d’envisager la nécessité de rompre le piège de la dépendance mondiale aux « systèmes de paiement occidentaux », notamment swift. Comme l’a déclaré le président bourgeois russe Poutine « il est évident que la prochaine vague de croissance économique mondiale naîtra dans les pays de la majorité mondiale », ce qui fait que « le moment est donc venu de discuter de l’idée de créer notre propre plateforme pour libérer le potentiel de nos économies en croissance » avant de déplorer que la transition vers un monde plus multipolaire « ne se fasse pas sans heurts. Son développement est retardé par des forces habituées à penser et à agir dans une logique de domination de tout et de tous ».

 

Le communiste chinois Xi Jinping a précisé qu’était devenue urgente « la réforme de l’architecture financière internationale », que « les pays des BRICS devraient jouer un rôle de premier plan dans cette réforme » et d’ajouter que « nous devons travailler ensemble pour faire des BRICS un canal essentiel pour renforcer la solidarité et la coopération entre les nations du Sud d’une part, et une avant-garde pour faire avancer la réforme de la gouvernance mondiale d’autre part », raison pour laquelle « à la lumière de la montée du Sud global, nous devrions répondre favorablement aux appels de divers pays à rejoindre les BRICS ».

 

Le président bolivien Luis Arce a résumé ce que beaucoup dans le Sud global pensent tout bas : les BRICS « font progresser chaque jour la consolidation d’un nouveau monde multipolaire », qu’ « avec le soutien du bloc des BRICS, nous pouvons faire avancer la transformation de l’économie et de la gouvernance mondiale, afin de renforcer la réalisation d’un développement commun et mutuellement bénéfique », que « cette réunion à Kazan marquera un nouveau moment dans l’Histoire, au cours duquel les peuples et les nations historiquement soumis s’aligneront derrière le bouclier des BRICS et de la multipolarité » permettant que « nous réaliserons nos aspirations nationales et nos processus de développement en développant nos territoires, sans ingérence d’aucune sorte, avec autodétermination, en reprenant les places institutionnelles que l’unipolarité occidentale et la tyrannie du dollar nous a empêchées d’utiliser... ».

 

Le monde avance vers la fin de l’hégémonie unilatérale des impérialistes US/UE/G7/Israël. Les hésitations de certains États à s’engager résolument dans la rupture avec la domination hégémonique de l’impérialisme OTANO/US/UE/G7/Israël ne font malheureusement que retarder l’échéance de l’inévitable avènement du monde multipolaire dont les peuples ont besoin pour sortir du néocolonialisme.

 

Il n’y a point d’incompatibilité entre lutter contre le monde unipolaire actuel et la souveraineté nationale des peuples. Il existe un lien dialectique entre l’exercice de la souveraineté nationale et l’actuelle émergence progressive du monde multipolaire.

 

17/01/25

Diagne Fodé Roland

 
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