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Les chefs des diplomaties russe et ukrainienne s'affrontent à une réunion de l'OSCE à Malte

Jeudi 5 Décembre 2024

Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe
Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a été traité par son homologue ukrainien de "criminel de guerre" lors d'une réunion de l'OSCE jeudi à Malte, se retrouvant sur le banc des accusés pour sa première visite dans un pays de l'Union européenne (UE) depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022.

 

"L'Ukraine continue de lutter pour son droit à exister. Et le criminel de guerre russe présent à cette table doit le savoir: l'Ukraine gagnera ce droit et la justice prévaudra", a lancé le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Sybiga à cette réunion ministérielle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

 

La Russie "ment" quand elle parle de paix et elle représente "la plus importante menace" pour la sécurité en Europe, a-t-il estimé.

 

Les chefs des diplomaties polonaise et lettone ont quitté la salle lorsque M. Lavrov a pris la parole pour accuser les occidentaux d'instrumentaliser et de marginaliser l'OSCE, suivis par une demi-douzaine de leurs collègues.

 

"M. Lavrov vient ici pour mentir sur l'invasion russe et sur ce que fait la Russie en Ukraine. Et je ne vais pas écouter ces mensonges. Je ne vais pas m'asseoir à la même table que M. Lavrov", s'est justifié le ministre polonais Radoslaw Sikorski, qui a prôné la suspension de la Russie au sein de l'OSCE tant qu'elle continuera sa "guerre brutale" contre l'Ukraine.

 

M. Lavrov s'est défendu en accusant les Etats-Unis, dont le secrétaire d'État Antony Blinken était présent à Malte, de "déstabiliser le continent eurasiatique", jugeant que la nouvelle "guerre froide" menace de devenir "chaude".

 

Il a également accusé les pays occidentaux de ne pas prêter attention "aux mises en garde" du président Vladimir Poutine, alors que les capitales occidentales réfléchiraient à l'envoi de forces de maintien de la paix en Ukraine en cas de cessez-le-feu.

 

- "Projet impérial" -

 

"Je regrette que notre collègue M. Lavrov ait quitté la salle, ne me donnant pas la courtoisie de nous écouter comme nous l'avons écouté. 

 

Et bien sûr, notre collègue russe est très doué pour noyer les auditeurs sous un tsunami de désinformation", a rétorqué M. Blinken.

 

"Ne lui permettons pas, ni à quiconque, de nous tromper. Il ne s'agit pas et il n'a jamais été question de la sécurité de la Russie", a ajouté M. Blinken."Il s'agit du projet impérial de M. Poutine de rayer l'Ukraine de la carte".

 

L'OSCE, fondée en 1975 pour apaiser les tensions entre l'Est et l'Ouest pendant la guerre froide, compte 57 membres, de la Turquie à la Mongolie, en passant par le Canada, ainsi que les Etats-Unis, l'Ukraine et la Russie.

 

Un porte-parole de Malte, pays hôte de la réunion, a déclaré que M. Lavrov faisait l'objet d'un gel des avoirs de la part de l'UE, mais qu'il ne lui était pas interdit de voyager et qu'il avait été invité afin de "maintenir certains canaux de communication ouverts".

 

L'ONG Reporters sans Frontières (RSF) a critiqué dans un communiqué la présence du ministre russe à Malte: "Alors que le président Vladimir Poutine est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI depuis mars 2023 et que 37 journalistes ukrainiens et russes croupissent dans les prisons russes (...) la Russie est accueillie officiellement à une réunion de l'OSCE à Malte". "Cela ne peut pas être +business as usual+. Le Kremlin doit rendre des comptes", a-t-elle dénoncé.

 

Cette réunion intervient à un moment délicat pour l'Ukraine, vu que le président américain élu, Donald Trump, a promis de faire pression pour un accord rapide afin de mettre fin à la guerre.

 

- Crise institutionnelle -

 

L'OSCE est paralysée depuis l'invasion de l'Ukraine début 2022, la Russie ayant opposé son veto à plusieurs décisions majeures nécessitant un consensus.

 

Les postes de Secrétaire général et de trois autres hauts fonctionnaires de l'organisation sont vacants depuis septembre, faute d'accord sur leurs successeurs.

 

La Secrétaire générale sortante, l'Allemande Helga Maria Schmid, avait été nommée en décembre 2020 pour un mandat de trois ans, prolongé jusqu'en septembre.

 

Les ambassadeurs se sont mis d'accord sur le diplomate turc Feridun Sinirlioglu pour lui succéder, a indiqué une source diplomatique à l'AFP, mais la décision doit encore être approuvée par les ministres.

 

Ces derniers devront également se mettre d'accord sur le pays qui présidera l'OSCE en 2026 et 2027.

 

La Russie a empêché l'Estonie, membre de l'Otan, d'assurer la présidence cette année, alors qu'en 2025, c'est la Finlande, qui a rejoint l'Otan l'année dernière, qui en assurera la présidence.

 

L'OSCE envoie des observateurs lors de conflits et d'élections dans le monde entier. Elle gère également des programmes visant à lutter contre la traite des êtres humains et à garantir la liberté des médias.

 

Mais ses efforts ont été entravés par l'impossibilité de se mettre d'accord sur un budget depuis 2021. [AFP]

 
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