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Nouveau gouvernement - Un duo pour une transition politique en direction de 2024

Dimanche 18 Septembre 2022

Le président Macky Sall en compagnie de son premier ministre Amadou Ba (G) au palais de la République le 17 septembre 2022
Le président Macky Sall en compagnie de son premier ministre Amadou Ba (G) au palais de la République le 17 septembre 2022
La nouvelle équipe ministérielle de 38 membres dirigée par Amadou Bâ détonne par son caractère pléthorique, très loin du « maximum de 25 » sans lendemain théorisé en 2012 par Macky Sall pour donner du contenu au slogan « Gouvernance sobre et vertueuse ». Une densité numérique incompréhensible pour un gouvernement dans lequel la nomination d’Oulimata Sarr (Economie, Plan et Coopération) au détriment d’Amadou Hott constitue la seule surprise. Car pour le reste, c’est la politique à fond la caisse structurée autour d’une vieille garde accrocheuse et sous influence du sentiment de survie qui anime, en premier lieu, le Président Macky Sall.
 
Les possibilités pour le « gouvernement de combat » du 17-septembre de surmonter les défis économiques et sociaux qui assaillent le Sénégal posent question pour ne pas dire qu’elles sont inatteignables dans les conditions de marché actuelles. Elles semblent d’autant plus amoindries que le régime doit faire face à un lourd déficit de légitimité politique imputable aux performances de l’opposition lors des élections locales et législatives de janvier et juillet 2022. Dans l’opacité des préparatifs d’une nouvelle séquence politique, Macky Sall a même été contraint de rappeler au service les « éclopés » électoraux de son camp, ceux qui ont accumulé les défaites aux scrutins susmentionnés aux quatre coins du pays.
 
Au regard des perspectives et des incertitudes qui peuvent être suggérées par le contexte actuel, il serait bien indiqué que le duo Macky Sall-Amadou Ba s’attelle autant à gouverner le pays avec les prérogatives qui sont les leurs, qu’à se placer dans la logique d’une Transition politique responsable dont le terme indépassable reste février 2024. C’est à cette date que prend fin le magistère du président de la République en exercice, ainsi qu’il l’a attesté par écrit dans son ouvrage « Le Sénégal au cœur » (page 165) paru en décembre 2018, quelques semaines avant la présidentielle de février 2019 :
 
« Et me voici de nouveau devant vous en vue de solliciter votre confiance pour un second et dernier mandat. »
 
C’est sous ce prisme restrictif – renforcé par les commentaires du chef de l’Etat et de son conseiller juridique (redevenu ministre de la Justice dans le nouveau gouvernement) sur la disposition constitutionnelle (article 27) limitant les mandats présidentiels consécutifs à deux - que Macky Sall et Amadou Ba doivent impérativement envisager le fonctionnement de l’Etat et des institutions pour les quinze prochains mois. La volonté souveraine exprimée aux élections parlementaires du 31 juillet 2022 a redistribué les cartes en rééquilibrant les forces.
 
