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EDITORIAL

C’est par la terreur du limogeage systématique que le président de la République tient en laisse son camp et ses alliés de Benno Bokk Yaakaar sur la question d’un 3e mandat en sa faveur. Mais un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, Macky Sall devra regarder les Sénégalais les yeux dans les yeux pour leur dire ce qu’il entend faire en 2024…


3E MANDAT : Ce que cachent les purges de Macky Sall
Les purges qui se succèdent dans la galaxie présidentielle en rapport avec l’évocation d’un 3e mandat qui serait impossible pour le futur chef de l’Etat sortant risquent de polluer le…mandat en cours de Macky Sall. Après Sory Kaba, le directeur général des Sénégalais de l’Extérieur, c’est au tour du ministre-conseiller Moustapha Diakhaté de passer à la trappe, les deux ayant allègrement et courageusement franchi les lignes interdites par le palais.
 
En attendant que les juristes continuent de s’écharper autour de l’article 27 de la Constitution, une situation inédite se pose. Dans la Constitution de 2016, le président de la République a souhaité régler définitivement cette question en posant l’acte suivant : «La durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats successifs.»
 
En principe, il ne devait plus y avoir de débat, d’autant que le chef de l’Etat lui-même est ensuite intervenu pour confirmer sa volonté : «Nul ne peut plus faire plus de deux mandats successifs.» Mais il se trouve que deux éminents juristes, les Pr Babacar Guèye et Jacques Mariel Nzouankeu, ont tenté de démontrer que la porte d’un 3e mandat successif reste quand même ouverte pour le président en exercice.
 
La faute, selon eux, à la suppression des dispositions transitoires contenues dans l’ancienne charte fondamentale et qui organisaient la dévolution et l’enchaînement des mandats. Encore qu’il faille noter que ces dispositions là n’avaient pas empêché Abdoulaye Wade de briguer un 3e mandat contre l’avis d’une majorité écrasante de juristes…
 
Protéger le mandat en cours ?
 
Il y a bien longtemps que le président Macky Sall ne s’est plus prononcé sur une question naturellement revenue au devant de l’actualité au lendemain de la présidentielle de février 2019. Il est donc utile et nécessaire pour la démocratie sénégalaise et pour la visibilité et la transparence des joutes politiques que la volonté originelle du chef de l’Etat de ne pas se représenter en 2024 fût réaffirmée avec force. Cela n’a pas été fait. Pour quelles raisons ? On l’ignore. Et c’est à ce niveau que réside une part du mystère qui entoure la démarche brutale de Macky Sall contre ceux de son camp qui lui suggèrent de penser déjà à sa reconversion dans moins de cinq ans.
 
Certes, il est dans son droit de vouloir protéger coûte que coûte un ultime mandat, celui de la réalisation du Plan d’action prioritaire de la phase 2 du PSE, contre les incontournables batailles de positionnement qui vont avoir cours au plus haut sommet de l’Etat et du pouvoir. Immanquablement, le choc des ambitions va opposer des «héritiers» plus ou moins légitimes qui vont se disputer la maîtrise de l’appareil d’Etat et des autres leviers censés être des outils stratégiques sur le chemin d’accès à la fonction suprême.
 
Le «sang» va couler à flot, il y aura des larmes et de la sueur, le bilan risque d’être lourd en termes de dégâts politiques dans la mouvance présidentielle. Les principales figures du régime porteuses de projet politique et désireuses de s’émanciper de la tutelle de Sall sortiront du bois à un moment ou à un autre pour affronter un éventuel système d’usurpation, quitte à coaliser avec des franges significatives de l’opposition et de la société civile dans un combat purement citoyen. In fine, le pays tout entier pourrait être en danger.
 
Macky Sall a-t-il l’intention de faire un 3e mandat consécutif en 2024 ? Après avoir dit publiquement «non» à cette perspective, le voilà dans le doute. Il doute fondamentalement de lui-même, de sa (bonne) intention originelle, de son avenir à la tête du Sénégal. Il ne semble plus avoir de certitudes saines sur le sujet tant est grand ce doute illégitime.
 
Pourtant, un mot, une phrase, une confirmation, nets et précis peuvent mettre fin à cette ambiance délétère qui commence à taper sur les nerfs. Nenni ! En lieu et place d’une réponse d’intérêt national, il érige la purge en un système d’autodéfense auquel il ne manque que les fusillades au poteau dans des zones sombres de l’arrière-pays pour tomber dans le stalinisme.
 
