Le ministère sénégalais de l'Intérieur a reconduit ce samedi son interdiction de toute cérémonie d'investiture du pré-candidat Ousmane Sonko en direction de l'élection présidentielle du 25 février 2024. Les forces de sécurité ont pris soin de barricader les alentours de Fun City sur la VDN des qu'elles ont su que les responsables de Pastef - parti administrativement dissout - avaient envisagé de se replier dans cette enceinte.
Vendredi après-midi, c'est le préfet de Dakar qui avait pris la décision de ne pas autoriser la tenue de l'investiture du principal chef de l'opposition sénégalaise alors prévue samedi 30 décembre au terrain de Acapes en proche banlieue dakaroise. C’est El Malick Ndiaye, chargé de communication de Pastef qui en a fait l’annonce sur la plateforme X. Pour les militants pastéfiens qui envisageaient une véritable démonstration de force populaire, la pilule est dure à avaler.
« Nous venons de recevoir l’arrêt portant interdiction de notre cérémonie d’investiture du 30 décembre 2023, écrit Ndiaye sur son compte X. Au même moment, le candidat de la servitude volontaire (NDLR: Amadou Ba, de la coalition au pouvoir) est en train de multiplier les meetings d’investiture un peu partout dans le pays. »
La même indignation a été reprise par Aminata Touré, également candidate déclarée au scrutin présidentiel, qui dénonce une « démocratie sénégalaise (qui) n’en finit pas d’être agressée. »
Le juriste Mouhamadou Ngouda Mboup, pour sa part, prend á témoin l’article 4 de la Constitution du Sénégal qui interdit toute discrimination entre les formations politiques.
« L’interdiction de l’investiture du Président Ousmane Sonko est une discrimination manifeste » contre un candidat déclaré à l’election présidentielle de l’année prochaine, assure Mboup.
Emprisonné depuis juillet 2023, Ousmane Sonko doit faire face par ailleurs aux refus systématiques de l’administration - en fait le ministère de l’Intérieur - de lui remettre les fiches de parrainage pour l’élection présidentielle sous prétexte de sa « radiation » des listes d’électeurs. Pourtant, par deux fois, deux décisions judiciaires du tribunal de Ziguinchor et du tribunal d’instance de Dakar ont ordonné la réintégration de l’opposant dans le jeu électoral.
Néanmoins, note Selon Me Ciré Clédor Ly, mandataire de la « coalition Sonko Président 2024 », l’opposant « a satisfait à toutes les obligations mises à sa charge par la Constitution, la loi électorale, le règlement et les arrêtés ministériels » pour ne pas être recalé par les 7 Sages du Conseil constitutionnel. [IMPACT.SN]