La ministre de la justice était présente mardi 5 mars à la commission des lois de l’assemblée nationale en tant que porteuse du projet de loi d’amnistie générale pour le gouvernement. Répondant à des interpellations sur la précipitation du président de la République à faire passer d’urgence l’amnistie alors que la plupart des faits visés ne sont pas encore jugés, Me Aissata Tall Sall a répondu :
« Cette loi d’amnistie ne fait pas prime à l’impunité et ne permet pas non plus d’ignorer la vérité. Au contraire, c’est parce que la vérité est déjà connue qu’il est d’autant plus fondamental de pardonner », lit-on dans le rapport de la commission des lois rendu public aujourd’hui…
Apparemment, il n’y a pas eu d’explications ou de questions de relance sur cette « vérité » qui serait « déjà connue ».
Selon plusieurs parlementaires, « la réconciliation nationale tant souhaitée ne peut se faire en dehors de la vérité. C’est la raison pour laquelle, il est essentiel, de juger ces faits répréhensibles et de situer les responsabilités, avant d’envisager l’adoption d’une loi d’amnistie. A défaut, cette dernière pourrait constituer un précédent dangereux pour le futur président de la République », lit-on dans le rapport de la commission des lois.
Ces préoccupations ont été déjà soulevées par la quasi totalité des organisations politiques et de la société civile contre l’amnistie présidentielle lancée au forceps. Selon Amnesty International, l’adoption d’une loi dans ce sens « serait un manquement de l’Etat sénégalais à ses obligations en matière de justice, de vérité et de réparation envers les familles des victimes ».
L’ONG de défense des droits humains rappelle que « plus de 60 personnes » ont perdu la vie dans les manifestations depuis février 2021 « et que 15 familles attendent toujours que justice leur soit rendue ».
Pour le Forum civil, cette loi d’amnistie serait la consécration d’un véritable « permis de tuer et de détruire » qui est « incompatible avec une vraie réconciliation nationale. » [IMPACT.SN]