Le gouvernement français a décidé jeudi de nationaliser provisoirement les chantiers navals de STX France après l'échec des discussions avec le groupe italien Fincantieri, une décision rarissime qui a suscité la colère de Rome.
Cette décision est "grave et incompréhensible", ont déclaré jeudi soir dans un communiqué commun le ministre de l'Economie et des Finances Pier Carlo Padoan et celui du Développement économique Carlo Calenda.
La prise de contrôle de l'Etat, la première d'un groupe industriel en France depuis la vague de nationalisations du pouvoir socialiste en 1981, a pour objectif de "défendre les intérêts stratégiques de la France", a assuré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, au cours d'une conférence de presse.
"Nous voulons avoir toutes les garanties, je dis bien toutes, que ces savoir-faire ne partiront pas un jour dans une autre grande puissance économique mondiale non européenne, pour être très précis", a-t-il ajouté, dans une allusion à peine voilée à la Chine.
L'opération sera toutefois "temporaire", a précisé M. Le Maire, les chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, ouest) n'ayant "pas vocation" à rester dans le giron de l'État.
Il s'agit d'"un outil industriel unique en France. Nous voulions donc garantir aux salariés, mais aussi à la région, aux clients, aux sous-traitants, à tous les Français, que les compétences exceptionnelles des chantiers en termes de construction resteront en France", a-t-il expliqué.
Selon le ministre, la prise de contrôle "coûtera environ 80 millions d'euros à l'Etat".
M. Le Maire avait adressé un ultimatum aux autorités italiennes mercredi, les enjoignant d'accepter "un contrôle à 50-50" des chantiers entre Fincantieri et les actionnaires français.
"Cette proposition a été refusée par le gouvernement mais elle reste sur la table", a assuré jeudi Bruno Le Maire, qui se rendra mardi à Rome pour "reprendre la négociation".
De l'autre côté des Alpes, l'ultimatum avait été fraîchement accueilli, les autorités italiennes fermant la porte à un accord qui donnerait les clés de STX France aux actionnaires français.
- 'Nationalisme' et 'protectionnisme
Et leur réaction à la nationalisation a été très vive. "Le nationalisme et le protectionnisme ne sont pas des bases acceptables sur lesquelles régler les rapports entre deux grands pays européens. Pour réaliser des projets communs, il faut de la confiance et du respect réciproques", ont insisté les ministres italiens, dans leur communiqué.
La France, qui dispose d'un peu plus de 33% de STX France, avait jusqu'à vendredi minuit pour exercer son droit de préemption sur les 66% restant, actuellement détenus par le sud-coréen STX Offshore and Shipbuilding.
C'est en effet samedi que la justice sud-coréenne doit entériner la revente des parts détenues par ce groupe en difficulté.
Selon l'accord initial, le constructeur italien devait reprendre d'abord 48% du capital des chantiers et rester minoritaire pendant au moins huit ans, épaulé par l'investisseur italien Fondazione CR Trieste à hauteur d'environ 7%.
Les actionnaires français, dans cet équilibre, ne disposaient que de 45% du groupe.
Mais le président Macron avait demandé, le 31 mai, que cet accord "soit revu" pour préserver les intérêts français. Sa proposition, transmise à Rome par Bruno Le Maire, laisserait à Fincantieri 50% du capital, le reste étant détenu par l'Etat français (via Bpifrance), Naval Group (ex-DCNS) et les salariés de l'entreprise.
La décision de nationalisation a été unanimement saluée, à gauche comme à droite de l'échiquier politique français.
Bruno Retailleau, président du Groupe Les Républicains (LR, droite) et président de la région Pays de la Loire où sont situés les chantiers, a dit accueillir "cette décision favorablement".
Dans les rangs socialistes et communistes ou encore à l'extrême droite, on saluait également cette "décision".
Les syndicats se montraient plus partagés: le syndicat Force Ouvrière (FO) y voyait "une bonne nouvelle" tandis que le syndicat des cadres CFE-CGC estimait que la décision allait apporter certes une "stabilité indispensable pour l'activité" mais "ne résout rien sur le fond".
Le représentant de la CGT, premier syndicat de STX France, ne se montrait quant à lui "pas plus rassuré" après cette décision.
La presse italienne se montrait de son côté féroce avec Paris. "Le nouveau locataire de l'Elysée donne une piètre image de lui", écrit La Stampa, qui dit ne pas "comprendre pourquoi les Français considèrent acceptable qu'une société coréenne détienne 66% d'une société française" mais refusent "à une italienne d'en détenir 51%".
