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L’heure de changer de République (Par Ass Abdourahmane DIOUF)

Mardi 13 Septembre 2022

Dr Abdourahmane Diouf
Dr Abdourahmane Diouf
Dans 567 jours, le 03 Avril 2024, le Président Macky Sall va faire sa passation de pouvoirs. Il ne sera plus Président de la République du Sénégal. C’est acté ! C’est inéluctable  Irréversible ! Il ne faudrait pas que la République sombre avec lui. Il n’a pas le droit de faillir. Et nous avons l’obligation de veiller.
 
Mais transmettre le pouvoir, dans ces conditions de cacophonie institutionnelle, nous emmènera un autre Macky Sall qui se prendra pour plus illustre que la République. Au-delà des défaillances individuelles incontestables de nos dirigeants, nous devons humblement constater que notre démocratie a atteint ses limites. Nous ne sommes plus d’accord sur rien. Nous réglons nos problèmes politiques par la violence, par le mensonge, par la calomnie et par le complot. Nous ne réfléchissons plus pour l’intérêt général. C’est l’heure de la détestation de tous par tous.
 
Amorcer la période de la gestion de notre pétrole et de notre gaz, dans cette crasse chienlit institutionnelle, est un suicide programmé. C’est offrir notre pays à des prédateurs extérieurs sur un plateau. C’est refuser de nous aligner sur les demandes légitimes de notre peuple. C’est échouer dans nos ambitions patriotiques déclamées.
 
Nos institutions sont aujourd’hui complètement dévoyées :
 
1. Notre Président de la République écrase toutes les autres institutions et les vide de leur substance. Il ne parvient pas à lire et à décrypter les messages des électeurs et à s’aligner correctement sur les attentes de son peuple. On a comme l’impression que tout cela est fait à dessein et procède d’une intention maligne;
 
2. Notre justice est aux ordres. Elle nous a déjà placés dans un malaise permanent en se mettant volontairement aux ordres. Elle a déjà failli dans la sélection des candidats censés diriger notre pays. Et elle se dirigerait tout droit vers une forfaiture téléguidée d’une troisième candidature indue ;
 
3. Notre Assemblée nationale a été équilibrée par la force des choses, sur injonction du peuple qui a fait sa commande. Mais personne ne semble comprendre le message. Les images de notre Assemblée du Lundi 12 Septembre 2022 nous renvoient au pire des Afriques du 20e siècle et à l’Amérique Latine des années soixante-dix. Nous nous sommes réveillés avec la gueule de bois en nous posant des questions sur notre avenir.
 
Le Sénégal n’a pas fait tout ce chemin démocratique pour échouer aussi lamentablement et s’ouvrir les portes du chaos. Ce qui se dessine dans ce pays donne des frissons et fait peur. Si nous ne sommes pas inquiets de notre pays, c’est qu’on ne nous a pas bien expliqué le cauchemar que nous vivons. Il est vital de nous reprendre en mains et de poser les actes urgents suivants :
 
1. Avant la nomination de son Premier Ministre, le Président de la République doit prononcer un discours officiel à la nation, pour annoncer sa non candidature pour 2024 ;
 
2. Il devra nommer un Premier ministre consensuel qui procède d’une lecture lucide des résultats des élections législatives, qui garantit une transition civile sereine et qui nous prépare aux défis de civilisation de 2024 ;
 
3. Un Agenda de réinvention de nos institutions est mis en place et devra être conclu avant Février 2024. Nous pourrons nous appuyer sur l’existant. Nous pourrons faire un mixte entre les assises nationales (écrémées et mises à jour), les réformes de la CNRI, et les exigences d’une démocratie de concordance qui promeut le dialogue, la concertation et le patriotisme au-delà de tout soupçon.
 
4. Par un autre consensus fort et pragmatique, nous devons parvenir à une Nouvelle République Sénégalaise qui nous rassemble et qui nous ressemble. Nos institutions seront réinventées à notre image. Nous assainirons les mœurs politiques et nous instaurerons, définitivement un débat d’idées digne de notre pays. Le mandat présidentiel qui démarre en Avril 2024 devra démarrer sur de nouvelles bases. Mettre fin à la République du Sénégal pour l’avènement d’une Nouvelle République Sénégalaise est un impératif de survie.
 
Nous sommes habitués à la stratégie du bord du gouffre sans en payer le prix, pouvoir comme opposition. Cette fois-ci, nous y sommes presque. C’est le moment ou jamais de se ressaisir et de mettre le Sénégal au-dessus de nos personnes. Demain, il sera déjà trop tard !
 
