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LA FIN POLITIQUE DE MACKY SALL

Dimanche 18 Septembre 2022

« Tous les arts ont produit leurs merveilles ; seul l’art de gouverner a produit des monstres. »
 
Annoncé en grandes pompes, dans les réseaux sociaux, l’adresse à la Nation de Macky SALL en date du 16 septembre 2022, s’est terminée en eau de boudin. De fait, la montagne a accouché d’une souris, et tous les experts en communication ont certainement décrypté à travers les images de télévision un homme, perdu, au regard hésitant, dont la tonalité du discours démontre qu’il est politiquement très affaibli.
 
Esseulé, et visiblement sonné par les résultats des législatives du 31 juillet 2022, qui se sont transformés en une véritable bérézina pour son camp, Macky SALL s’est prêté à un exercice non maitrisé, totalement raté, avec un discours creux, et hors-sol, qui est un miroir de ses tâtonnements et de ses volte-face permanents. Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire !
 
Les manchettes de 2 journaux nationaux ne s’y sont pas trompées et illustrent parfaitement la sortie de route de Macky SALL (SUD Quotidien - Adresse de Macky SALL à la nation : « 9 minutes sans convaincre » – WALF Quotidien – Message à la Nation : « Drôle de discours »). En réalité, Macky SALL a perdu de sa verve et n’est plus que l’ombre de lui-même. Il ne dispose plus de l’énergie, de la capacité et des moyens politiques lui permettant de mener les réformes attendues avant la fin de son deuxième et dernier mandat. La machine du pouvoir est grippée, et totalement à l’arrêt. La nomination tardive d’Amadou BA comme Premier Ministre (une nomination plus subie que voulue) ne sera certainement pas de nature à redonner un nouveau souffle à ce régime moribond et à rétablir le lien de confiance qui s’est définitivement distendu entre Macky SALL et le peuple.
 
Il n’y a rien à attendre du nouveau gouvernement reconduit pour l’essentiel à l’identique et composé d’un nombre pléthorique de ministres (38), dans un pays pauvre, où une frange importante de la population (plus de 40%) vit avec moins de 2 dollars par jour. La nomination de Mame Mbaye NIANG, épinglé par un rapport circonstancié de l’Inspection générale des finances portant sur l’énorme scandale du PRODAC (un carnage financier), est une prime à la mal gouvernance et au vol des deniers publics. Pour rappel, dans l’affaire PRODAC, la responsabilité de Mame Mbaye Niang et du nouveau premier ministre Amadou Bâ est clairement établie.
 
Mame Mbaye Niang, en sa qualité de ministre de la Jeunesse à l’époque et personne responsable du marché (Article 27 du CMP -  La procédure de passation du marché est conduite par la Personne responsable du marché, qui est habilitée à signer le marché au nom de l'Autorité contractante) et signataire de l’ordre de service N°000151MJECC/SG/CAB/SP ordonnant au prestataire GREEN 2000 de débuter les prestations alors que le marché n’était pas notifié, avait permis le décaissement des fonds, avant le service fait (réalisation des prestations), une situation illégale d’une extrême gravité. En dépit de l’avis défavorable de la Direction centrale des marchés publics (DCMP) rendu le 02 avril 2015 (avis parfaitement fondé en Droit) arguant qu’aucun élément ne permettait de justifier d’établir l’existence d’un monopole de fait détenu par le prestataire GREEN pour ce type de prestations, et proposant au ministère de la Jeunesse  une procédure d’urgence, sur la base des articles 63 et 73 du code des marchés publics, qui ramènerait le délai de dépôt des offres à 15 jours, dans le cadre d’un appel d’offre ouvert international, l’autorité contractante a saisi l’ARMP, dans un processus de contournement, pour la passation d’un marché par entente directe (gré à gré) portant sur 29 milliards, 600 millions et 536 000  F CFA.
 
Quant à Amadou Bâ, qui était ministre de l’Economie et des Finances, sa responsabilité est engagée en sa qualité d’autorité chargée de l’approbation, car l’article 29.1 du code des marchés publics dispose que « Les marchés de l'État sont approuvés par le ministre chargé des Finances lorsque le montant est égal ou supérieur à 300.000.000 F CFA ». Ledit article précise que « dans tous les cas, les fonctions d'autorité signataire et d'autorité approbatrice ne peuvent être cumulées ».
 
