L’Union des magistrats sénégalais exige que le président de la république et son ministre de la Justice ne fassent plus la pluie et le beau temps au Conseil supérieur de la magistrature. Une lutte sérieuse et efficace contre la corruption passe par des magistrats libres et indépendants, selon le Bureau exécutif de l’Ums.
PAR MOMAR DIENG
Le sujet n’est pas abordé dans le communiqué rendu public ce mardi 12 juillet, mais la libération de Karim Wade le 23 juin dernier est lisible en filigrane entre les lignes d’exaspération exprimées par l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Une question est particulièrement retenue : le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature. Le CSM est une structure de décision dirigée par le Président de la République qui gère concrètement la carrière des magistrats, entre avancements, mises au frigo, sanctions disciplinaires diverses. De fait, le Csm est souvent considéré comme une épée de Damoclès aux mains du chef de l’Etat qui peut en user en toute subjectivité contre des magistrats indociles.
«Réformer le Csm en profondeur»
C’est, entre autres raisons, pour remédier à ce potentat devenu incongru que l’Union des magistrats sénégalais «exige» prestement que le Csm soit réformé «en profondeur», ce qui passe par «la sortie de l’exécutif du Conseil supérieur de la magistrature».
En d’autres termes, le Bureau exécutif de l’Ums demande que Macky Sall, Président du Conseil supérieur de la magistrature, ne le soit plus, de même que son ministre de la Justice qui en est le vice-président. Pour les magistrats sénégalais, «le renforcement de l’indépendance de la justice passe nécessairement par» par cette mutation.
Cette évolution semble d’autant plus capitale aux yeux des magistrats sénégalais que le chef de l’Etat a fait de la lutte contre la corruption son principal cheval de bataille dans le cadre de ce qui a été appelé «gestion sobre et vertueuse» aux premières heures de l’alternance de 2012. D’où cette préoccupation qui semble établie entre «l’indépendance de la justice», d’une part, et «la lutte contre la corruption».
Sur ce registre de la bonne volonté, l’Ums fustige l’indifférence du pouvoir exécutif – d’hier à aujourd’hui – à rendre effective la modernisation de la Justice à travers des projets de textes rangés aux oubliettes depuis plus de dix ans, «en dépit de multiples promesses».
Des juges indépendants contre la corruption
Ici, l’Ums met le doigt sur une plaie béante : la quasi inefficacité des délits et faits de corruption qui caractérise la gouvernance Sall. En effet, au-delà de Karim Wade qui a été libéré dans les conditions rocambolesques et remis au Procureur général du Qatar venu le chercher à l’aéroport de Dakar, l’Ums peut s’offusquer avec raison du classement systématique des dossiers de corruption parvenus à la justice.
C’est le cas des dernières enquêtes de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac)) remises à l’autorité judiciaire depuis plusieurs semaines et restées sans suite. L’une d’elles concerne Cheikh Oumar Anne, le directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Dakar) et dont l’Ofnac, outre le dossier judiciaire établi, a demandé qu’il ne lui soit plus confié de responsabilités publiques en matière de gestion.
Par ailleurs, les magistrats sénégalais expriment des griefs ciblés à l’encontre des autorités de tutelle dans plusieurs domaines. Ce sont : des conditions de travail insupportables dans l’ensemble des juridictions avec en prime «l’insécurité et l’insalubrité», ainsi que le manque notoire d’effectifs suffisants. Il y a, en outre, les «blocages savamment entretenus» par Amadou Bâ, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, en rapport avec la construction d’un Centre de formation judiciaire «digne de ce nom», de même que «la faiblesse du budget» du ministère de la Justice qui rend possible «le dénuement total» du service public de la justice.
PAR MOMAR DIENG
Le sujet n’est pas abordé dans le communiqué rendu public ce mardi 12 juillet, mais la libération de Karim Wade le 23 juin dernier est lisible en filigrane entre les lignes d’exaspération exprimées par l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Une question est particulièrement retenue : le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature. Le CSM est une structure de décision dirigée par le Président de la République qui gère concrètement la carrière des magistrats, entre avancements, mises au frigo, sanctions disciplinaires diverses. De fait, le Csm est souvent considéré comme une épée de Damoclès aux mains du chef de l’Etat qui peut en user en toute subjectivité contre des magistrats indociles.
«Réformer le Csm en profondeur»
C’est, entre autres raisons, pour remédier à ce potentat devenu incongru que l’Union des magistrats sénégalais «exige» prestement que le Csm soit réformé «en profondeur», ce qui passe par «la sortie de l’exécutif du Conseil supérieur de la magistrature».
En d’autres termes, le Bureau exécutif de l’Ums demande que Macky Sall, Président du Conseil supérieur de la magistrature, ne le soit plus, de même que son ministre de la Justice qui en est le vice-président. Pour les magistrats sénégalais, «le renforcement de l’indépendance de la justice passe nécessairement par» par cette mutation.
Cette évolution semble d’autant plus capitale aux yeux des magistrats sénégalais que le chef de l’Etat a fait de la lutte contre la corruption son principal cheval de bataille dans le cadre de ce qui a été appelé «gestion sobre et vertueuse» aux premières heures de l’alternance de 2012. D’où cette préoccupation qui semble établie entre «l’indépendance de la justice», d’une part, et «la lutte contre la corruption».
Sur ce registre de la bonne volonté, l’Ums fustige l’indifférence du pouvoir exécutif – d’hier à aujourd’hui – à rendre effective la modernisation de la Justice à travers des projets de textes rangés aux oubliettes depuis plus de dix ans, «en dépit de multiples promesses».
Des juges indépendants contre la corruption
Ici, l’Ums met le doigt sur une plaie béante : la quasi inefficacité des délits et faits de corruption qui caractérise la gouvernance Sall. En effet, au-delà de Karim Wade qui a été libéré dans les conditions rocambolesques et remis au Procureur général du Qatar venu le chercher à l’aéroport de Dakar, l’Ums peut s’offusquer avec raison du classement systématique des dossiers de corruption parvenus à la justice.
C’est le cas des dernières enquêtes de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac)) remises à l’autorité judiciaire depuis plusieurs semaines et restées sans suite. L’une d’elles concerne Cheikh Oumar Anne, le directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Dakar) et dont l’Ofnac, outre le dossier judiciaire établi, a demandé qu’il ne lui soit plus confié de responsabilités publiques en matière de gestion.
Par ailleurs, les magistrats sénégalais expriment des griefs ciblés à l’encontre des autorités de tutelle dans plusieurs domaines. Ce sont : des conditions de travail insupportables dans l’ensemble des juridictions avec en prime «l’insécurité et l’insalubrité», ainsi que le manque notoire d’effectifs suffisants. Il y a, en outre, les «blocages savamment entretenus» par Amadou Bâ, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, en rapport avec la construction d’un Centre de formation judiciaire «digne de ce nom», de même que «la faiblesse du budget» du ministère de la Justice qui rend possible «le dénuement total» du service public de la justice.