Cette décision est "grave et incompréhensible", ont déclaré jeudi soir dans un communiqué commun le ministre de l'Economie et des Finances Pier Carlo Padoan et celui du Développement économique Carlo Calenda.
La prise de contrôle de l'Etat, la première d'un groupe industriel en France depuis la vague de nationalisations du pouvoir socialiste en 1981, a pour objectif de "défendre les intérêts stratégiques de la France", a assuré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, au cours d'une conférence de presse.
"Nous voulons avoir toutes les garanties, je dis bien toutes, que ces savoir-faire ne partiront pas un jour dans une autre grande puissance économique mondiale non européenne, pour être très précis", a-t-il ajouté, dans une allusion à peine voilée à la Chine.
L'opération sera toutefois "temporaire", a précisé M. Le Maire, les chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, ouest) n'ayant "pas vocation" à rester dans le giron de l'État.
Il s'agit d'"un outil industriel unique en France. Nous voulions donc garantir aux salariés, mais aussi à la région, aux clients, aux sous-traitants, à tous les Français, que les compétences exceptionnelles des chantiers en termes de construction resteront en France", a-t-il expliqué.
Selon le ministre, la prise de contrôle "coûtera environ 80 millions d'euros à l'Etat".
M. Le Maire avait adressé un ultimatum aux autorités italiennes mercredi, les enjoignant d'accepter "un contrôle à 50-50" des chantiers entre Fincantieri et les actionnaires français.
"Cette proposition a été refusée par le gouvernement mais elle reste sur la table", a assuré jeudi Bruno Le Maire, qui se rendra mardi à Rome pour "reprendre la négociation".
De l'autre côté des Alpes, l'ultimatum avait été fraîchement accueilli, les autorités italiennes fermant la porte à un accord qui donnerait les clés de STX France aux actionnaires français.
- 'Nationalisme' et 'protectionnisme
Et leur réaction à la nationalisation a été très vive. "Le nationalisme et le protectionnisme ne sont pas des bases acceptables sur lesquelles régler les rapports entre deux grands pays européens. Pour réaliser des projets communs, il faut de la confiance et du respect réciproques", ont insisté les ministres italiens, dans leur communiqué.
La France, qui dispose d'un peu plus de 33% de STX France, avait jusqu'à vendredi minuit pour exercer son droit de préemption sur les 66% restant, actuellement détenus par le sud-coréen STX Offshore and Shipbuilding.
C'est en effet samedi que la justice sud-coréenne doit entériner la revente des parts détenues par ce groupe en difficulté.
Selon l'accord initial, le constructeur italien devait reprendre d'abord 48% du capital des chantiers et rester minoritaire pendant au moins huit ans, épaulé par l'investisseur italien Fondazione CR Trieste à hauteur d'environ 7%.
Les actionnaires français, dans cet équilibre, ne disposaient que de 45% du groupe.
Mais le président Macron avait demandé, le 31 mai, que cet accord "soit revu" pour préserver les intérêts français. Sa proposition, transmise à Rome par Bruno Le Maire, laisserait à Fincantieri 50% du capital, le reste étant détenu par l'Etat français (via Bpifrance), Naval Group (ex-DCNS) et les salariés de l'entreprise.
La décision de nationalisation a été unanimement saluée, à gauche comme à droite de l'échiquier politique français.
Bruno Retailleau, président du Groupe Les Républicains (LR, droite) et président de la région Pays de la Loire où sont situés les chantiers, a dit accueillir "cette décision favorablement".
Dans les rangs socialistes et communistes ou encore à l'extrême droite, on saluait également cette "décision".
Les syndicats se montraient plus partagés: le syndicat Force Ouvrière (FO) y voyait "une bonne nouvelle" tandis que le syndicat des cadres CFE-CGC estimait que la décision allait apporter certes une "stabilité indispensable pour l'activité" mais "ne résout rien sur le fond".
Le représentant de la CGT, premier syndicat de STX France, ne se montrait quant à lui "pas plus rassuré" après cette décision.
La presse italienne se montrait de son côté féroce avec Paris. "Le nouveau locataire de l'Elysée donne une piètre image de lui", écrit La Stampa, qui dit ne pas "comprendre pourquoi les Français considèrent acceptable qu'une société coréenne détienne 66% d'une société française" mais refusent "à une italienne d'en détenir 51%".