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Chronique d’Albert : Pertes et profits de la recomposition du jeu politique

Jeudi 31 Octobre 2019

Chronique d’Albert : Pertes et profits de la recomposition du jeu politique
Le deuxième mandat du Président de la République, Macky Sall reconduit à l’issue de l’épreuve électorale de février 2019, ouvre un processus de recomposition du jeu et des forces politiques au  Sénégal. La majorité présidentielle œuvre à son élargissement à certains pans de l’opposition. Les composantes de la mouvance de l’opposition amorcent, elles, le cheminement d’une recomposition par des regroupements suivant des affinités des chefs de partis. Des logiques de pertes et profits de recomposition se mettent en place en vue probablement des prochaines électorales locales et nationales.
 
La « coalition Benno Yaakaar » a reconduit son candidat- Président au pouvoir. Elle regroupe des composantes politiques très variées. Républicains, socialistes, progressistes et acteurs de l’ancienne gauche regroupant des courants de pensée issus des rangs maoïstes, trotskistes, marxistes et patriotiques et des acteurs de la société civile. La victoire  de la majorité présidentielle  à la dernière présidentielle de février 2019 résulte  de  ses capacités à préserver son unité autour de son chef pendant le premier mandat du Président sortant.
 
Paradoxalement, la victoire du Benno Yaakar et sa suprématie électorale ouvrent après la défaite de l’opposition une dynamique de reconstruction de la majorité présidentielle. Le chef de la coalition a en place  deux mécanismes décisifs allant tous le sens du renforcement de l’influence du Président de la République et de l’élargissement de la majorité à des pans de l’opposition. Il s’agit des retrouvailles entre le Président de la République en exercice et l’ancien Président de la République, Abdoulaye Wade, d’un côté, et la mise en œuvre du dialogue politique national inclusif, de l’autre côté. Macky Sall consolide, ratisse large par ses deux piliers : son pouvoir et sa majorité.
 
Ces deux mécanismes pourraient à  terme apaiser le climat social et politique très tendu après la présidentielle de 2019 et de redonner un second souffle au  pouvoir républicain à travers le débat contradictoire et les échanges au sujet des questions d’intérêt national,  des urgences sociales et économiques. La formation d’un gouvernement élargi à certains responsables des adversaires au cours du premier mandat présidentiel est une possibilité virtuelle. Il en est  de même  d’éventuels  accords électoraux  avec une partie de l’opposition pendant les prochaines élections locales, voire les législatives.
 
L’opposition sénégalaise est probablement consciente des enjeux de la restructuration des bases politiques du pouvoir, des effets organisationnels de sa défaite politique à l’issue de l’épreuve électorale. Les adversaires ont accepté le principe de participer au dialogue politique et au dialogue national. Malgré les critiques acerbes à l’adresse du Président de la République et son pouvoir en matière de gouvernance politique et économique, d’organisation des élections, les acteurs de l’opposition, dialoguent avec le pouvoir et la société civile. Ils sont à la  recherche de consensus politiques.
 
Cette ouverture d’esprit des opposants se combine à une nouvelle recomposition des forces politiques de l’opposition. Les retrouvailles entre le chef de la Coalition Benno Bokk Yaakaaar et le Secrétaire Général du Parti Démocratique Sénégalais, laissent penser à une nouvelle posture des libéraux. Ils abandonneront la posture d’une opposition radicale au pouvoir et à son animateur principal au profit d’une conduite plus ou moins acceptable par le pouvoir. Ce basculement prévisible de la posture libérale nourrit déjà de nouveaux mécanismes de recomposition de l’autre frange de l’opposition.
 
La première rencontre regroupant entre autres, les responsables de Rewmi, de Bokk Guis Guis, de l’ancien candidat-Président du Pur et de la coalition Madické Niang annonce un regroupement  d’un pôle de l’opposition sous la conduite des anciens candidats-Présidents à la présidentielle de février 2019. Un autre pôle de l’opposition va certainement se créer. Ce deuxième pôle des adversaires pourrait regrouper les radicaux socialistes et patriotes de l’opposition future.
 
Ce processus de reconstruction bien complexe du pouvoir et de son opposition éclatée par ses enjeux et ses alliances imprévisibles secrétera la naissance de plusieurs pôles politiques : républicain, libéral, socialiste, patriotique. Le Président de la République en exercice pourrait au moins avoir un partenaire-allié évoluant dans l’opposition.
 
L’opposition aura plusieurs visages, notamment, participationniste, modéré et radical. La configuration de cette recomposition de l’opposition aura sans nul doute des effets non négligeables sur le rapport de forces entre le pouvoir étatique et ses adversaires. Ces derniers seront divisés entre des pôles politiques modérés et radicaux. Le pouvoir préservera par contre son unité politique, son influence et ses capacités de nuisance. Le Président de la République aura  un ou des alliés dans la mouvance de l’opposition avec qui, il pourra trouver à tout moment de la vie politique, des accords ponctuels pour gouverner, pour apaiser les tensions sociales politiques et au besoinisoler, voire mâter  les radicaux.
Mamadou Sy Albert
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