Après cinq ans passés à la tête du pays, le président de la République Macky Sall tente de saisir le problème du chômage de masse des jeunes. Pendant la campagne présidentielle de 2012, il avait un programme ambitieux de 500000 emplois à réaliser durant son mandat. Une certaine propension populiste pousse nos politiciens professionnels à proposer des politiques peu crédibles pour tenter d’amadouer les lecteurs sénégalais.
Pour l’essentiel, beaucoup de citoyens se sont réjouis de cette volonté manifeste du président Macky Sall d’offrir des emplois rémunérés et porteurs de progrès social. Dans cette optique, il suit les traces de son ancien mentor maître Abdoulaye Wade qui durant toute la campagne présidentielle de 2000 demandait inlassablement à toutes les citoyens sénégalais qui n’ont pas de travail de lever la main. Ils furent des millions à accomplir ce geste avec espoir d’un lendemain meilleur. Depuis plusieurs décennies, le problème demeure insoluble pour nos autorités politiques.
Toutefois, une politique d’emploi doit s’appuyer sur des données quantifiables et en rapport avec la situation macroéconomique du pays. Dans un pays où tout est exsangue, se réveiller de son sommeil pour annoncer la création de milliers d'emplois à la baguette relève de l'imprudence ou du cynisme. Les autorités de la République ne parlent plus de cette promesse de son Excellence notre président par défaut Macky Sall, ils surfent maintenant sur le faible niveau de qualification des citoyens sénégalais pour espérer décrocher un emploi en se dédouanant de leur engagement ferme et non tenu de résorber le chômage de masse des jeunes.
Engagement oublié
La non-qualification des jeunes n’est pas une situation nouvelle pour n’importe quel observateur objectif. Elle est la résultante de notre système éducatif, qui n’est pas par ailleurs formaté afin de pouvoir permettre aux étudiants de s'insérer facilement au marché du travail. Venir maintenant nous asséner froidement que le manque criard de débouchés pour les jeunes est dû à leur inaptitude face aux exigences techniques du marché de l’emploi relève de l'irresponsabilité de nos décideurs politiques de trouver les voies et moyens pour permettre aux jeunes citoyens sénégalais de trouver un travail digne et bien rémunéré.
Il faut aussi ajouter comme pour chaque alternance démocratique au Sénégal, seuls les proches des autorités de la République parviennent à décrocher un nouveau job et à se faire une place au soleil nonobstant leur incapacité notoire à occuper des postes de direction voire de responsabilité.
Il est également ahurissant d’entendre ici et maintenant le président Macky Sall réclamer de son gouvernement des « initiatives volontaristes et ambitieuses » pour régler le problème récurrent de l’emploi des jeunes comme s’il avait négligé voire oublié son engagement auprès de la jeunesse sénégalaise. Il ne veut pas admettre qu’il a royalement échoué dans son approche de la question de l’emploi des jeunes.
Pour qu’une politique de l’emploi des jeunes soit efficace, il y a lieu de bien cerner les différentes catégories de jeunes et les profils existants sur le marché du travail. J’estime que le président Macky Sall n’a pas jugé utile de recouper toutes les données statistiques relatives à la situation des jeunes avant de faire sa promesse farfelue, qui au demeurant, ne repose que sur du vent.
Les autorités de la République doivent établir un distinguo entre les jeunes inactifs, qui sont sortis du système éducatif trop tôt ou qui n’ont pas reçu une formation dans les métiers du secteur primaire (maçonnerie, menuiserie, carrelage, électricité etc…) et les jeunes diplômés sans emploi.
Pour les premiers, il sied pour le gouvernement de mettre urgemment un système de formation professionnelle qualifiante pour pouvoir les insérer dans le marché du travail. Toutefois, le simple fait d’intégrer ces jeunes dans le marché du travail ne suffit pas. Il revient par ailleurs à nos autorités politiques de faire de sorte que ces emplois créés soient pérennes en permettant à ce secteur de PME Locales de pouvoir bénéficier à hauteur de plus de 50% de la commande publique. Il faut également que le gouvernement mette en valeur le travail de nos menuisiers, de nos maçons en requérant leurs forces et compétences pour la construction de nos édifices publics.
