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LEGS AFRICA : Déclaration contre l’entrave gouvernementale aux libertés d’expression et de manifestation et en soutien aux mouvements de contestation contre la hausse du coût de l’électricité

Lundi 23 Décembre 2019

Ce vendredi 20 Décembre 2019, nous avons assisté à des faits graves, qui, s’ils ne sont pas condamnés et récriminés, peuvent avoir des conséquences désastreuses sur la vitalité démocratique au Sénégal que tous les acteurs de la vie publique doivent se garder de compromettre.
 
En effet, les manifestations prévues par la coalition citoyenne « Ño Lank, Ño Bañ » pour contester la hausse de 10 % sur la facturation de l’électricité annoncée par la direction de la SENELEC, ont été interdites par le préfet de Dakar, pour des motifs que nous jugeons infondés. En effet, le préfet de Dakar, avec la police doivent veiller á l’assistance et l’encadrement des citoyens qui désirent manifester leurs opinions, à travers la marche qui est un droit constitutionnel consacré dans la constitution adoptée en janvier 2001 par le peuple sénégalais. Au lieu de s’acquitter de cette mission républicaine, nous constatons que l’autorité administrative départementale agit plutôt dans le sens d’entraver les libertés publiques et l’expression des voies du peuple, en des circonstances aussi importantes dans la vie des populations, de plus en plus acculées par la cherté de la vie et la réduction de leur pouvoir d’achat, sans parler de bien d’autres tracasseries relatives à une mauvaise organisation des politiques publiques et des choix économiques désastreux.
 
Nous avons également constaté une violence gratuite et traumatisante dont les forces de police, en tenues ou en civil, ont eu recours pour entraver la libre circulation des citoyens en ville, en procédant á des interpellations illégales de citoyens dont le seul tort a été de se retrouver en ville ou de répondre á des questions de journalistes. Egalement nous déplorons et condamnons vigoureusement les violences exercées sur des journalistes, dans l’exercice libre de leurs fonctions, qui étaient sur les lieux pour couvrir les événements.
 
Ces  attitudes irrespectueuses de la police, qui a certainement agi selon des ordres supérieurs, sont inacceptables et doivent cesser systématiquement pour préserver notre pays de la violation des droits fondamentaux et des libertés publiques, depuis longtemps consacrés par les droits de l’homme et des peuples.
 
Le Sénégal est doté d’une longue trajectoire de luttes citoyennes et de conquêtes démocratiques qui ont valu à notre pays une réputation internationale en matière de libertés et d’espace civique ouvert. 
 
Dans un contexte de transition économique qui promet une transformation de la structure économique, avec l’exploitation prochaine de ressources naturelles stratégiques, nous avons besoin de renforcer notre structuration démocratique en vue de construire un véritable consensus populaire pour une utilisation optimale des ressources, plutôt qu’un climat de suspicion et de terreur qui peut être le nid de risques dont nous devons préserver notre cher Sénégal.
 
A cet effet, nous interpellons l’Etat du Sénégal sur ses responsabilités de veiller á la préservation des droits fondamentaux des citoyens et de privilégier le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes et organisations représentantes du peuple pour arriver à un consensus d’intégrité, nécessaire pour promouvoir une cohésion politique et sociale plus forte que les clivages partisans.
 
Nous appelons l’Etat du Sénégal à plus d’écoute active et de concertation avant de prendre des décisions dont les conséquences peuvent retarder ou empêcher ce consensus patriotique dont le Sénégal a aujourd’hui besoin.
 
Face aux difficultés de mobilisation de ressources auxquelles notre gouvernement est confronté, nous recommandons de bien étudier les niches fiscales non encore optimisées et de renforcer le caractère progressif de nos politiques fiscales en taxant plus les riches et épargner les couches les plus vulnérables de la population composée des paysans, des travailleurs dont la condition devient de plus en plus insoutenable; et de réduire la pressurisation des ménages dont la précarité est devenue alarmante, tandis que les inégalités se creusent du fait d’une élite politique et affairiste qui s’accapare de manière indue des ressources publiques, avec la complicité de l’Etat, par la corruption et  la prévarication impunies et le favoritisme dans la distribution de la commande publique et la signature de contrats d’affaires avec des entreprises étrangères et des opérateurs intermédiaires injustement privilégiés pour entretenir une clientèle politique.
 
Nous demandons à l’Etat du Sénégal de respecter et de faire respecter la constitution du Sénégal qui consacre de façon non équivoque les libertés d’expression et de manifestation, en commençant par abroger l’arrêté dit Ousmane Ngom qui entrave ces libertés et à mieux engager les forces de l’ordre dans l’accompagnement et l’assistance des citoyens plutôt que dans l’usage de la force légale contre les libertés citoyennes et la dignité humaine.
 
Nous exhortons Monsieur le Président de la République á poser des actes dans le sens de renforcer l’Etat de droit et à prendre conscience que le Sénégal ne se transformera jamais en dictature et qu’il est impossible de menotter la liberté et de contenir l’énergie populaire de protestation. La meilleure façon de maintenir la stabilité dans le pays est de laisser les citoyens exprimer leur colère et leurs ressentis dans des voies légales au risque de les pousser à recourir à d’autres formes de protestations.
 
Enfin, nous lançons un appel à l’ensemble des forces citoyennes de la société civile, des syndicats et mouvements sociaux à concevoir ensemble de stratégies de lutte plus structurées et efficaces dans la seule finalité de prendre en charge les véritables préoccupations des populations de plus en plus vulnérabilisées par des choix économiques tatillons et des politiques publiques sous emprises des partenaires au développement.
 
Nous considérons que le délitement de l’action citoyenne, dans le domaine des luttes sociales, qui sont motrices du progrès économiques et sociale des peuples, est en partie de la responsabilité aussi bien des Etats que des forces vives qui s’organisent pour parler et agir au nom des peuples. A ce propos, la responsabilité est grande et urgente pour une réflexion profonde sur les objectifs, structures et moyens d’organisation de l’action citoyenne collective, en veillant á sa singularité distinctive des finalités politiques partisanes de conquête et de conservation du pouvoir.
 
Fait à Dakar , le 21 Décembre 2019
Contact: Elimane Haby KANE, President LEGS-Africa
tomorrowafrica@gmail.com Tel (WhatsApp uniquement): 77 650 88 44
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