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Le gouvernement se presse pour mettre en oeuvre les gestes promis aux "gilets jaunes"

Mercredi 19 Décembre 2018

Paris - La crise des "gilets jaunes" s'invite de nouveau mercredi au Conseil des ministres, avec la présentation des mesures sociales annoncées le 10 décembre par Emmanuel Macron, dont la mise en oeuvre s'apparente à un casse-tête.

Dans une certaine confusion, l'exécutif s'est engagé dans une course contre la montre pour que ces gestes d'apaisement puissent être applicables au 1er janvier. 

Les mesures gouvernementales doivent recevoir le feu vert dès jeudi de l'Assemblée, puis le lendemain du Sénat, juste avant la trêve des fêtes de fin d'année.

Emmanuel Macron et Edouard Philippe espèrent ainsi entamer 2019 sur de nouvelles bases, en comptant sur le "grand débat national", qui se veut la réponse politique à la plus grave crise depuis le début du quinquennat.

Signe d'une grande fébrilité, le cafouillage mardi au sein de l'exécutif qui a subitement indiqué renoncer à une partie des mesures annoncées par Édouard Philippe mi-novembre, avant de finalement les maintenir quelques heures plus tard. 

Le chef du groupe LR à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, a vu mercredi dans ce cafouillage le signe d'un "vent de panique" au sein d'un exécutif sans "cap" tandis que la présidente du RN (ex-FN) Marine Le Pen raillait un "amateurisme absolument total". En dépit de leurs critiques, les deux partis ont l'intention de voter ces mesures, contrairement à La France insoumise.

La mobilisation visible des "gilets jaunes" est en recul ces derniers jours mais une partie d'entre eux restent déterminés, comme en témoignent les opérations coup de poing ayant notamment visé des péages.

Et le gouvernement cherche désormais à calmer les policiers qui, épuisés par plus d'un mois de conflit, réclament des compensations. Certains jugent insuffisante la prime de 300 euros qui devrait bénéficier à 111.000 fonctionnaires.

Le Conseil des ministres doit finaliser les détails des gestes sur le Smic, les heures supplémentaires et la CSG, qui ont sensiblement évolué depuis leur annonce par Emmanuel Macron. Ainsi Edouard Philippe a précisé que la prime d'activité ne bénéficierait finalement qu'à une partie des smicards. 

- "Engagements" -

Le projet de loi portant sur les "mesures d'urgence économique et sociale" sera examiné dès mercredi soir en commission des Affaires sociales à l'Assemblée, avant son passage jeudi après-midi dans l'hémicycle puis vendredi au Sénat, à majorité de droite. Son président Gérard Larcher a souhaité "un vote conforme" de la chambre haute.

Le Sénat pour sa part étudiera mercredi après-midi en nouvelle lecture le projet de budget 2019, qui doit être adopté définitivement jeudi à l'Assemblée. 

Ces deux projets de loi s'emboîtent pour permettre la mise en oeuvre des mesures annoncées par Emmanuel Macron dans la crise des "gilets jaunes".

La mise en place du "grand débat national" s'avère également délicate pour l'exécutif, en raison notamment de son caractère inédit et sur fond d'attentes parfois contradictoires. Selon une étude Kantar Public pour l'Institut Paul Delouvrier, les Français préfèrent une diminution des impôts à une amélioration des services publics, tout en souhaitant que ces derniers soient préservés.

Soucieux de ne pas rater son lancement, Emmanuel Macron a réuni mardi soir à l'Elysée le Premier ministre Edouard Philippe et 12 membres du gouvernement.

Il reviendra à Chantal Jouanno, la présidente de la Commission du débat public (CNDP), une autorité indépendante, de préciser jeudi les modalités de cette concertation qui doit se décliner jusqu'au début mars sur l'ensemble du territoire.

Elle se penchera sur quatre grands thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l'État, et démocratie et citoyenneté, dont l'immigration). Et abordera l'opportunité de proposer le principe du référendum d'initiative citoyenne (RIC), réclamé par les "gilets jaunes" et soutenu par l'opposition, de la France Insoumise à LR.

"Il va y avoir deux phases dans ce débat: une première jusqu'au 10 janvier, qui s'exprime par des débats spontanés qu'organisent des maires et dont les remontées sont analysées", et ensuite "des débats cadrés" sur les quatre thèmes, a indiqué mercredi la garde des Sceaux, Nicole Belloubet.

Chantal Jouanno, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, a multiplié les consultations ces derniers jours y compris avec des représentants des "gilets jaunes".

La CNDP s'est inquiétée que ce "grand débat" n'apparaisse comme piloté par le gouvernement et se transforme en "meetings politiques" pro-Macron. (AFP)
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