Mettre fin au népotisme
S’agissant des jeunes diplômés, il faut organiser en toute transparence des appels à candidatures pour les intégrer dans la fonction publique et dans les sociétés nationales. Dans ce cadre, il est un devoir impérieux pour nos gouvernants de mettre fin au népotisme et au clientélisme politique. L’émergence économique implique un traitement égal des citoyens sénégalais. Il faut également adopter une véritable rupture en refusant de remettre au travail des politiciens ou des cadres du troisième âge. Il faut oser miser sur la volonté de nos jeunes pour développer notre pays et non sur ces politiciens professionnels qui veulent profiter de notre système politique jusqu’à leur lit de mort.
Par ailleurs, il existe une autre approche plus radicale pour permettre aux jeunes citoyens de trouver un travail digne et bien rémunéré. Cette approche exige du courage et un sens élevé de l’intérêt général de la part de nos décideurs politiques. Au Sénégal, nous avons la chance de disposer d’eaux territoriales très poissonneuses. Il faut davantage miser sur les potentialités énormes du secteur de la pêche. Les conditions de vie de nos pêcheurs sont indignes. Le Sénégal a perdu beaucoup de ses fils à cause de l’accaparement de nos ressources halieutiques par des firmes étrangères.
L’Etat du Sénégal peut inverser la tendance en mettant un terme à ces accords de pêche illico presto ou de refuser d’en signer de nouveaux et par de voie de conséquence investir et moderniser le secteur. Cela permettra la création de milliers d’emplois et aura un impact significatif sur le développement inclusif de notre nation.
Rémunérer les jeunes qui travaillent dans les champs des marabouts
Une autre approche est de proposer une agriculture moderne et diversifiée à la jeunesse paysanne du pays. Nous avons beaucoup de terres fertiles et irrigables tout le long de l'année. L’Etat du Sénégal doit mettre plus de moyens afin de développer ce secteur qui regroupe en son sein plus de 60% de la population sénégalaise. Il est impératif également de donner un revenu à tous les jeunes qui s’activent quotidiennement dans les domaines communautaires. Le rôle de la puissance publique est permettre à tous les sénégalais qui offrent leurs forces en échange d’un travail soient payés à hauteur de leurs efforts voire engagements. A cet effet, nos compatriotes qui travaillent ardemment dans les champs des marabouts doivent être rémunérés afin de leur permettre de se construire socialement.
J’estime que même s’ils le font gratuitement pour leur guide spirituel, tout travaille mérite un salaire adéquat. Tout de même, ils peuvent gratuitement selon leur serment d’allégeance travailler 2 ou 3 jours pour leur marabout en toute liberté et sans contrainte, mais le reste de leurs prestations doit être payé. Il faut que cette forme d’exploitation, qui d’ailleurs ne profite qu'à une certaine catégorie de marabouts, cesse pour le bien de la société. Pour une société émergente, nous devons tous conjuguer nos efforts pour arriver à cette fin : une vie bienfaisante et heureuse.
L’Etat doit aussi revoir sa politique relative au secteur tertiaire. Il a le devoir de changer la donne en augmentant sa participation dans le fleuron des télécoms, la Sonatel pour devenir actionnaire majoritaire même si cette opération va déplaire profondément l’ancienne puissance coloniale la France afin d’engranger d'importants profits pouvant permettre le financement des secteurs vitaux de l’économie sénégalaise tels que l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et la pêche.
Il appartient aux autorités de la République de propulser la voie du changement de mentalités en utilisant toutes nos ressources humaines et naturelles afin d’asseoir un développement économique et social durable et inclusif. Le moteur véritable de cette démarche repose sur le courage et le patriotisme économique. C’est presque rien pour venir à bout au problème crucial de l’emploi des jeunes citoyens sénégalais, mais c’est sans aucun doute trop demander à nos autorités politiques. Il faut s’armer davantage de courage et de détermination pour vaincre ces goulots (les sociétés étrangères, une certaine classe politico-affairiste et maraboutique, la corruption, la concussion, le népotisme etc.) qui étranglent la société sénégalaise de toutes parts sous le regard complaisant et irresponsable des autorités de la République.
