Des habitants trempés, épuisés, sans autre choix que d’uriner et déféquer dans des rues menacées d’inondations : le sud-ouest d’Haïti plonge d’heure en heure dans le chaos, les sinistrés de son récent séisme étant mardi démunis face aux violentes intempéries d’une nouvelle tempête tropicale.
Dans la ville des Cayes, plus de 200 personnes commencent à bâtir, sous un vent et une pluie persistants, des abris précaires sur un terrain de football inondé. Tous sont sinistrés du tremblement de terre de magnitude 7,2 de samedi, qui en quelques secondes a réduit en poussière des dizaines de milliers d’habitations. Au moins 1941 personnes ont été tuées, selon un bilan encore « très partiel » annoncé mardi par la protection civile haïtienne.
Alors que le déblaiement des décombres se poursuit dans cette ville, toujours avec l’espoir de trouver des survivants, un hélicoptère des gardes-côtes des États-Unis a organisé des rotations pour acheminer les patients en état critique.
Hélicoptères
Les États-Unis, qui ont évacué une quarantaine de personnes pour des soins urgents avec trois hélicoptères des gardes-côtes, ont affrété huit hélicoptères de l’armée depuis le Honduras, pour continuer les efforts d’évacuation médicale.
L’USS Arlington, un navire de transport de la marine américaine doit également arriver mercredi en Haïti avec à son bord, une équipe chirurgicale, a annoncé le Commandement sud du Pentagone.
L’aide médicale aux milliers de blessés s’organise aussi avec la montée de blocs opératoires de campagne dans quelques centres hospitaliers de la zone affectée par le séisme.
Sur le terrain de l’hôpital de l’Ofatma aux Cayes, les soldats américains ont déchargé des caisses de matériel avant d’accueillir dans leur appareil, en direction de Port-au-Prince, un homme sévèrement blessé sur une civière et Jéremy, 7 ans, porté dans les bras d’un travailleur de l’organisation d’évacuation médicale Hero Ambulance.
« Ce petit garçon a une hémorragie cérébrale et cela affecte son cerveau. Cela pourrait hypothéquer le reste de sa vie. Si on peut l’aider, il pourra avoir une enfance normale donc cela fait une différence », sourit Carolyn Davies, infirmière de l’ONG Canadian medical assistance, arrivée aux Cayes au lendemain de la catastrophe.
Après deux jours d’attente, ce soutien international est un soulagement pour l’équipe médicale de l’hôpital des Cayes qui n’en reste pas moins désabusée devant leur dénuement, et notamment l’absence de scanneur, ou de personnes formées pour les faire fonctionner.
Extrême vigilance
Avec seulement un bonnet de douche pour se protéger des gouttes, Magalie Cadet est épuisée par les trois jours d’épreuves qu’elle vient de subir.
« Même pour faire nos besoins, on n’a aucun endroit, donc on doit chercher dans les rues pour se soulager », déplore cette femme de 41 ans, les nerfs usés par les incessantes répliques du tremblement de terre.
« Hier soir, je m’étais mise à l’abri près de l’église, mais quand on a senti la terre trembler à nouveau, j’ai couru pour retourner ici », soupire-t-elle.
Quelque 9900 personnes ont été blessées par les secousses et leurs répliques. Dans les décombres, les secouristes ont extrait 34 personnes vivantes au cours des dernières 48 heures ont indiqué les autorités.
Au calvaire des sinistrés qui dorment dehors s’ajoutent mardi les averses charriées par la tempête tropicale Grace. Les précipitations risquent par endroits de provoquer « des inondations majeures », selon le Centre américain des ouragans, basé à Miami.
Dans ces conditions, les autorités haïtiennes ont appelé à une « extrême vigilance » à l’égard des maisons fissurées, qui pourraient s’effondrer sous le poids de la pluie.
Bricolant à la hâte des abris de fortune, les habitants sont dépités.
« Hier soir, nous avons passé un mauvais moment. Beaucoup de vent et puis la pluie. Je suis restée assise : à chaque fois, les rafales nous envoyaient de l’eau », confie Natacha Lormira tout en tenant d’une main le maigre morceau de bois auquel est attachée une bâche déchirée.
« Je ne veux pas aller sous une galerie ou un coin de mur, car on a tous vu des gens mourir sous des pans de murs. Donc on se résigne : mieux vaut être mouillée que morte », déplore-t-elle.
« L’État ne règle rien »
Trempé par la pluie qui perdure, Vladimir Gilles tente de planter suffisamment profond quelques morceaux de bambou dans la pelouse pour protéger sa femme et son enfant.
« Ma maison est détruite, je n’ai nulle part où dormir. On a besoin d’une bâche plastique pour juste faire un petit somme au sec, mais l’État ne règle rien », peste le jeune homme de 28 ans.
Le premier ministre Ariel Henry a bien décrété l’état d’urgence pour un mois dans les quatre départements affectés par la catastrophe.
Mais le pays le plus pauvre du continent américain est confronté à un chaos politique, un mois après l’assassinat de son président Jovenel Moïse, compliquant encore sa gouvernance.
L’UNICEF a estimé mardi que 1,2 million de personnes, dont 540 000 enfants, étaient affectées par la crise.