Macky Sall a-t-il parlé trop vite ?
 
Derrière ce silence bavard et dramatiquement vaudevillesque qu’il impose à ses ouailles, en gros une armée de fidèles sans ambition autre que de prolonger leur séjour sous les lambris du pouvoir, le chef de l’Etat engage une longue guerre d’usure contre lui-même, contre ses amis et ses alliés, du moins ceux qui ont à cœur de prouver que la politique peut encore compter sur des hommes et femmes intègres pour qui la parole d’un chef d’Etat équivaut à une loi.
 
Malheureusement, le président Sall est si mal à l’aise sur le sujet que ses états de services en matière de promesse politique et institutionnelle ne plaident pas en sa faveur. Son reniement spectaculaire sur la durée du premier mandat (2012-2019) est encore trop frais dans les mémoires. Digne de confiance ? Pour certains, la question ne se pose même plus, c’est dire…
 
Macky Sall a-t-il parlé trop vite ? Peut-être. Dans tous les cas, il est impératif qu’il  mettre fin à son jeu favori d’être en tête-tête avec lui-même quand l’intérêt national exige transparence et clarté chez le premier magistrat du pays. S’est-il rendu compte que l’inauguration d’une bonne partie des grands projets dits structurants de son cher Plan Sénégal Emergent pourrait avoir lieu en dehors du mandat actuel ? Probablement mais il est de notoriété publique que les hommes passent et que les institutions demeurent. Voudrait-il assurer ses arrières en promouvant un homme ou une femme capable de «gérer» les actifs et passifs d’un héritage alourdi par une mal gouvernance historique ? Ce serait «légitime» mais le Sénégal reste une démocratie jusqu’à preuve du contraire. 
C’est justement parce que nous sommes une démocratie – majeure, selon le président Macky Sall – que le genre d’incertitude entourant le mandat du chef de l’Etat est inacceptable. Vivement que le président de la République siffle la fin d’une récréation qui ne ressemble plus à rien.  
 

«DESIR» ET «VOLONTE» : Macky Sall ou le refoulé d’un scandale moral et démocratique
« La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce. Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai comme j’ai eu à le faire. »
 
Notre confrère de RFI qui a interviewé le chef de l’Etat sénégalais a sans doute eu froid dans le dos en entendant Macky Sall recourir à des mots aussi peu innocents que « volonté » et « désir » pour exprimer le caractère omnipotent de sa posture comme Administrateur général du dossier Khalifa Ababacar Sall. Dans les dédales de la littérature scientifique autour de ces deux vocables, les équivalents les plus fréquents sont : motivation cachée, insatisfaction, jouissance, besoin, manque à combler, etc. Et quand le sujet principal touche à l’adversité politique, cette association de mots a néanmoins le don de fournir des éléments de confirmation.
 
Dans aucun pays démocratique digne de ce nom, un président de la République ne prononcerait en public de tels mots à l’endroit d’un adversaire qui, à bon escient, se définit comme prisonnier politique du pouvoir régnant. «Désir» et «volonté» traduisent effectivement chez le président sénégalais la jouissance à centraliser à son niveau un conflit politique dont il tire les ficelles avec évidence depuis l’origine.
 
Ils sont l’expression d’une posture de puissance qui rappelle au monde politique sénégalais, en particulier aux récalcitrants opposés à la démocrature qui s’est installée depuis 2012, qu’il y a un chef à la barre. L’exposition d’un moi surdimensionné échafaudé dans l’accoutumance aux délices du pouvoir ressort de l’inflation de «je» : 4 à la suite dans une phrase de 21 mots, ce doit être un record mondial en la matière. Avec un tel environnement mental qui fait de l’épicerie politique une activité normale intégrée à la gouvernance du pays, il y a de quoi s’inquiéter.  
 
Dans un genre plus prosaïque, le président Macky Sall «promet» de faire du dossier Khalifa Sall ce qu’il voudra bien en faire. C'est-à-dire un objet de marchandage qui fera partie de son agenda politique. Au-delà de la mauvaise foi qui consiste à faire croire que tous les prisonniers de Rebeuss sont politiquement et socialement égaux, le chef de l’Etat semble considérer l’ex maire de Dakar comme une monnaie d‘échange et un moyen de pression dans le cadre des campagnes politiques à l’horizon. De quelles façons ? Lui seul le sait. Mais au final, ce ne pourrait être qu’un scandale démocratique. Un de plus, et certainement pas le dernier. L’avenir de Khalifa Ababacar Sall lui appartient, estime-t-il. Mon Dieu !

