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Le contre modèle parfait d’une société de consommation

Lundi 26 Septembre 2016

La chronique de Mamadou Sy Albert.
 
La société de consommation est l’autre versant de l’état réel du développement économique du pays et de l’autorité du pouvoir étatique à qui est dévolue la fonction de régulation du marché. Depuis l’irruption du système capitaliste dans le fonctionnement et l’organisation des communautés humaines, les responsables des destinées d’une nation accordent et accorderont, encore plus probablement, à la société de consommation une place quasi absolue. La société de consommation d’un pays est au début et à la fin de toutes les activités publiques étatiques ou privées.

On ne permet pas à qui le veut de produire ou de vendre. Le marché est encadré. Les pays développés ont élaboré des mécanismes solides, perfectibles certes, mais toujours garantissant la protection de la santé publique et du mieux-être individuel et familial. Evidemment, le continent africain en général, et le Sénégal en particulier ne sont guère sur ce chemin de la rigueur implacable de défense des sociétés de consommation occidentales. Ils offrent des contre- modèles parfaits de société de consommation. L’une des conditions majeures pour faire émerger une société de consommation consiste à manger ce que le pays produit.

Le développement n’est rien d’autre que la possibilité de satisfaire les besoins fondamentaux des acteurs de sa société et de son environnement commercial. Cette exigence du bon sens économique est loin d’être la mieux partagée dans les pratiques de la gouvernance en Afrique. Ceux qui exercent le pouvoir en terre africaine sont les premiers à bafouer ce principe élémentaire de la gouvernance économique.

Ils mangent ce que l’Europe produit. Ils importent pratiquement les produits de consommation des capitales occidentales ou américaines. Ils développent ainsi les secteurs économiques des autres pays étrangers en termes d’accoutrement vestimentaire, de moyens de transports des gouvernants, de construction et d’équipement de l’habitat résidentiel, et plus récemment de moyens de communication. Ce sont les premiers importateurs du venant de … Les Etats des pays africains assurent ainsi, consciemment ou pas, des débouchés certains aux pays développés. Ces garanties sont insoupçonnées. Les budgets étatiques et ceux des élites sont happés par ce gouffre du train de vie des uns et des autres.

Les opérateurs économiques des pays développés ont compris trop tôt les mécanismes culturels vicieux de cette chaîne commerciale de dépendance économique et culturelle. Ils sont actifs dans toutes  les capitales africaines. Il est rare  de nos jours de voir un pays du continent noir où des succursales commerciales de toutes les tailles ne sont pas  visibles dans les allées et les rues plus fréquentées. L’Afrique vitrine des opérateurs commerciaux prolonge la société de consommation occidentale.

Cet esprit a envahi le marché public des pays faibles économiquement. Les marchés publics nationaux sont conquis à des frais moindres par des multinationales étrangères protégées par leurs Etats et des groupes de pression tapis à l’ombre de la gouvernance publique. La route, l’énergie  et même les secteurs hydraulique, agricole  et aéroportuaire sont sous l’influence directe de puissants groupes privés internationaux. Les opérateurs privés nationaux ne perdent rien à attendre le chaos inéluctable. Ils peuvent sous-traiter ou sous louer les magasins pendant que les responsables de la puissance publique vivent à l’heure du producteur étranger.

Dans ces conditions où la consommation nationale est désertée par l’élite politique nationale  et où le développement des secteurs moteurs de tout développement infrastructurel sont entre les mains des privés internationaux, il est illusoire de croire à une quelconque  société de consommation endogène. Le fantasme n’est pas interdit. On peut au moins consommer la réalité fantasmée dans sa tête. La réalité finira toujours, malheureusement, par rattraper l’homme assoiffé avec un  ventre vide de sa propre production. C’est le danger du cycle de la dépendance.

 La pauvreté et la misère sociale de l’Afrique constituent une conséquence rationnelle de ce système de production et de consommation standardisé que la mondialisation aspire  de toute puissance intellectuelle, énergétique et financière. L’économie africaine restera ce qu’elle a toujours été, dépendante, si les pays africains persistent à tuer dans l’œuf la société de consommation et le marché sous-régional. Penser  développer le continent sans rompre avec une société de consommation extravertie est une myopie handicapante. Elle est la preuve de l’incapacité des Africains  à comprendre les enjeux véritables du consommer inter africain des produits nationaux et sous régionaux.

Les projets de développement en vue de soutenir les jeunes diplômés et les femmes africaines à travers des activités inscrites dans la perspective de l’accroissement des revenus ne développeront ni les pères et mères de familles en difficulté, ni les communautés de base désarmées par la concurrence déloyale étrangère. Ces projets hydro-agricoles aident  peut-être à survivre face aux aléas de la nature et d’un environnement hostiles. Ils ne pourront pas participer à la création d’une véritable société de consommation sénégalaise et panafricaine.
La société de consommation a une exigence fondamentale.

C’est sa taille et sa capacité à faire circuler dans des délais acceptables la commercialisation des produits et à favoriser l’investissement massif de capitaux financiers dans la production nationale, la formation et le développement du niveau de vie des populations. Ce sont ces facteurs structurants  qui déterminent  le niveau de l’état du développement et de satisfaction des besoins humains et animaux. Nous sommes bien loin de des seuils critiques de la compétence technique et de la performance économique.

 
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