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Vingt mille "gilets jaunes" ciblent les autoroutes et les dépôts de carburant

Lundi 19 Novembre 2018

Paris - Les "gilets jaunes" poursuivaient lundi les opérations de blocage pour la troisième journée consécutive, ciblant principalement des autoroutes mais aussi des dépôts pétroliers, tandis que le gouvernement affichait son inflexibilité sur sa politique économique.

Environ 20.000 manifestants étaient rassemblés en 350 endroits, a annoncé sur BFMTV Frédéric de Lanouvelle, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, contre 290.000 sur plus de 2.000 sites recensés samedi. 

Au cours du week-end, endeuillé par la mort d'une femme "gilet jaune" percutée par une automobiliste, 183 personnes ont été placées en garde à vue, 511 ont été blessées dont 17 grièvement.

Alors que de nombreux points de rassemblements, péages, stations-services, entrées des autoroutes ou centres commerciaux, avaient été évacués dans la matinée par les forces de l'ordre, certains "gilets jaunes" réinvestissaient les lieux lundi après-midi.

C'est le cas au Pont d'Aquitaine sur la Garonne, qui était de nouveau l'objet d'un barrage filtrant en début d'après-midi, avec plus d'une centaine de manifestants. Au péage de Virsac dont ils avaient été évacués plus tôt, les "gilets jaunes" sont revenus aux alentours de 15H00.

Plusieurs dépôts pétroliers sont désormais ciblés par les frondeurs, notamment à Port-la-Nouvelle (Aude), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Frontignan (Hérault), Portes-lès-Valence (Drôme) et Valenciennes (Nord). Des blocages confirmés par le groupe Total, notamment dans le sud et l'ouest.

Plusieurs organisations patronales ont mis en garde les "gilets jaunes" contre "un blocage de l'économie", estimant que "l'exaspération" des manifestants ne devait pas conduire à "pénaliser" les entreprises.

Droite et gauche ont critiqué de leur côté un exécutif inflexible après les propos du Premier ministre Edouard Philippe la veille assurant qu'il tiendrait "le cap", tout en affirmant avoir entendu la "colère" et la "souffrance" des manifestants. 

"Nous aussi on tient le cap et ça va durer!", promettait Kevin Dujardin, sur un barrage à Calais. "Je gagne 500 euros, comment voulez-vous que je vive avec ça ? Avec ce que je gagne, je ne peux me permettre qu'un repas par jour", abondait Jean-Luc, ouvrier de 57 ans.

"Je fais 90 km tous les jours et ma femme ne travaille pas. On vit avec mon seul salaire. On dépense 150 euros d'essence par mois, ça devient insoutenable", confiait Fabien, près d'un dépôt à Fos-sur-mer.

A l'initiative de ce mouvement protéiforme et sans leader identifié, des membres de la société civile qui ont appelé sur les réseaux sociaux à des actions contre la hausse du prix des carburants.

Les motifs de griefs se sont ensuite élargis à une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et de la baisse du pouvoir d'achat.

- Ambiance tendue -

Les actions se sont poursuivies un peu partout en France, avec des opérations-escargot notamment en Seine-Maritime et dans la Sarthe, ou des barrages filtrants vers Bourges, Vierzon, Romorantin, Laval ou Gaillac (Tarn).

De longues files d'attente de poids lourds se formaient aux abords des péages ou des bretelles d'entrée ou de sortie d'autoroute. Sur l'A13, à l'ouest de Paris, une opération péage gratuit était en cours lundi après-midi.

Sur l'île de La Réunion, l'ambiance était particulièrement tendue avec 31 barrages, après une nuit marquée par des violences urbaines. Dix-neuf personnes ont été interpellées, selon la préfecture, qui a demandé des renforts à Paris.

Alors que plusieurs préfectures continuent à faire état de blessés légers, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez a rappelé que les forces de l'ordre devaient "intervenir à chaque fois que des axes structurants sont bloqués ou qu'il y [avait] des violences". 

A Calais, un automobiliste anglais et un chauffeur routier australien ont été placés en garde à vue après avoir touché des manifestants en forçant des barrages.

Un motard renversé lundi matin dans la Drôme se trouvait "entre la vie et la mort", selon Frédéric de Lanouvelle.

En Gironde, deux personnes ont été blessées en début d'après-midi, selon la préfecture et les pompiers. A Saint-Dizier (Haute-Marne), un camionneur a été interpellé après avoir blessé un "gilet jaune", transporté à l'hôpital.

A Livron-sur-Drôme, un "gilet jaune", ivre et évincé par son groupe, a été arrêté dimanche soir après avoir blessé un manifestant avec sa voiture et tiré en l'air avec un fusil, selon une source proche de l'enquête. Son véhicule avait ensuite été incendié.
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