Quelles que puissent être les visées officielles ou secrètes des deux têtes de l’Exécutif, leur marge de manœuvre politique est désormais réduite, pas à sa plus simple expression mais elle se retrouve désormais soumise à des compromis dynamiques avec leurs oppositions institutionnelles. Il y va de l’intérêt général de la démocratie et de la stabilité dans notre pays. Dépassement de fonctions non souhaitable!
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1.Posté par Me François JURAIN le 19/09/2022 11:23
Avant de venir m'installer au SENEGAL pour y vivre définitivement, une amie sénégalaise m'avait donné quelques conseils, quelques clefs indispensables à connaitre -et à appliquer- pour vivre une vie agréable et paisible dans ce pays qui allait devenir mon pays d'adoption.
La première et la plus importante de ces clefs, que je n'ai jamais oubliée, même encore aujourd'hui, c'était: "surtout, surtout, ne fais jamais de promesse que tu sais que tu ne tiendras pas, ou que tu penses ne pas pouvoir tenir. Si toi tu oublies, lui le Sénégalais(e) n'oublie jamais". Je n'ai jamais oublié cette chaude recommandation, et pense l'avoir toujours appliquée, puisque dans mon entourage sénégalais immédiat, je passe, parait-il, pour quelqu'un qui tient toujours ses promesses.
Au fond, que reproche-t-on à Macky SALL,? Et bien, pas grand chose, sauf une: que le 03 Avril 2012, il a pris un engagement envers le peuple sénégalais, et fait des promesses pour certaines qu'il savait pertinemment qu'il ne les tiendrait pas, pour d'autres qu'il n'a pas pu tenir tant elles étaient hors sol. Et ça, le peuple sénégalais tout entier ne lui pardonne pas et ne lui pardonnera jamais.
Si je n'avais pas écouté et respecté le conseil que l'on m'avait donné, j'aurais été obligé de partir de ce pays depuis longtemps, car les Sénégalais concernés m'auraient fait "la misère": heureusement, cela n'a pas été le cas, et je suis toujours là!
Et bien, pour Macky SALL, c'est exactement la même chose, avec des conséquences autrement plus dramatiques que pour moi: il n'a pas respecté sa parole, il n'a pas tenu ses promesses, les Sénégalais maintenant lui demandent de partir. Et je suis étonné qu'un pur sénégalais, fils, petit-fils, arrière-petit-fils (et peut être plus) de Sénégalais, qui a vécu au Sénégal, et qui connait certainement mieux que moi la vie, la mentalité sénégalaise, se soit permis une telle entorse à une loi non écrite, mais en vigueur dans tout le pays: NE TRAHIS JAMAIS.
Car enfin, le moins que l'on puisse dire, et pour employer une expression triviale, "il n'y a pas été avec le dos de la cuillère!".
La gouvernance sobre et vertueuse! : 38 ministres, comprenant même des ministres de ministres, sans compter les innombrables "ministres conseillers", espèce de fourre-tout on l'on case les amis, afin de leur permettre d'avoir un train de vie royal, alors même que leur niveau intellectuel et leurs valeurs morales ne leur permettraient même pas, pour beaucoup, de partager un thiéboudieune moisi avec le clochard du coin de la rue!
Le népotisme: nous avons eu droit aux oncles, au frère, au beau-frère, au cousin, sans compter l'influence plus que toxique de la femme en sous main...
La corruption: là, nous avons tout vu! déjà, ordre donné à l'Ofnac, la cour des comptes, et autres organismes de contrôle, de laisser tranquille la famille, les amis, les religieux qui peuvent rapporter des voix, etc. Autant dire que ipso facto, tous ces organismes ont été mis d'emblée au chômage technique, puisque plus de 80% des dossiers concernaient ces gens là! Une véritable honte, qui n'a pu avoir lieu qu'avec la complicité bienveillante (mais non gratuite) de certains magistrats véreux, jetant l'anathème sur une corporation qui dans l'ensemble, fait remarquablement et admirablement son métier, parce que composée, pour la plupart, de gens intègres, intelligents, biens formés, et qui ont une haute considération de leur mission et de leur fonction. Mais, tout le monde le sait, un petit vers de rien du tout peut vous gâter un fruit entier...Et que dire d'un député pris en flagrant délit par la gendarmerie, de trafic de faux billets (je suppose que les valeureux gendarmes ont fait l'objet d'une sanction, car on ne touche pas à un ami du Président!), qui coule des jours heureux vraisemblablement avec des avantages matériels qui lui ont été alloués, et dont le procès aura lieu...un jour venant, peut-être en même temps que celui du PRODAC, mettant en cause un ministre fraichement nommé, et...le nouveau premier ministre lui-même: autre dossier "sous le coude"! sauf que le peuple, lui, n'a pas oublié et n'oubliera jamais!
