Joe Biden envisage d’utiliser ses prérogatives présidentielles de grâce envers plusieurs élus et hauts responsables américains menacés de poursuites par le camp républicain une fois que Donald Trump sera revenu à la Maison-Blanche, ont révélé plusieurs médias américains.
Le président démocrate, qui dimanche a gracié son fils Hunter avant le prononcé de sa peine dans deux affaires, a discuté avec plusieurs de ses conseillers à la Maison-Blanche de la possibilité inédite d’utiliser ce privilège constitutionnel sur d’autres personnes – sans qu’elles ne fassent déjà l’objet de poursuites – avant son départ du pouvoir le 20 janvier.
Une information relatée en premier par Politico mercredi puis notamment par le New York Times, CBS News, et le Washington Post, qui citent de manière anonyme des personnes proches des discussions.
Parmi les personnes possiblement graciées de manière préventive : le docteur Anthony Fauci, ancien conseiller spécial de la Maison-Blanche pendant la pandémie de COVID-19 ; Liz Cheney, ex-élue républicaine devenue farouche opposante de Donald Trump ; ou encore Adam Schiff, élu démocrate de Californie qui avait mené la première mise en accusation au Congrès (impeachment) du président républicain.
Selon CBS News et le Washington Post, le général à la retraite Mark Milley pourrait également faire l’objet d’une grâce préventive. Cet ancien chef d’état-major des armées lors du premier mandat de Donald Trump avait averti pendant la campagne que le milliardaire républicain était un « fasciste jusqu’au bout des ongles » et la « personne la plus dangereuse pour ce pays ».
« Longues peines de prison »
La Maison-Blanche a refusé de confirmer vendredi que des grâces préventives étaient en discussion.
« Je ne vais pas prendre les devants du président », a déclaré la porte-parole Karine Jean-Pierre lors d’un point de presse.
« Ce que je peux dire, c’est que le président examine d’autres grâces et commutations de peines », après celle accordée à Hunter Biden, a-t-elle ajouté – mentionnant une pratique habituelle aux États-Unis pour les présidents en fin de mandat.
Lors de son dernier jour à la Maison-Blanche, Donald Trump avait ainsi gracié 74 personnes accusées de divers crimes et délits.
Après la démission de Richard Nixon de la présidence en 1974, en raison du scandale du Watergate, Gerald Ford avait gracié son prédécesseur pour tout crime qu’il aurait pu commettre en tant que président.
Mais jamais ce pouvoir de grâce n’a été utilisé de manière aussi étendue que celle envisagée par Joe Biden pour absoudre des personnes faisant l’objet de potentielles poursuites politiques par un successeur.
Donald Trump, qui rejette toujours sa défaite à la présidentielle de 2020, n’a pas fait mystère ces derniers mois de sa volonté de vengeance face à ceux qui lui auraient supposément volé l’élection.
« Quand je gagnerai, ces gens qui ont triché seront poursuivis avec toute la rigueur de la justice, ce qui inclura de longues peines de prison », avait-il déclaré en septembre sur son réseau Truth Social.
Pour mener à bien de telles poursuites, le républicain a notamment nommé Kash Patel pour diriger la police fédérale, le FBI. En 2023, cet ancien responsable de haut niveau au Pentagone sous le premier mandat Trump avait assuré que s’il était amené à prendre la direction du FBI, les agences de police « s’en prendraient » aux journalistes ainsi qu’à certains responsables de l’administration Biden.
Pour Adam Schiff, potentiellement visé par le camp républicain, des grâces préventives seraient pourtant une erreur.
« Je ne pense pas qu’une grâce intégrale soit une bonne idée », a déclaré à CBS News vendredi celui qui a été récemment élu sénateur démocrate de Californie. [AFP]