Nos autorités publiques doivent oser le pari d’amorcer des ruptures profondes dans notre façon de gérer les affaires de la Cité qui fassent un choc retentissant au sein de la société afin qu’elle prenne conscience de ses responsabilités et se réveille en sursaut de son long sommeil pour un meilleur devenir de la nation sénégalaise.
massambandiaye2012@gmail.com
Pour l’essentiel, beaucoup de citoyens se sont réjouis de cette volonté manifeste du président Macky Sall d’offrir des emplois rémunérés et porteurs de progrès social. Dans cette optique, il suit les traces de son ancien mentor maître Abdoulaye Wade qui durant toute la campagne présidentielle de 2000 demandait inlassablement à toutes les citoyens sénégalais qui n’ont pas de travail de lever la main. Ils furent des millions à accomplir ce geste avec espoir d’un lendemain meilleur. Depuis plusieurs décennies, le problème demeure insoluble pour nos autorités politiques.
Toutefois, une politique d’emploi doit s’appuyer sur des données quantifiables et en rapport avec la situation macroéconomique du pays. Dans un pays où tout est exsangue, se réveiller de son sommeil pour annoncer la création de milliers d'emplois à la baguette relève de l'imprudence ou du cynisme. Les autorités de la République ne parlent plus de cette promesse de son Excellence notre président par défaut Macky Sall, ils surfent maintenant sur le faible niveau de qualification des citoyens sénégalais pour espérer décrocher un emploi en se dédouanant de leur engagement ferme et non tenu de résorber le chômage de masse des jeunes.
Engagement oublié
La non-qualification des jeunes n’est pas une situation nouvelle pour n’importe quel observateur objectif. Elle est la résultante de notre système éducatif, qui n’est pas par ailleurs formaté afin de pouvoir permettre aux étudiants de s'insérer facilement au marché du travail. Venir maintenant nous asséner froidement que le manque criard de débouchés pour les jeunes est dû à leur inaptitude face aux exigences techniques du marché de l’emploi relève de l'irresponsabilité de nos décideurs politiques de trouver les voies et moyens pour permettre aux jeunes citoyens sénégalais de trouver un travail digne et bien rémunéré.
Il faut aussi ajouter comme pour chaque alternance démocratique au Sénégal, seuls les proches des autorités de la République parviennent à décrocher un nouveau job et à se faire une place au soleil nonobstant leur incapacité notoire à occuper des postes de direction voire de responsabilité.
Il est également ahurissant d’entendre ici et maintenant le président Macky Sall réclamer de son gouvernement des « initiatives volontaristes et ambitieuses » pour régler le problème récurrent de l’emploi des jeunes comme s’il avait négligé voire oublié son engagement auprès de la jeunesse sénégalaise. Il ne veut pas admettre qu’il a royalement échoué dans son approche de la question de l’emploi des jeunes.
Pour qu’une politique de l’emploi des jeunes soit efficace, il y a lieu de bien cerner les différentes catégories de jeunes et les profils existants sur le marché du travail. J’estime que le président Macky Sall n’a pas jugé utile de recouper toutes les données statistiques relatives à la situation des jeunes avant de faire sa promesse farfelue, qui au demeurant, ne repose que sur du vent.
Les autorités de la République doivent établir un distinguo entre les jeunes inactifs, qui sont sortis du système éducatif trop tôt ou qui n’ont pas reçu une formation dans les métiers du secteur primaire (maçonnerie, menuiserie, carrelage, électricité etc…) et les jeunes diplômés sans emploi.
Pour les premiers, il sied pour le gouvernement de mettre urgemment un système de formation professionnelle qualifiante pour pouvoir les insérer dans le marché du travail. Toutefois, le simple fait d’intégrer ces jeunes dans le marché du travail ne suffit pas. Il revient par ailleurs à nos autorités politiques de faire de sorte que ces emplois créés soient pérennes en permettant à ce secteur de PME Locales de pouvoir bénéficier à hauteur de plus de 50% de la commande publique. Il faut également que le gouvernement mette en valeur le travail de nos menuisiers, de nos maçons en requérant leurs forces et compétences pour la construction de nos édifices publics.