GMS: Le pouvoir aux prises avec « son ennemi numéro 1 »
Arrêté le 16 juillet dernier et inculpé trois jours plus tard pour « diffusion de fausse alerte au terrorisme », Guy Marius Sagna est l’objet d’une attention particulière, notamment des organisations de la société civile sénégalaise dont il est devenu un moteur essentiel en termes de mobilisation sur plusieurs fronts de lutte. « Son incarcération suscite l’indignation de la société civile qui appelle à une manifestation vendredi 2 août » à la place de la Nation, écrit le site Mediapart. « Le 26 juillet, Amnesty Sénégal, la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH) et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) ont demandé sa libération et dénoncé une atteinte à la liberté d’opinion », poursuit notre confrère.
 
 « Guy Marius Sagna incarne la radicalité la plus profonde au Sénégal »
Pour le ministère de la Justice interrogé par Mediapart, le militant ‘anti-impérialiste’ a été arrêté « suite à une enquête relative à une déclaration du mouvement Frapp France Dégage faisant état
D’un attentat que la France préparerait sur le sol sénégalais. Une telle déclaration peut porter atteinte à la sécurité des citoyens français vivant au Sénégal, mais aussi installer la peur dans le pays. L’Etat, en tant que garant de la sécurité des personnes et des biens, a agi pour tirer cette affaire au clair. » Néanmoins, relève Mediapart, Sagna n’est ni coordonnateur ni porte-parole de Frapp France Dégage. En sus, il « n’était pas présent » à la conférence de presse d’où est sortie la déclaration sur « l’alerte au terrorisme ».
 
En réalité, souligne Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise pour les droits humains (LSDH), la procédure enclenchée par les autorités sénégalaise n’est pas « innocente », elle vise à réduire au silence « l’ennemi numéro un du régime », « celui qui incarne aujourd’hui la radicalité la plus profonde au Sénégal. » C’est pourquoi Me Amadou Diallo estime qu’il y a « acharnement » contre son client.
 
Interrogé également par Mediapart, Me Koureyssi Bâ abonde dans le même sens. « C’est une dérive inacceptable qui atteste d’un recul des libertés et droits fondamentaux au Sénégal. Il ne se passe plus de jour sans qu’ils soient menacés : on écroue des lanceurs d’alerte parce que ce qu’ils disent ou écrivent gêne au plus haut niveau. C’est affligeant, triste et révoltant. » Il ajoute : « En toile de fond, il y a le scandale concernant les hydrocarbures, la gestion des minerais et des marchés publics, c’est-à-dire tout ce que dénoncent les lanceurs d’alerte, activistes et blogueurs. Ils défendent les intérêts des Sénégalais, mais c’est un combat qui est mal accepté par les autorités. »
 

OTD : Homme d’Etat, sans doute, mais aussi politicien
Confidence d’un collaborateur et ami de longue date du président de la République : « Macky Sall a tellement confiance en Ousmane Tanor Dieng (OTD) qu’il s’ouvre à lui sur des questions d’une extrême sensibilité, sans crainte. » Sous-entendu : sans craindre que leurs échanges se retrouvent sur la place publique et dans la presse.
 
Ainsi était Ousmane Tanor Dieng, homme fort du Parti socialiste depuis plus de deux décennies. Sa discrétion sur les affaires d’Etat et sur lui-même était légendaire. A la consommation journalistique, il distillait juste l’essentiel, loin des vagues qui charriaient le sensationnel. C’était un Sérère bon teint dont le verbe et la gestuelle semblaient fusionner avec les valeurs de son terroir d’enfance et d’adulte : Nguéniène.
 
En fin de compte, OTD exaspérait même ses interlocuteurs par sa capacité à taire ce qui devait s’extirper de ses entrailles. Lui était dans une autre dimension : il y a des choses qu’un homme qui a été au cœur de l’Etat et de la République durant plusieurs années n’avait pas le droit de divulguer. C’était sa manière à lui de se protéger, mais aussi et surtout de mettre à l’abri cette République et cet Etat dont les intérêts fondamentaux étaient devenus ses directeurs de conscience. Là était enfouie sa part d’ombres et de mystères dont on ne saura rien, mais alors rien. A jamais.
 