J'en passe, et encore d'autres: que chacun relise cet engagement du 3 avril 2012 d'un Président envers son peuple, et il sera édifié!
Mais ce serait manquer d'objectivité, en fermant les yeux sur les réalisations qui ont été faites, et les investissements projetant le pays dans l'avenir (incertain) du 21e Siècle. On ne reprochera certainement pas à Monsieur Macky SALL, Président de l'APR, d'avoir finalisé les travaux de l'aéroport Blaise Diagne de Diass, de même que les autoroutes, même si certaines ne sont pas justifiées (Ila TOUBA); On ne reprochera certainement pas au même Président, une liaison ferroviaire RUFISQUE/DAKAR, de même qu'un projet d'autoroute entre SAINT-LOUIS et DAKAR, et autres projets d'investissements qui véritablement sont indispensable: un pays, pour se développer, a besoin de ces infrastructures, d'autant que l'argent pour les réaliser a été donné...plusieurs fois!
Sauf que, à chaque réalisation, chaque projet, correspond un dossier de soupçon de corruption ou de détournement de fonds, réalisés par des amis où proches, donc, des dossiers dont il faudra attendre l'alternance pour connaitre la véracité et l'épilogue définitive. L'art de gâcher le bon, pour lui substituer que le mauvais.
Des promesses non tenues, cela a toujours existé en politique, au point qu'un célèbre ministre français, notable voyou et spécialiste en corruption en tous genre (entreprise familiale, puisque son fils, avait fait l'objet d'un mandat de recherche international), Monsieur Charles PASQUA, aujourd'hui décédé, avait lancé cette formule en termes de boutade, restée célèbre: "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent!". A l'époque, cela pouvait faire sourire. Aujourd'hui, pas du tout. De part l'information diffusée en permanence, les peuples ont acquis une telle maturité, que n'importe quel individu, même illettré mais doué d'un bon sens naturel, peut comprendre ce qui se passe. Et pour avoir méprisé son peuple, pour avoir pris les Sénégalais pour des "moins que rien" (expression chère à Mody NIANG!), et bien Macky SALL aujourd'hui en fait les frais. Comprend-il, dans sa tour d'ivoire, seulement ce qui se passe? Comprend-il seulement pourquoi ce désamour irréversible entre lui et son peuple? Sans vouloir lui trouver des excuses, cela n'est pas possible, une telle déviance peut s'expliquer, et je dirais que la fonction institutionnelle fait en sorte que cela soit comme ca.
Dès que vous devenez Président, que ce soit au SENEGAL ou ailleurs, vous changez de Planète, et on vous laisse croire que tout le pays entier vous appartient, et que vous pouvez faire ce que vous voulez. Vous pouvez puiser dans les caisses du trésor tout l'argent que vous voulez, vous avez droit de vie ou de mort sur n'importe lequel de vos concitoyens, vous vivez dans un autre monde, celui des "puissants" de ce monde, et ce mot n'est pas lâché au hasard.
Alors, les institutions, qui sont très bien faites, sont là pour, au cas où le Président "pète un plomb", le remettre dans le droit chemin, et jouer le rôle de garde-fou: quels sont ils? Déjà l'opposition, qui doit être respectée et pouvoir jouer son rôle d'opposants. Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas d'accord avec un Président, démocratiquement élu, que vous n'êtes pas respectable. Si, déclarer publiquement: "je veux réduire l'opposition à sa plus simple expression" est une marque de respect, alors, définitivement, nous n'avons pas le même sens des valeurs"! La presse d'investigation, qui sait mener des enquêtes abondantes et fournies, et débusquer tout ce qui peut s'apparenter à des dérives, voir des délits d'Etat: au SENEGAL, la presse, parce que sans moyens financiers réels, est maintenue en état de coma artificiel et méprisée par un Président qui ne connait que la Presse étrangère, et notamment Française, estimant que les journalistes sénégalais ne méritent que mépris et indifférence, ce en quoi il a tort, certains d'entre eux n'ont rien à envier aux journalistes français et savent très bien poser les questions qui dérangent.
