L’idée d’une Afrique devenue continent du futur après avoir été "indésirable au banquet de la civilisation" relève d’une "construction romantique" reflétant "la faiblesse" de la pensée stratégique et théorique africaine actuelle, analyse le philosophe sénégalais Djibril Samb.
"L’idée d’une Afrique jusqu’ici commensale indésirable au banquet des civilisations, qui prendrait sa revanche sur l’Occident après des siècles de souffrance, est une construction romantique qui reflète la faiblesse de notre pensée stratégique et théorique actuelle", a déclaré le professeur Samb dans un entretien paru dans l’édition de lundi du quotidien Le Soleil.
"C’est dans la solidarité avec l’Occident et l’Orient, tout en défaisant tous les rapports d’aliénation économique, politique, culturelle et spirituelle, que l’Afrique construira le futur de la condition humaine dans un concert mondial", a-t-il dit.
Djibril Samb, éminent platonicien et spécialiste de la philosophie ancienne et médiévale, dit ne pas aborder la question du destin de l’Afrique "d’un point de vue africaniste étroit".
"L’Afrique n’est donc, pour moi, qu’un poste d’observation (...). Tous les humains de tous continents sont chers au philosophe de ce temps au même titre et au même degré", a-t-il indiqué.
Selon le professeur Djibril Samb, l’Afrique est "(...), depuis toujours, inscrit dans le temps du monde. Le temps du monde est celui de l’Afrique, et le temps de l’Afrique est celui du monde".
"Par suite, le devenir africain, loin d’être solitaire, est au contraire solidaire du destin du monde. Il n’y a donc pas une partie du monde qui ferait le futur et une autre qui serait condamnée à traîner derrière le carrosse de l’histoire", a tranché le philosophe, se présentant comme "un humaniste radical". (APS)