Par Arnaud OUEDRAOGO (avec Momar DIENG)
Le riz joue un rôle important dans l’économie des pays ouest-africains et dans la consommation des ménages urbains et ruraux.
Comparativement à l’importation, la production locale de cette céréale est en général faible dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, à l’exception du Mali.
Cette part, plus grande, de l’importation dans le secteur du riz Afrique de l’Ouest s’explique, en partie, par la crise alimentaire de 2008, qui avait été marquée par une forte hausse du prix de la denrée et provoqué ainsi des émeutes dans plusieurs pays de la zone. La sous-région a durement ressenti cette crise car elle dépendait à hauteur de 40% des importations internationales de riz.
Le prix de la denrée a ainsi été multiplié par 2 au Sénégal et par 1,5 au Bénin et au Mali indique le Bulletin de synthèse Souveraineté alimentaire dans son numéro 23 de décembre 2016.
La plupart des Etats ont alors pris des mesures d'urgence et adopté des politiques et programmes d’autosuffisance en riz, qui ont fait une part belle à l’importation avec notamment des exonérations fiscales.
Des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Libéria, le Mali, le Nigéria et le Sénégal ont décidé de suspendre les droits de douanes sur le riz. Le Mali et le Bénin ont fait de même avec la TVA (taxe sur la valeur ajoiutée).
En dépit des progrès réalisés ces dernières années dans la production locale, les importations de riz semblent loin de se réduire. “Les performances internes des différents pays de la région ne sont pas encore à la mesure des contraintes qui entravent le développement des chaines de valeurs rizicoles”, indique toujours le Bulletin de synthèse Souveraineté alimentaire.
Le riz est devenu au fil des ans une denrée de consommation courante et un produit stratégique pour une bonne partie de la population ouest-africaine, voire mondiale, selon la FAO.
“Il occupe par exemple la 4ème place parmi les céréales cultivées au Burkina Faso, tant du point de vue des superficies, de la production que de la consommation annuelle par tête”, révèle le Bulletin de synthèse Souveraineté alimentaire. La consommation annuelle du riz au Burkina Faso dépasse largement les 400 000 tonnes et s’accroît à un rythme d’environ 5,6% par an, selon le ministère de l’Agriculture et de l’Aménagement hydraulique.
Dans un pays comme le Bénin, le riz fait partie des céréales les plus consommées également. Il y occupe d’ailleurs la troisième place en termes de production de céréales après le maïs et le sorgho et représente la deuxième céréale en termes de consommation après le maïs, selon le Conseil de concertation des riziculteurs du Bénin (CCR-B).
“Autrefois considérée comme un aliment de luxe, le riz devient un aliment de base pour toutes les couches de la population avec une consommation moyenne de 25 à 30 kg par habitant par an, soit entre 175 000 et 210 000 t dont plus de 80% couverts par les importations”, rapporte le document cadre de la Stratégie nationale pour le développement de la riziculture (SNDR) de ce pays.
Les importations importantes de riz dans la sous-région résultent aussi en partie de changements au niveau de la demande. La consommation de riz en Afrique de l’Ouest a progressé rapidement, passant de 10 kg par personne et par an en 1961 à 26 kg en 1981 et 34 kg en 2009. Les résultats des projections récentes montrent que la consommation de riz par habitant devrait atteindre 53 kilos en moyenne en 2025. Ainsi, la consommation totale de riz devrait atteindre environ 24 millions de tonnes en 2025, soit une augmentation de 74% sur la période 2011-2025, explique Ahouansou Aurélien, un expert béninois du riz.
Selon lui, cette forte progression est la résultante de la croissance démographique, de l'urbanisation rapide et de la hausse du pouvoir d’achat. “Non seulement la population augmente à un rythme annuel de 2,7%, mais l’urbanisation introduit un changement rapide des habitudes alimentaires avec une inclinaison plus affirmée pour le riz, en particulier importé, au détriment des autres céréales”, poursuit-il.
Il y a d’autres facteurs qui expliquent cette forte dépendance aux importations de riz. Les chocs climatiques des années 1970 en Afrique de l’Ouest - particulièrement au Burkina Faso, au Sénégal, au Mali et quasiment dans tout le Sahel où une famine a sévi - ont eu des effets négatifs sur l’offre de céréales locales. Le recours subséquent à l’aide alimentaire s’est généralement fait à base de riz importé. Les Etats ont mis en place des politiques dites « pro-urbaines », fondées en partie sur la fourniture de riz à bas prix, permises par la disponibilité de surplus de riz moins cher sur le marché international. Toutes choses qui ont également contribué à modifier les préférences alimentaires des populations, en faveur du riz importé, contribuant ainsi à déprimer l’offre locale. (à suivre)
La couverture de la consommation par la production locale dans 5 pays ouest-africains en 2016
Le riz joue un rôle important dans l’économie des pays ouest-africains et dans la consommation des ménages urbains et ruraux.