Autres garde fous important: les organes de contrôle: OFNAC, IGE, COUR DES COMPTES: on a vu à quoi ont été réduits les valeureux magistrats de ces institutions: Cela a commencé par la brillante magistrate de l'OFNAC, Madame KEITA, qui a commis un crime de lèse-majesté, en s’intéressant de trop près aux agissements délictuels, voir mafieux, de certains membres de la famille ou amis du Président: "Pas touche, et pour vous faire bien comprendre: la porte!" Voila comment un Président explique à une valeureuse magistrate la phrase de Charles PASQUA: "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent!" et si vous vous mettez à suivre à la lettre tout ce que j'ai dis, ce ne sera plus possible! la porte, et vite!
La cour des comptes, qui rend ses rapports avec des années de retard, l'IGE qui rend des rapports qui disparaissent des tiroirs, j'en passe, et des pires. Autre garde-fous, et non des moindres, la justice, qui doit être libre et indépendante, qui rend la justice "au nom du peuple sénégalais" et non pas, comme on a pu le voir avec un procureur zélé, "en sauvegarde des amis du Président et de lui-même". Les juges, et l'immense majorité d'entre eux le savent bien, rendent la justice, "au nom du peuple sénégalais", et non pas "au nom d'un régime en place".
Donc, dès lors que ces garde-fous n'existent plus, et bien, il n'est pas étonnant de voir ce qui s'est passé ces dix dernières années au pays: c'est un peu comme si vous disiez à un voleur: "vole tout ce que tu veux, tu ne seras pas puni, tout ce qui est aux autres est à toi!"
Mais l'époque a changé, et aujourd'hui, tout se sait, et dans un pays où le taux de pauvreté et d’illettrisme flirte allègrement avec les 40%, cela fait un peu "tache", pour parler comme les jeunes.
En France, de nombreuses lois sont venues encadrer la vie politique, et sans venir dire que le système est parfait, il trouve au moins son efficacité: un Président de l'assemblée nationale a été poussé à la démission, parce qu'il avait invité ses amis à venir partager les homards et les bons vins des cuisines de l'assemblée nationale, alors même que ces festivités ne sont réservées qu'aux missions (même si l'on peut considérer que gâter ses amis, dans de telles circonstances, soit une mission, vu le nombre et la qualité des amis que l'on peut avoir en occupant de telles fonctions...!).
Au Sénégal, nous voyons des ministres, désignés comme des voyous patentés à qui il ne faudrait même pas poser son portefeuille sur la table en leur présence, dont les délits sont avérés, prouvés, faisant ou ayant fait l'objet de rapports circonstanciés par l'OFNAC, l'IGE, etc.,. non seulement ils ne sont pas inquiétés, mais ils sont récompensés par une promotion ministérielle! Quand aux malheureux enquêteurs, j'espère qu'ils n'ont pas fait l'objet d'une sanction disciplinaire, pour ne pas avoir compris que: "l'on ne touche pas aux amis ou membres de la famille du Président".
Donc, il n’y a rien d'étonnant à ce que le Sénégal se trouve dans cette situation aujourd'hui: Un président, tenté par une dérive autoritaire et répressive, qui va essayer de "passer en force", une opposition qui va tout faire dans la rue, pour le "remettre à sa place et l'obliger à respecter la constitution", et entre les deux, un peuple qui commence à en avoir assez de cette gouvernance calamiteuse, qui en dix ans n'a rien fait et n'a pris aucune réforme sérieuse, et qui continue de promettre des choses dont ils savent pertinemment qu'ils ne tiendront pas.
Alors, un Premier Ministre? Quel qu'il soit, c'est trop tard. Il ne fera qu'expédier les affaires courantes, et prendre les coups destinés à son patron. Il est payé pour ça.
Tant qu'il existe un fossé entre un Président et son peuple, cela peut toujours se combler à condition de vite réintégrer le droit chemin. Quand ce fossé devient rivière, cela devient plus compliqué. Mais quand cette rivière est devenue océan, alors, tout devient impossible. Et à ce jour, la situation est telle que, entre ce monde des nantis qui se sont enrichis malhonnêtement avec la misère du peuple, et le peuple lui-même, tout contact, toute discussion est impossible, car ils ne parlent pas la même langue, ils ne vivent pas pareil ni dans le même pays, et ils n'ont plus rien de commun, sauf la couleur de peau! Et c'est peut-être la seule chose qui pourra éviter une guerre civile au SENEGAL: quand on en est là, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a de quoi être inquiet!
Me François JURAIN

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