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Ousmane Ngom-Djibo Kâ - Agents de diversion

Jeudi 6 Octobre 2016

Il y a quelques jours, Ousmane Ngom s’est livré à un exercice diabolique et peu digne de ses ex-responsabilités d’Etat, visant à discréditer son ex-mentor sur des propos gravissimes que celui-ci aurait tenus au soir du second tour de l’élection présidentielle de 2012. La bronca générale qui a répondu à ces coups de poignard dans le dos de Me Wade l’a incité à rectifier lesdits propos, trois à quatre jours plus tard seulement ! Dans la foulée, Djibo Kâ, plus petit maure que grand berger, fait endosser à son parti une proposition consistant à coupler les législatives (de 2017), aux locales et à la présidentielle (de 2019).
 
Le premier a fini par craquer en réinventant opportunément ses propos, mais tout le monde ou presque a compris que cette rétractation est de pure forme. L’ADN ne ment jamais, jusqu’à preuve du contraire. Quant au second, il a juste l’avantage d’exprimer le point de vue d’un parti politique légalement reconnu, ce qui participe de ses droits constitutionnels.
 
Le pouvoir a ses délices, de ceux qui font perdre la tête aux grands parvenus de leur petite histoire. Il a également ses servitudes, de ceux qui contraignent ces mêmes grands parvenus à se salir les mains dans le cambouis, à patauger dans la gadoue, à remuer la langue dans la menterie. Ousmane Ngom et Djibo Kâ ont fait le choix de s’installer dans ce système sans vergogne qui transforme nos politiciens en des monstres froids devant l’éternel.
 
En réalité, nous sommes en présence de deux aventuriers de la politique dont le grand dessein est de se mettre au service des causes identifiées par les gouvernants. En l’occurrence, ils sont des agents politiciens qui travaillent pour Macky Sall – c’est leur droit. L’un, Ousmane Ngom, était sur la liste noire de la cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), il n’y est plus grâce à ces miracles qui ne sont possibles qu’en politique. Il doit donc faire ses preuves au service de celui qui pouvait être son bourreau, lui le ministre de l’Intérieur le plus répressif de l’histoire politique du Sénégal !
 
L’autre, Djibo Kâ, est un politicien professionnalisé depuis plus de quatre décennies, période durant laquelle il a plus souvent vécu aux crochets des contribuables que de ses compétences personnelles. Sa particularité : avoir servi tous les présidents de la république depuis l’indépendance. Sa proposition sur le couplage des scrutins pour l’année 2019 est une hérésie qui récompense les incompétences organisationnelles et techniques d’un pouvoir peu enclin à revenir de sitôt devant les électeurs. Avec lui, les principes de la démocratie sont des variables manipulables et corvéables à souhait.
 
Les deux « soldats », vieux briscards politiques contre qui la postérité risque d’être extrêmement sévère en termes d’éthique et de moralité, ont agi sur deux registres différents dont ils pensent qu’ils servent Macky Sall. Les propos de Me Ngom, sans cause ni prétexte d’évocation, avaient pour objectif de détourner les regards publics centrés sur le brûlant dossier du pétrole qui met en cause le président de la république et son jeune frère. C’est donc une tentative de diversion exécutée par un agent de diversion. La proposition de Djibo Kâ participe elle aussi de cette distraction, avec un aspect plus tragique qui touche aux chances de survie du régime lors de législatives loin d’être gagnées d’avance. Jamais un régime politique n’a été aussi fragile et impopulaire que celui du président Sall.
 
Ousmane Ngom et Djibo Kâ sont, malheureusement, les deux faces d’une classe politique foncièrement marchande contre laquelle les Sénégalais sont en colère depuis bien longtemps, passant d’un camp à l’autre, transhumant de pâturages en pâturages, trahissant à tour de bras et de langue, reniant conviction sur conviction. Il faut voir : qui se rassemble s’assemble. En fait de reniement, Ngom et Kâ ne sont pas forcément les meilleurs exemples à exhiber sur la place publique…
 
 
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