Comparativement à l’importation, la production locale de cette céréale est en général faible dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, à l’exception du Mali.
Cette part, plus grande, de l’importation dans le secteur du riz Afrique de l’Ouest s’explique, en partie, par la crise alimentaire de 2008, qui avait été marquée par une forte hausse du prix de la denrée et provoqué ainsi des émeutes dans plusieurs pays de la zone. La sous-région a durement ressenti cette crise car elle dépendait à hauteur de 40% des importations internationales de riz.
Le prix de la denrée a ainsi été multiplié par 2 au Sénégal et par 1,5 au Bénin et au Mali indique le Bulletin de synthèse Souveraineté alimentaire dans son numéro 23 de décembre 2016.
La plupart des Etats ont alors pris des mesures d'urgence et adopté des politiques et programmes d’autosuffisance en riz, qui ont fait une part belle à l’importation avec notamment des exonérations fiscales.
Des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Libéria, le Mali, le Nigéria et le Sénégal ont décidé de suspendre les droits de douanes sur le riz. Le Mali et le Bénin ont fait de même avec la TVA (taxe sur la valeur ajoiutée).
En dépit des progrès réalisés ces dernières années dans la production locale, les importations de riz semblent loin de se réduire. “Les performances internes des différents pays de la région ne sont pas encore à la mesure des contraintes qui entravent le développement des chaines de valeurs rizicoles”, indique toujours le Bulletin de synthèse Souveraineté alimentaire.
Le riz est devenu au fil des ans une denrée de consommation courante et un produit stratégique pour une bonne partie de la population ouest-africaine, voire mondiale, selon la FAO.
“Il occupe par exemple la 4ème place parmi les céréales cultivées au Burkina Faso, tant du point de vue des superficies, de la production que de la consommation annuelle par tête”, révèle le Bulletin de synthèse Souveraineté alimentaire. La consommation annuelle du riz au Burkina Faso dépasse largement les 400 000 tonnes et s’accroît à un rythme d’environ 5,6% par an, selon le ministère de l’Agriculture et de l’Aménagement hydraulique.
Dans un pays comme le Bénin, le riz fait partie des céréales les plus consommées également. Il y occupe d’ailleurs la troisième place en termes de production de céréales après le maïs et le sorgho et représente la deuxième céréale en termes de consommation après le maïs, selon le Conseil de concertation des riziculteurs du Bénin (CCR-B).
“Autrefois considérée comme un aliment de luxe, le riz devient un aliment de base pour toutes les couches de la population avec une consommation moyenne de 25 à 30 kg par habitant par an, soit entre 175 000 et 210 000 t dont plus de 80% couverts par les importations”, rapporte le document cadre de la Stratégie nationale pour le développement de la riziculture (SNDR) de ce pays.
Les importations importantes de riz dans la sous-région résultent aussi en partie de changements au niveau de la demande. La consommation de riz en Afrique de l’Ouest a progressé rapidement, passant de 10 kg par personne et par an en 1961 à 26 kg en 1981 et 34 kg en 2009. Les résultats des projections récentes montrent que la consommation de riz par habitant devrait atteindre 53 kilos en moyenne en 2025. Ainsi, la consommation totale de riz devrait atteindre environ 24 millions de tonnes en 2025, soit une augmentation de 74% sur la période 2011-2025, explique Ahouansou Aurélien, un expert béninois du riz.
Selon lui, cette forte progression est la résultante de la croissance démographique, de l'urbanisation rapide et de la hausse du pouvoir d’achat. “Non seulement la population augmente à un rythme annuel de 2,7%, mais l’urbanisation introduit un changement rapide des habitudes alimentaires avec une inclinaison plus affirmée pour le riz, en particulier importé, au détriment des autres céréales”, poursuit-il.
Il y a d’autres facteurs qui expliquent cette forte dépendance aux importations de riz. Les chocs climatiques des années 1970 en Afrique de l’Ouest - particulièrement au Burkina Faso, au Sénégal, au Mali et quasiment dans tout le Sahel où une famine a sévi - ont eu des effets négatifs sur l’offre de céréales locales. Le recours subséquent à l’aide alimentaire s’est généralement fait à base de riz importé. Les Etats ont mis en place des politiques dites « pro-urbaines », fondées en partie sur la fourniture de riz à bas prix, permises par la disponibilité de surplus de riz moins cher sur le marché international. Toutes choses qui ont également contribué à modifier les préférences alimentaires des populations, en faveur du riz importé, contribuant ainsi à déprimer l’offre locale. (à suivre)
La couverture de la consommation par la production locale dans 5 pays ouest-africains en 2016