
L’étude du Collectif CartograFreeSenegal sur les victimes du massacre répressif de l’autocratie hors la loi néocoloniale de l’APR/BBY est d’un intérêt majeur parce qu’il informe sur les 65 victimes dont 51 tuées par balles (81 % du total).
Un lourd tribut a été payé par 46,5 % d’ouvriers mécaniciens, 27,5 % d’élèves et étudiants et 12 % de commerçants, même si ce n’est pas précisé, probablement du secteur informel.
Cette publication du collectif CartograFreeSenegal doit certainement prolonger son étude les blessés, les emprisonnés, les torturés et les emplois et études perdus par les victimes. On peut raisonnablement déduire qu’une telle étude établira une sociologie identique à celle des victimes ayant perdu la vie.
Les syndicats de travailleurs dont les centrales ont été d’une silence assourdissant pendant que le monde du travail et le peuple étaient ainsi endeuillés. Il en est de même des organisations élèves et estudiantines sans oublier les organisations de défense des commerçants.
Une des caractéristiques les plus marquantes de la période macabre répressive a été l’absence quasi totale pour la première fois dans l’histoire de notre pays des mouvements syndicaux.
Pour ne citer que ces exemples, rappelons que : - les grèves ouvrières panafricaines, notamment cheminotes de 1938 endeuillées par les tueries coloniales puis celle de plus de cinq (5) mois de 1947, ont été un jalon décisif vers les indépendances nationales que le NON à « la communauté française » du PDG/RDA a prolongé ouvrant la brèche des indépendances octroyées de 1960. - la grève en 1968 des étudiants et élèves aussitôt rejoint par le monde du travail syndical indigné d’abord par la brutalité répressive de l’autocratie de l’UPS de Senghor et mobilisé autour des revendications sociales a été une étape qui a contraint le régime civil dictatorial du parti unique à concéder le « multipartisme limité » puis le « multipartisme intégrale » - la première alternance démocratique de 2000 a été précédée et préparée par de grandes luttes, notamment des ouvriers organisés du secteur de l’électricité contre les effets socialement dévastateurs des plans d’ajustement libéraux et les privatisations imposées par les institutions de la mondialisation libérale (FMI/BM/OMC) – même la seconde alternance qui a remplacé le PDS/CA 2000 par l’APR/BBY a vu la participation directe et indirecte de certains pans du mouvement syndical des travailleurs par exemple aux Assises Nationales et pour la première fois depuis très longtemps de la diaspora sénégalaise.
En fait, le mouvement ouvrier syndical et politique a été au cœur de toutes les conquêtes sociales et démocratiques de notre pays et en Afrique. C’est la première fois qu’une conquête démocratique, celle qui a préparé l’expulsion dans les urnes du pouvoir néocolonial libéral APR/BBY, est obtenue sans participation directe ou indirecte des centrales syndicales et de la gauche révolutionnaire, notamment communiste.
La sociologie des victimes du combat pour mettre fin à l’État néocolonial et libéral hors la loi montre que les ouvriers, les étudiants/élèves et travailleurs du « goorgoorlu » ont été les forces sociales qui ont porté la résistance sans et contre les organisations ouvrières, syndicales et politiques, notamment de les renégats de l’ex-gauche révolutionnaire, minées par le « syndi-khaliss » selon la pertinente expression de notre camarade Iba N’diaye Diadji et par la collaboration de classe dans les gouvernements libéraux (PDS et APR/BBY) et sociaux libéraux (PS).
Pastef qui représente cette rébellion souverainiste anti-néocoloniale de la jeunesse populaire est invité à prendre en compte conséquemment ce sacrifice des ouvriers, paysans, éleveurs, pêcheurs, travailleurs de l’informel qui sont la sève de tout projet sérieux de sortie du sous-développement imposé par la division internationale prédatrice imposée aux peuples par l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain.
Diagne Fodé Roland