Ass Abdourahmane DIOUF
Président du Parti AWALÉ
Dakar le 13 Septembre 2022
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 15/09/2022 10:20
Je ne pense pas qu'il faille aller jusqu'au changement de la constitution. La constitution sénégalaise, fortement inspirée de la constitution Française, est très bien faite. Par contre, ce sont ceux qui sont chargés de l'appliquer ou la faire appliquer, qu'il faut changer et changer de mentalité. Le problème qui se pose, et pas seulement au SENEGAL, c'est avant tout arriver à soigner le cancer qui ronge tous les pays d'AFRIQUE, à savoir la corruption. Les hommes politiques, de tous bord, en AFRIQUE, voient en la politique, le seul moyen de s'enrichir vite et bien, en se comportant comme même le pire des voyous n'oserait même pas se comporter! c'est là ou est le mal, et pas ailleurs. Vous aurez beau changer la constitution des dizaines de fois, vous ne changerez pas les hommes et le système. Moi, je vois deux mesures, très simples et qui peuvent -doivent- être prises par quiconque brigue le fauteuil Présidentiel.
La première, prendre une loi (à inscrire éventuellement dans la constitution) c'est que le Président de la République ne bénéficie plus d'une immunité concernant tout acte délictueux; cette disposition sera à effet immédiat, c'est à dire qu'elle s'appliquera au pouvoir en place au ment où elle sera prise.
La deuxième, modifier le code pnal, et faire voter une disposition par laquelle toute personne, détentrice de l'autorité publique, qui sera condamné dans une affaire de détournement de fonds publics, encourera une peine plancher minimale de dix années de prison (ou de réclusion) qui pourra être prolongée tant que le coupable n'aura pas restitué toutes les sommes auxquelles il aura été condamné. (les dispositions annexes concernant ceux qui ont profité de cet argent volé devront être également rehaussées et appliquées)
Parallèlement, bien sur, donner à la justice une certaine indépendance, et surtout, donner plus d'indépendance et de pouvoirs aux organismes de contrôle, type OFNAC, IGS, ect...avec obligation pour le Procureur général, de transmettre le dossier dans les trois mois de sa saisine.
Ce sont des mesures simples, mais qui prouveront très rapidement leur efficacité.
Il faudra également revoir tout le financement des partis politiques, éradiquer leur nombre (à eux de ce regrouper pr affinités), ect... Mais tout cela, ce sont des lois, qui ne nécessitent en rien un changement de constitution: on sait ce que l'on a, on ne sait pas ce que l'on trouve.
Il faut bien surun Conseil Constitutionnel fort et indépendant, et surtout compétent, ce qui n'est pas le cas au SENEGAL où tout tourne autour d'un seul et même homme, orgueilleux, autocrate et méprisant, qui n'a qu'un seul but, s'enrichir le plus possible. Mais sans vouloir trouver au régime en place des circonstances atténuantes, cet homme de par ses agissements, veut arriver à prouver même aux esprits libres et indépendants, posés et objectifs, que c'est la constitution qui trouve ses limites, à lors que c'est tout le contraire: c'est le système, poussé au delà des limites acceptables par un individu peu scrupuleux (le mot est faible) qui montre jusqu’où on peut aller dans la malhonnêteté, le mensonge, l'autoritarisme, et la cupidité! Mais aucune constitution ne pourra empêcher cela, c'est le système et la mentalité Africaine qui en est responsable, en rien la constitution laquelle, au contraire, aurait du servir de garde fou à toutes ces dérives accumulées au cours de ces dix dernières années. Cet homme a poussé à l'extrème le système, avec cynisme, et aujourd'hui, voila le résultat, nous sommes si cela continue à l'aube d'une guerre civile, dû essentiellement à la volonté d'un homme, atteint d'un certain "Neronisme", et qui est persuadé que le pays tout entier lui appartient et qu'il peut en faire ce qu'il en veut!
Mais ce mal profond n'est pas le résultat d'une soit disant faiblesse de la constitution, c'est la mentalité africaine, c'est le système poussé jusqu'à son paroxisme par des voyous sans scrupules et obnubilés par l'argent qui en sont responsables! Le Président du SENEGAL n'est pas le seul dans ce cas là! regarder au CONGO, au RWANDA, au CAMEROUN, et même plus près de chez nous, en COTE D'IVOIRE! C'est exactement la même chose, c'est donc avant tout une question de système et de mentalité Africaine, rien de plus (et malheureusement rien de moins)
La FRANCE est arrivée, tant bien que mal, à éradiquer ce mal, pas complètement, je vous l'accorde, mais d'une manière significative. Elle ne l'a pas fait en changer de constitution et de république, elle l'a fait en changeant son système: réorganisation du système politique par une loi concernant le financement des partis politiques, surveillance accrue de l'utilisation des deniers publics, liberté de la presse et notamment de la presse d'investigation, ect...Tout cela ne s'est pas fait en un jour, mais là malheureusement, non seulement on a perdu dix ans avec le pouvoir en place, mais on a reculé de trente ans!
Alors, surtout ne touchez pas à la constitution, c'est trop fragile! quelques dépoussiérages, oui, pourquoi pas, mais pas plus, surtout dans un système à une seule chambre, laquelle et on l'a vu toutes ces dix dernières années, n'est qu'une simple chambre d'enregistrement!
On peut faire le ménage, sans être obligé de jeter tous les meubles, surtout quand ils ont fait la preuve de leur efficacité!
Me François JURAIN

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