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Incendie chez Bolloré Logistics : le préfet écarte un risque chimique, des confinements ou des évacuations

Mardi 17 Janvier 2023

"Il n'y avait pas lieu de déclencher de système d’alerte, d’évacuer ni de confiner au regard des analyses faites par les pompiers", a assuré le préfet de Seine-Maritime, qui a promis que les relevés seraient rendus publics.

Le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, a déploré mardi 17 janvier la diffusion de "fausses nouvelles" après l'incendie dans un bâtiment industriel loué par Bolloré Logistics à Grand-Couronne, près de Rouen, et contenant quelque 12.000 batteries au lithium. Plus d'une centaine de pompiers étaient encore, mardi matin, en train de lutter contre le sinistre qu'ils ont réussi à circonscrire dans la nuit.

"Il y a eu une série de fausses nouvelles qui ont été diffusées. Il n'y avait pas lieu de déclencher de système d’alerte, d’évacuer ni de confiner au regard des analyses faites par les pompiers", a assuré le préfet, reconnaissant toutefois "que visuellement c’était très impressionnant".

Mais les pompiers "ont immédiatement déployé toute une série de mesures, en proximité et dans des zones plus éloignées, notamment en suivant le panache. La totalité des points de mesures se sont révélés nuls donc il n'y a pas d’inquiétude particulière à avoir", a-t-il répété.

Selon Pierre-André Durand, "le seul risque chimique provient de la combustion du lithium qui peut dégager de l'acide fluorhydrique, uniquement dans le cœur du foyer", mais cette substance n'est "pas présente à l'extérieur du site".
 
"La totalité des mesures seront rendues publiques", a promis le préfet, interrogé sur le précédent de l'usine Lubrizol où 10.000 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée dans un grave incendie en septembre 2019.

Contacté par l’AFP, le groupe Bolloré a indiqué avoir "mis en place une cellule de crise en lien avec la préfecture", précisant qu’il n'avait "pas d’information sur les causes de l’incendie" à ce stade, ni sur l'ampleur des dégâts.
 
"On sait que l’incendie est parti de la cellule Bolloré Logistics,  ça c'est une certitude puisque l’alerte a été donnée par un des employés. Mais on ne connait pas la cause, ce sera à l'enquête de le déterminer", a précisé mardi le préfet de Seine-Maritime.

L'incendie de ce site qui n'est pas classé Seveso, et qui avait été évacué lundi peu après l'alerte donnée vers 16h30, n'a pas fait de blessés. Le préfet avait annoncé durant la nuit que l'incendie avait été circonscrit à 23h30 sur "deux cellules" de 6.000 m2 chacune, l'une qui abritait des batteries au lithium et l'autre quelque 70.000 pneus.

Mardi matin, il a confirmé que l'incendie était bien "circonscrit" tout en expliquant que les flammes avaient touché vers 3h une troisième cellule. Cette cellule "comportait des palettes et des textiles (...) des produits courants, contrairement aux deux premières", a-t-il dit à la radio franceinfo. Cet incendie avait à son tour été circonscrit en début de matinée, a précisé la préfecture dans un communiqué.

Aucune restriction de circulation des personnes n’a été mise en place et "toutes les activités pourront avoir lieu ce mardi de façon habituelle", y compris dans les établissements scolaires qui "ouvriront normalement", ajoute la préfecture dans un communiqué.

Il n'y a "pas de blessé, pas de victime, pas de destruction voisine", s'est félicité le préfet, rappelant que l'entrepôt touché est situé "dans une zone industrielle avec un entourage immédiat plutôt rural". Le sinistre a certes "généré une fumée importante mais à l’heure ou je vous parle, il n’y a plus que des fumerolles". Près de 110 pompiers étaient "encore présents sur le site puisque tant que l'incendie n'est pas complétement éteint (…) nos sapeurs pompiers restent à l’ouvrage", a ajouté le préfet. Au plus fort du sinistre, 137 pompiers étaient à l'œuvre, aidés par 60 véhicules.

Les premiers riverains sont à un peu plus de 500 mètres du site incendié, selon le préfet, qui avait prévenu la population de "vents qui pourraient tourner durant la nuit, avec une possibilité que la rive gauche de Rouen soit impactée par une odeur de brûlé mais toujours sans risque, pas d'évacuation, pas de confinement".  
 
La commune d'Orival, quelques kilomètres au sud de Grand-Couronne, avait toutefois demandé sur Facebook à ses habitants de "rester confinés, fermer les fenêtres et ne sortir sous aucun prétexte".

L'expert en risques industriels et auteur de "Tout peut exploser" (Fayard, 2021), Paul Poulain, interrogé par l'AFP, a toutefois souligné que le sinistre pouvait être "grave pour la santé". "Les incendies de batteries lithium sont très polluants, car ils dégagent notamment de l'acide fluorhydrique et des oxydes de carbone, a-t-il expliqué.
 
L'acide fluorhydrique est corrosif et surtout un agent décalcifiant, il se fixe dans les dents, les os, le sang. En cas de combustion, il peut créer des œdèmes pulmonaires ou malformations osseuses. Pour tous ceux qui vivent près du lieu de l'incendie, il vaudrait mieux mardi rester confinés chez eux, couper les ventilations et calfeutrer avec des linges humides tant que l'incendie n'est pas complètement terminé, et le nuage toxique disparu."
 
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