L’accès en eau reste aussi très restreint par endroits, comme dans la commune de Pestel, où plus de 1800 citernes sont fissurées ou écrasées, faisant craindre une dégradation des conditions sanitaires. Quelques mois après le terrible séisme de 2010, qui avait coûté la vie à 200 000 personnes, une mauvaise gestion des eaux usées dans une base onusienne avait facilité la propagation du choléra dans le pays. (AFP)
Dans la ville des Cayes, plus de 200 personnes commencent à bâtir, sous un vent et une pluie persistants, des abris précaires sur un terrain de football inondé. Tous sont sinistrés du tremblement de terre de magnitude 7,2 de samedi, qui en quelques secondes a réduit en poussière des dizaines de milliers d’habitations. Au moins 1941 personnes ont été tuées, selon un bilan encore « très partiel » annoncé mardi par la protection civile haïtienne.
Alors que le déblaiement des décombres se poursuit dans cette ville, toujours avec l’espoir de trouver des survivants, un hélicoptère des gardes-côtes des États-Unis a organisé des rotations pour acheminer les patients en état critique.
Hélicoptères
Les États-Unis, qui ont évacué une quarantaine de personnes pour des soins urgents avec trois hélicoptères des gardes-côtes, ont affrété huit hélicoptères de l’armée depuis le Honduras, pour continuer les efforts d’évacuation médicale.
L’USS Arlington, un navire de transport de la marine américaine doit également arriver mercredi en Haïti avec à son bord, une équipe chirurgicale, a annoncé le Commandement sud du Pentagone.
L’aide médicale aux milliers de blessés s’organise aussi avec la montée de blocs opératoires de campagne dans quelques centres hospitaliers de la zone affectée par le séisme.
Sur le terrain de l’hôpital de l’Ofatma aux Cayes, les soldats américains ont déchargé des caisses de matériel avant d’accueillir dans leur appareil, en direction de Port-au-Prince, un homme sévèrement blessé sur une civière et Jéremy, 7 ans, porté dans les bras d’un travailleur de l’organisation d’évacuation médicale Hero Ambulance.
« Ce petit garçon a une hémorragie cérébrale et cela affecte son cerveau. Cela pourrait hypothéquer le reste de sa vie. Si on peut l’aider, il pourra avoir une enfance normale donc cela fait une différence », sourit Carolyn Davies, infirmière de l’ONG Canadian medical assistance, arrivée aux Cayes au lendemain de la catastrophe.
Après deux jours d’attente, ce soutien international est un soulagement pour l’équipe médicale de l’hôpital des Cayes qui n’en reste pas moins désabusée devant leur dénuement, et notamment l’absence de scanneur, ou de personnes formées pour les faire fonctionner.
Extrême vigilance
Avec seulement un bonnet de douche pour se protéger des gouttes, Magalie Cadet est épuisée par les trois jours d’épreuves qu’elle vient de subir.
« Même pour faire nos besoins, on n’a aucun endroit, donc on doit chercher dans les rues pour se soulager », déplore cette femme de 41 ans, les nerfs usés par les incessantes répliques du tremblement de terre.
« Hier soir, je m’étais mise à l’abri près de l’église, mais quand on a senti la terre trembler à nouveau, j’ai couru pour retourner ici », soupire-t-elle.
Quelque 9900 personnes ont été blessées par les secousses et leurs répliques. Dans les décombres, les secouristes ont extrait 34 personnes vivantes au cours des dernières 48 heures ont indiqué les autorités.
Au calvaire des sinistrés qui dorment dehors s’ajoutent mardi les averses charriées par la tempête tropicale Grace. Les précipitations risquent par endroits de provoquer « des inondations majeures », selon le Centre américain des ouragans, basé à Miami.
Dans ces conditions, les autorités haïtiennes ont appelé à une « extrême vigilance » à l’égard des maisons fissurées, qui pourraient s’effondrer sous le poids de la pluie.
Bricolant à la hâte des abris de fortune, les habitants sont dépités.
« Hier soir, nous avons passé un mauvais moment. Beaucoup de vent et puis la pluie. Je suis restée assise : à chaque fois, les rafales nous envoyaient de l’eau », confie Natacha Lormira tout en tenant d’une main le maigre morceau de bois auquel est attachée une bâche déchirée.
« Je ne veux pas aller sous une galerie ou un coin de mur, car on a tous vu des gens mourir sous des pans de murs. Donc on se résigne : mieux vaut être mouillée que morte », déplore-t-elle.
« L’État ne règle rien »
Trempé par la pluie qui perdure, Vladimir Gilles tente de planter suffisamment profond quelques morceaux de bambou dans la pelouse pour protéger sa femme et son enfant.
« Ma maison est détruite, je n’ai nulle part où dormir. On a besoin d’une bâche plastique pour juste faire un petit somme au sec, mais l’État ne règle rien », peste le jeune homme de 28 ans.
Le premier ministre Ariel Henry a bien décrété l’état d’urgence pour un mois dans les quatre départements affectés par la catastrophe.
Mais le pays le plus pauvre du continent américain est confronté à un chaos politique, un mois après l’assassinat de son président Jovenel Moïse, compliquant encore sa gouvernance.
L’UNICEF a estimé mardi que 1,2 million de personnes, dont 540 000 enfants, étaient affectées par la crise.
L’accès en eau reste aussi très restreint par endroits, comme dans la commune de Pestel, où plus de 1800 citernes sont fissurées ou écrasées, faisant craindre une dégradation des conditions sanitaires. Quelques mois après le terrible séisme de 2010, qui avait coûté la vie à 200 000 personnes, une mauvaise gestion des eaux usées dans une base onusienne avait facilité la propagation du choléra dans le pays. (AFP)