Mettre fin au népotisme
S’agissant des jeunes diplômés, il faut organiser en toute transparence des appels à candidatures pour les intégrer dans la fonction publique et dans les sociétés nationales. Dans ce cadre, il est un devoir impérieux pour nos gouvernants de mettre fin au népotisme et au clientélisme politique. L’émergence économique implique un traitement égal des citoyens sénégalais. Il faut également adopter une véritable rupture en refusant de remettre au travail des politiciens ou des cadres du troisième âge. Il faut oser miser sur la volonté de nos jeunes pour développer notre pays et non sur ces politiciens professionnels qui veulent profiter de notre système politique jusqu’à leur lit de mort.
Par ailleurs, il existe une autre approche plus radicale pour permettre aux jeunes citoyens de trouver un travail digne et bien rémunéré. Cette approche exige du courage et un sens élevé de l’intérêt général de la part de nos décideurs politiques. Au Sénégal, nous avons la chance de disposer d’eaux territoriales très poissonneuses. Il faut davantage miser sur les potentialités énormes du secteur de la pêche. Les conditions de vie de nos pêcheurs sont indignes. Le Sénégal a perdu beaucoup de ses fils à cause de l’accaparement de nos ressources halieutiques par des firmes étrangères.
L’Etat du Sénégal peut inverser la tendance en mettant un terme à ces accords de pêche illico presto ou de refuser d’en signer de nouveaux et par de voie de conséquence investir et moderniser le secteur. Cela permettra la création de milliers d’emplois et aura un impact significatif sur le développement inclusif de notre nation.
Rémunérer les jeunes qui travaillent dans les champs des marabouts
Une autre approche est de proposer une agriculture moderne et diversifiée à la jeunesse paysanne du pays. Nous avons beaucoup de terres fertiles et irrigables tout le long de l'année. L’Etat du Sénégal doit mettre plus de moyens afin de développer ce secteur qui regroupe en son sein plus de 60% de la population sénégalaise. Il est impératif également de donner un revenu à tous les jeunes qui s’activent quotidiennement dans les domaines communautaires. Le rôle de la puissance publique est permettre à tous les sénégalais qui offrent leurs forces en échange d’un travail soient payés à hauteur de leurs efforts voire engagements. A cet effet, nos compatriotes qui travaillent ardemment dans les champs des marabouts doivent être rémunérés afin de leur permettre de se construire socialement.
J’estime que même s’ils le font gratuitement pour leur guide spirituel, tout travaille mérite un salaire adéquat. Tout de même, ils peuvent gratuitement selon leur serment d’allégeance travailler 2 ou 3 jours pour leur marabout en toute liberté et sans contrainte, mais le reste de leurs prestations doit être payé. Il faut que cette forme d’exploitation, qui d’ailleurs ne profite qu'à une certaine catégorie de marabouts, cesse pour le bien de la société. Pour une société émergente, nous devons tous conjuguer nos efforts pour arriver à cette fin : une vie bienfaisante et heureuse.
L’Etat doit aussi revoir sa politique relative au secteur tertiaire. Il a le devoir de changer la donne en augmentant sa participation dans le fleuron des télécoms, la Sonatel pour devenir actionnaire majoritaire même si cette opération va déplaire profondément l’ancienne puissance coloniale la France afin d’engranger d'importants profits pouvant permettre le financement des secteurs vitaux de l’économie sénégalaise tels que l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et la pêche.
Il appartient aux autorités de la République de propulser la voie du changement de mentalités en utilisant toutes nos ressources humaines et naturelles afin d’asseoir un développement économique et social durable et inclusif. Le moteur véritable de cette démarche repose sur le courage et le patriotisme économique. C’est presque rien pour venir à bout au problème crucial de l’emploi des jeunes citoyens sénégalais, mais c’est sans aucun doute trop demander à nos autorités politiques. Il faut s’armer davantage de courage et de détermination pour vaincre ces goulots (les sociétés étrangères, une certaine classe politico-affairiste et maraboutique, la corruption, la concussion, le népotisme etc.) qui étranglent la société sénégalaise de toutes parts sous le regard complaisant et irresponsable des autorités de la République.
Nos autorités publiques doivent oser le pari d’amorcer des ruptures profondes dans notre façon de gérer les affaires de la Cité qui fassent un choc retentissant au sein de la société afin qu’elle prenne conscience de ses responsabilités et se réveille en sursaut de son long sommeil pour un meilleur devenir de la nation sénégalaise.
massambandiaye2012@gmail.com