Mais en même temps, en investissant le champ politique, Ousmane Tanor Dieng avait choisi de substituer au service d’Etat qui était sa marque de fabrique un autre idéal, politique celui-là, politicien, disent ses adversaires. En passant de la station discrète du diplomate de vocation qu’il était à celle du chef de parti porteur d’ambitions suprêmes, il s’est exposé aux jeux de controverses politiciennes en devenant un acteur partisan.
 
Les guerres rudes et impitoyables qu’il a livrées à ses adversaires au sein du parti socialiste témoignent de ce glissement particulier du statut de serviteur d’Etat à celui de protagoniste politique condamné à gérer des contradictions ingérables. La dernière bataille menée contre Khalifa Sall et ses amis, en lien avec les positionnements politiques du Ps dans la majorité présidentielle, est l’exemple typique de ce déchirement.
 
Nos condoléances à sa famille, à ses parents et amis de Nguéniène, aux responsables et militants du Parti socialiste, à ses collaborateurs du Haut conseil des collectivités territoriales, à ses amitiés politiques et professionnelles… Que Dieu lui fasse grand bien !

SOUTIEN AUX HOMOSEXUELS : Quand OXFAM passe à l’acte
L’ONG OXFAM, consortium d’organisations mondialement célèbre pour ses activités visant à lutter contre la pauvreté dans les pays sous-développés, à favoriser un commerce plus équitable au profit des producteurs agricoles et industriels du Tiers monde, est également active dans la promotion d’une catégorie particulière d’individus : les homosexuels. Notamment ceux qui sont employés dans ses réseaux.
 
Cette tendance a été dévoilée et amplifiée par la lettre rendue publique dimanche par un de ses employés ayant refusé de suivre les directives de la hiérarchie et qui se trouve, pour cela, menacé de licenciement devant l’inspection du travail. L’employé en question, Elimane Haby Kane, relate l’affaire en ces termes.
 
« Vendredi 28 juin, vers 9.00. Oxfam International a envoyé un email commun à tous les agents d’Oxfam intitulé « Lettre d’amour » dans lequel il est question de la condition des LGBTI dans l’organisation et de la nécessité de les promouvoir, de leur donner des postes de responsabilité, de renforcer leur leadership dans les pays du Sud et la lettre se termine par une menace aux pays et agents qui refuseraient leur solidarité à cette nouvelle vision d’Oxfam de quitter la confédération. »
 
(…) « A la lecture de l’email je décide d’y répondre en dénonçant son caractère irrespectueux et violent, en démontrant comment cette injonction est contradictoire aux principes défendus par Oxfam en voulant imposer à tous une vision non partagée. Je décline la lettre et évoque les éventuelles conséquences qu’elle pourrait avoir sur le bureau d’Oxfam au Sénégal et la sécurité des agents. » (voir la réplique d’Elimane Haby Kane in extenso)
 
Dans cette affaire, il est tout d’abord impératif d’aller au-delà de la personne de monsieur Kane pour mieux appréhender la gravité de la démarche irrespectueuse d’Oxfam dans « les pays du Sud ». Sous le couvert d’intentions louables ayant trait à l’instauration de politiques plus justes et équitables au profit des couches défavorisées, Oxfam travaille en souterrain sur un autre front qui ne devait jamais être de son ressort : la modélisation de notre vie sociale et sa transformation sur le modèle dominant de l’Occident.
 
Cette orientation agressive est totalement inacceptable dans un pays d’essence croyante où la promotion d’anti-valeurs religieuses n’a pas sa place. Les pressions exercées sur les employés locaux et visant à les embrigader dans un combat d’arrière-garde sont non seulement intolérantes et donc contraires aux idéaux défendus par la confédération, mais elles consacrent fondamentalement un manque flagrant de respect pour des personnes dont la foi religieuse et la moralité ne sauraient cohabiter une seule seconde avec des injonctions pro-gay, pro-lesbiennes ou pro-transgenres d’où qu’elles viennent.
 
Ce scandale OXFAM ne devrait donc pas laisser l’Etat du Sénégal indifférent, ni même les organisations religieuses qui s’emploient tant bien que mal à arrêter les dérives morales qui secouent notre pays par divers canaux de plus en plus puissants. Il y a lieu pour les autorités sénégalaises de voir de plus près l’agenda caché de certaines ONG locales et internationales qui travaillent étroitement avec certaines ambassades de pays occidentaux pour la promotion de ce qui peut nous différencier des autres…
 
 
 

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