Mandat
J’ai plusieurs fois dit que le Président utilise de manière abusive le ‘’je’’ et le ‘’j’ai’’. En matière de gestion publique, un Président doit comprendre son rapport avec les citoyens. On est dans une relation qui a une connotation juridique car ce n’est pas pour rien que l’on parle de mandat qui est un concept juridique. Il faut deux parties, deux protagonistes pour parler comme le juriste en faisant allusion au mandant et au mandataire.
Le mandant, c’est celui qui a un pouvoir, des prérogatives et qui les confie à un mandataire pour effectuer une mission. Dans la relation entre le Président et le citoyen, c’est un peuple qui est souverain, qui confie à un Président qui est son mandataire une mission à accomplir. Donc, cet abus, cette propension excessive à utiliser le ‘’je ‘’ et le ‘’j’ai’’ est incompatible à cette relation de mandant. C’est très flagrant et cela dévoile, non pas une gouvernance autoritaire, mais plutôt solitaire.
Relations avec le peuple
Le Président a une habitude qui ne correspond pas à une relation avec le peuple souverain et même avec les principes modernes de la démocratie participative. Il n’y a aucune référence avec les Assises nationales ou encore le rapport de la Commission nationale de réformes des Institutions (Cnri) car nous faisons face à une approche personnelle et solitaire du pouvoir. Si vous allez au niveau des Assises nationales, les principales mesures ont pour vocation de redéfinir les contours du pouvoir du Président de la République, car on considère qu’il a des pouvoirs exorbitants et qu’il faut aller vers un équilibre entre les différents pouvoirs. Malheureusement, aujourd’hui, le Président utilise à fond les dispositions institutionnelles actuelles qui font que notre Président est un Président omnipotent. Il décide de tout et est l’alpha et l’oméga de tout.
Engagements
Le Président ne croit pas aux engagements qu’il a pris. S’il était sincère, s’il croyait vraiment aux valeurs qui sous-tendent les Assises nationales, il n’aurait pas cette démarche. Mais c’est la preuve qu’il avait pris ses engagements de manière opportuniste. Et les questions posées dans le cadre du référendum le confirment. Il n’y a eu aucune question relative aux pouvoirs exorbitants du Président de la République. Il a laissé en l’état cette disposition qui lui donne tant de pouvoirs.
Connotation monarchique
Il y a un problème de maturité. Parce que, je n’ai pas la certitude pour affirmer qu’au niveau des citoyens, cette question liée au caractère exorbitant des pouvoirs du Président est arrivé à une maturité où les gens parlent d’une personnalisation du pouvoir. D’ailleurs, dans notre subconscient, nous utilisons des principes qui renvoient à l’état de la compréhension de la situation du Président par les citoyens.
Les Sénégalais appellent le pouvoir ‘’buur’’ (roi), mais aussi ‘’nguur’’ (jouissance). Donc, avec cette connotation monarchique, les Sénégalais acceptent pratiquement que le Président de la République puisse décider de tout. Dans les rapports entre les citoyens et l’Etat, il y a une position de demande. C’est souvent ‘’nous demandons au Président de nous…’’, ‘’le Président a offert ou a donné’’. Ce sont des concepts qui prouvent que dans l’état de notre démocratie, les citoyens n’ont pas conscience que le Président est un mandataire. Cette conception personnelle du pouvoir, inconsciemment acceptée par les citoyens, nourrit le clientélisme politique.
Libération de Karim Wade
Le droit de grâce n’est pas un droit qu’on lui donne en considération de sa personne ou de ses penchants personnels. Ce pouvoir, il doit aussi l’exercer uniquement en fonction de l’intérêt général. Quand il lançait les poursuites contre Karim Wade, il parlait de demande sociale arguant que la réédition des comptes est une exigence des Sénégalais. Cela était cohérent dans la relation de mandat, mais pour le libérer, il l’a uniquement fait en considération de ses intérêts politiques. Donc, il y a quasiment un détournement de pouvoir. Dans le cadre de cette libération, c’est un petit arrangement de politiciens qui a abouti à cette situation.