On a l’habitude de dire « qu’on ne fait pas du neuf avec du vieux ». Avec Amadou BA, à la primature, l’incriminé Mame Mbaye NIANG et le fantasque juriste tailleur, Ismaëla Madior FALL (un conseiller qui falsifie le droit pour valider toutes les forfaitures de Macky SALL), ce gouvernement sonne comme un air de déjà-vu.
 
Au demeurant, la formation du gouvernement après des mois de tergiversations sonne d’ores et déjà la fin politique de Macky SALL qui, après avoir fait le vide autour de lui après la présidentielle de 2019 pour baliser la voie à sa 3ème candidature s’est finalement résigné, contraint politiquement de renoncer à son funeste projet et de nommer un homme Amadou BA, dont il s’était débarrassé, pour briser ses ambitions de lui succéder.
 
A force de cynisme et de vils calculs politiques, Macky SALL a fini par être pris par son propre piège. Comme dans une partie de « poker menteur », il a joué et lamentablement perdu. De fait, sa succession est ouverte, et les « petits meurtres politiques » entre membres de BENNO peuvent maintenant débuter.
 
15 mois nous séparent de l’élection présidentielle de 2024. D’ici là, Macky SALL dont le régime en perdition est voué aux gémonies, devra boire le calice du rejet jusqu’à la lie.
 
Triste fin politique pour un homme arrivé par effraction à la tête de la magistrature suprême !
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 18/09/2022 12:48
A mon avis, il serait prématuré d'enterer le Président de l'APR, trop vite, car je vois, dans la composition de ce gouvernement, le rappel des artisans indispensables au troisième mandat.
Voire en Amadou BA le successeur ou dauphin, est à mon avis une vue de l'esprit. Son CV ne suffira pas, et de toutes les façons, il existe un tel océan entre le roi et son peuple, qui personne de cette mouvance politique, je dis bien personne, ne pourra emporter l'adhésion d'un peuple qui onni ce président d'une manière qui moi même m'étonne: il suffit de parler avec les gens du peuples, ceux que le Président de l'APR ne sait même pas qu'ils existent, tant il est enfermé dans sa tout d'Ivoire, pour s'en convaincre.
Pour faire un troisième mandat, que faut il:
Avoir un Conseil constitutionnel aux ordres, à qui l'on demande, contre énormes avantages financiers, de se taire,et recopier les brouillons qu'on leur communique: c'est fait.
Avoir une police armée jusqu'aux dents, capables de réprimer dans la violence et dans le sang, les manifestations qui vont se produire à partir de 2023: c'est fait.
Avoir un ministre de la justice capable de venir expliquer que si, le Président de l'APR peut faire un troisième mandat, et puis de toutes les façons, il n'y a personne d'autre! D'accord, il avait en son temps expliqué l'exact contraire, mais bon, si en plus il fallait que ces gens là soient cohérents avec eux mêmes, cela se saurait! donc, c'est fait.
Le chemin est donc parfaitement balisé, ne reste plus qu'à camper le décor: IL suffit pour cela de créer un climat insurrectionnel: refuser par exemple toutes les demandes de manifestations: c'est déjà fait et cela continuera de plus en plus! Vous pouvez également faire coïncider l'agenda judiciaire qui concerne les principaux opposants, ceux qui font le plus de bruit, avec le calendrier électoral: ca s'est déjà fait, et ela se fera sans problème! Après, lorsque le sénégalais aura à choisir entre le désordre, la guerre civile, ou l'ordre, (sans même avoir à se poser la question de savoir qui est responsable du chaos) le choix du sénégalais sera vite fait!
Ensuite, déroulement des élections: le FOUTA, qui a la recette pour faire voter les morts et les enfants à naître, et qui dispose d'une règlementation particulière, à savoir l'interdiction à quiconque de vérifier les PV, fera le reste! et ce sera reparti pour cinq ans, ce qui laissera largement le temps pour préparer le quatrième mandat!
Donc, désolé de jouer le rabat-joie de service, mais voilà, moi comment je vois l'avenir: inutile de préciser que ce n'est pas ce que je souhaite!
Pour vous mettre un peu de baume au coeur: dans toutes les machines, même celles que l'on croit les plus parfaites, il y a toujours un petit grain de sable qui vient gripper la machine!
Et je préfère m'arrêter là, car je crains fort que ce grain de sable n'engendre de la violence, deu sang et des morts.
Donc, que toutes les âmes vaillantes qui militent contre le troisième mandat, ne se démobilisent pas trop vite, la bataille est loin d'être gagnée, elle n'a même pas encore commencée!
Me François JURAIN

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