Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou vendredi de deux attaques aériennes qui ont tué au moins 11 personnes sur le territoire ukrainien.
Cette série d’attaques survient après des semaines d’escalade dans la guerre qui dure depuis près de trois ans, Moscou intensifiant ses attaques sur les infrastructures énergétiques au début de l’hiver.
« Les milliers de frappes de ce type menées par la Russie au cours de cette guerre montrent clairement que Poutine n’a pas besoin d’une paix réelle », a-t-il accusé dans un message sur Telegram.
Dix personnes ont été tuées dans la ville de Zaporijjia, dans le sud du pays, et deux dans la ville de Kryvyï Rig, dans le centre, selon les autorités.
« Ce n’est que par la force que nous pourrons lui résister. Et ce n’est que par la force qu’une véritable paix pourra être établie », a ajouté le président.
La frappe sur la ville méridionale de Zaporijjia a visé une « une station-service et des voitures transportant des personnes ».
« Zaporijjia. 10 personnes sont mortes et 20 ont été blessées. L’incendie du bâtiment de la station-service et de six voitures a été éteint », ont écrit les services de secours nationaux sur leur compte Telegram.
Le président Zelensky a aussi évoqué la frappe sur la ville de Kryvyï Rig dans le centre de l’Ukraine, d’où il est natif.
« Dix-sept personnes ont été blessées. Deux d’entre elles sont mortes », a expliqué Volodymyr Zelensky dans sa déclaration.
Parmi les blessés figure « un garçon de 6 ans », selon Oleksandr Vilkul, chef de l’administration militaire de Kryvyï Rig, sur Telegram.
« Le sort d’une autre personne est encore inconnu, une opération de sauvetage d’urgence est en cours », a ajouté le chef de l’administration militaire.
Le président Zelensky devrait se rendre à Paris ce week-end pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, a indiqué à l’AFP un haut responsable ukrainien, où il espère s’entretenir avec le président désigné américain Donald Trump.
M. Zelensky a déclaré à plusieurs reprises que l’Ukraine ne serait pas en mesure de repousser l’avancée des troupes russes sans le soutien des États-Unis, et Kyiv craint que M. Trump n’essaie de la forcer à accepter des conditions de paix favorables à la Russie.
Moscou revendique la prise de deux villages
L’armée russe a revendiqué vendredi les prises de deux villages situés dans deux zones clés du front, aux abords des villes de Pokrovsk et Kourakhové dans l’est de l’Ukraine, où les troupes ukrainiennes peinent à enrayer les avancées russes.
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir conquis la localité de Poustynka, à une dizaine de kilomètres au sud de Pokrovsk, ville importante pour la logistique de l’armée ukrainienne et en raison de sa mine de coke, combustible important pour l’industrie sidérurgique.
Plus au sud, il a également revendiqué la conquête du village de Soukhi Yaly, au sud-ouest de Kourakhové, ville située à proximité d’un important gisement de lithium, un minerai rare.
L’armée ukrainienne, minée par le manque d’hommes et d’armements, est sur la défensive depuis plus d’un an. Depuis l’automne, ses forces reculent de plus en plus rapidement.
L’armée russe a avancé sur 725 km2 en territoire ukrainien au cours du mois de novembre, son gain territorial le plus important en un mois depuis mars 2022 et les premières semaines de son assaut à grande échelle, d’après une analyse de l’AFP lundi à partir des données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).
Déjà en octobre, elle avait avancé de 478 km2, ce qui constituait le record précédent.
La Russie, en dépit de lourdes pertes, a fait de la conquête du Donbass dans l’est de l’Ukraine sa priorité.
Les difficultés de l’armée ukrainienne et les incertitudes sur la sérénité de l’aide américaine à Kyiv avec le retour prochain à la Maison-Blanche de Donald Trump ont relancé les spéculations sur d’éventuels pourparlers de paix.
L’Ukraine réclame pour sa part un accroissement du soutien occidental pour être en position plus favorable en cas de négociations et aboutir à une « paix juste » en 2025.
La Russie, qui exclut toute concession, réclame la reddition de l’armée ukrainienne, que Kyiv renonce à son ambition de rejoindre l’OTAN et accepte de lui céder cinq de ses régions. Des demandes jugées inacceptables par Kyiv et ses alliés occidentaux.
Poutine juge « possible » un déploiement de missiles russes Orechnik en Biélorussie
Vladimir Poutine a jugé vendredi « possible » un déploiement en Biélorussie de missiles russes de dernière génération Orechnik, qui peuvent porter une charge nucléaire, à partir du deuxième semestre 2025, en plein regain de tensions russo-occidentales.
« Je considère que le positionnement d’armes [russes] telles qu’Orechnik sur le territoire de la Biélorussie est possible », a déclaré le président russe aux côtés de son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko, après avoir signé à Minsk un accord mutuel sur des garanties de sécurité.
« Je pense que cela deviendra possible au cours du second semestre de l’année prochaine, lorsque la production de ces armes augmentera en Russie et que ces missiles entreront en service dans les forces stratégiques russes », a-t-il précisé.
« Nous aurons mis en place une production en série » et « parallèlement, nous commencerons à les déployer sur le territoire de la Biélorussie », a affirmé le président russe sous les ors du palais présidentiel à Minsk, selon une retransmission à la télévision russe.
Le chef de l’État russe s’est vanté ces derniers jours des caractéristiques de son missile expérimental de portée intermédiaire Orechnik, une arme qui peut porter une charge nucléaire et frapper à des milliers de kilomètres.
L’armée russe a utilisé ce missile pour la première fois le 21 novembre contre une ville ukrainienne, M. Poutine présentant cette attaque comme une réponse aux récentes frappes ukrainiennes contre le sol russe à l’aide de missiles américains et britanniques, tout en menaçant de frapper directement les pays qui arment Kyiv.
Le maître du Kremlin a également menacé de frapper « des centres de décision » à Kyiv avec son puissant missile Orechnik. [AFP]