(Paru dans Nouvel Hebdo)
J’ai plusieurs fois dit que le Président utilise de manière abusive le ‘’je’’ et le ‘’j’ai’’. En matière de gestion publique, un Président doit comprendre son rapport avec les citoyens. On est dans une relation qui a une connotation juridique car ce n’est pas pour rien que l’on parle de mandat qui est un concept juridique. Il faut deux parties, deux protagonistes pour parler comme le juriste en faisant allusion au mandant et au mandataire.
Le mandant, c’est celui qui a un pouvoir, des prérogatives et qui les confie à un mandataire pour effectuer une mission. Dans la relation entre le Président et le citoyen, c’est un peuple qui est souverain, qui confie à un Président qui est son mandataire une mission à accomplir. Donc, cet abus, cette propension excessive à utiliser le ‘’je ‘’ et le ‘’j’ai’’ est incompatible à cette relation de mandant. C’est très flagrant et cela dévoile, non pas une gouvernance autoritaire, mais plutôt solitaire.
Relations avec le peuple
Le Président a une habitude qui ne correspond pas à une relation avec le peuple souverain et même avec les principes modernes de la démocratie participative. Il n’y a aucune référence avec les Assises nationales ou encore le rapport de la Commission nationale de réformes des Institutions (Cnri) car nous faisons face à une approche personnelle et solitaire du pouvoir. Si vous allez au niveau des Assises nationales, les principales mesures ont pour vocation de redéfinir les contours du pouvoir du Président de la République, car on considère qu’il a des pouvoirs exorbitants et qu’il faut aller vers un équilibre entre les différents pouvoirs. Malheureusement, aujourd’hui, le Président utilise à fond les dispositions institutionnelles actuelles qui font que notre Président est un Président omnipotent. Il décide de tout et est l’alpha et l’oméga de tout.
Engagements
Le Président ne croit pas aux engagements qu’il a pris. S’il était sincère, s’il croyait vraiment aux valeurs qui sous-tendent les Assises nationales, il n’aurait pas cette démarche. Mais c’est la preuve qu’il avait pris ses engagements de manière opportuniste. Et les questions posées dans le cadre du référendum le confirment. Il n’y a eu aucune question relative aux pouvoirs exorbitants du Président de la République. Il a laissé en l’état cette disposition qui lui donne tant de pouvoirs.
Connotation monarchique
Il y a un problème de maturité. Parce que, je n’ai pas la certitude pour affirmer qu’au niveau des citoyens, cette question liée au caractère exorbitant des pouvoirs du Président est arrivé à une maturité où les gens parlent d’une personnalisation du pouvoir. D’ailleurs, dans notre subconscient, nous utilisons des principes qui renvoient à l’état de la compréhension de la situation du Président par les citoyens.
Les Sénégalais appellent le pouvoir ‘’buur’’ (roi), mais aussi ‘’nguur’’ (jouissance). Donc, avec cette connotation monarchique, les Sénégalais acceptent pratiquement que le Président de la République puisse décider de tout. Dans les rapports entre les citoyens et l’Etat, il y a une position de demande. C’est souvent ‘’nous demandons au Président de nous…’’, ‘’le Président a offert ou a donné’’. Ce sont des concepts qui prouvent que dans l’état de notre démocratie, les citoyens n’ont pas conscience que le Président est un mandataire. Cette conception personnelle du pouvoir, inconsciemment acceptée par les citoyens, nourrit le clientélisme politique.
Libération de Karim Wade
Le droit de grâce n’est pas un droit qu’on lui donne en considération de sa personne ou de ses penchants personnels. Ce pouvoir, il doit aussi l’exercer uniquement en fonction de l’intérêt général. Quand il lançait les poursuites contre Karim Wade, il parlait de demande sociale arguant que la réédition des comptes est une exigence des Sénégalais. Cela était cohérent dans la relation de mandat, mais pour le libérer, il l’a uniquement fait en considération de ses intérêts politiques. Donc, il y a quasiment un détournement de pouvoir. Dans le cadre de cette libération, c’est un petit arrangement de politiciens qui a abouti à cette situation.
(Paru dans Nouvel Hebdo)