Les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), au cœur du conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), se sont emparés mercredi de la ville de Walikale, située dans une zone riche en minerais, dans la province du Nord-Kivu, a rapporté la radio de l'Onu, citant des sources locales.
Les rebelles, prétendument soutenus par l'armée rwandaise, ont pris le contrôle de la ville presque sans combats, a indiqué Radio Okapi.
Cette nouvelle avancée de la rébellion intervient au lendemain de l'appel du président congolais Félix Tshisekedi et de son homologue rwandais Paul Kagame à un cessez-le-feu immédiat et à une cessation inconditionnelle des hostilités lors de pourparlers à Doha, au Qatar.
Des médias locaux ont indiqué que Walikale était depuis plusieurs jours sous la menace des rebelles, qui se livraient à de violents combats avec les troupes gouvernementales et les Wazalendo, un groupe de milices civiles liées à l'armée congolaise, dans les quartiers de la ville, forçant de nombreux habitants à fuir vers des zones sûres.
Situé à environ 125 kilomètres au nord-ouest de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, et conquise par les rebelles en janvier, Walikale recèle d'importants gisements d'étain.
Le M23 a pris le contrôle des villes stratégiques de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et Bukavu capitale provinciale du Sud-Kivu, à la faveur d'une offensive éclair ces derniers mois dans l’est de la RDC.
Plus tôt ce mois-ci, les rebelles ont pris la ville de Nyabiondo, située à 110 kilomètres au nord-ouest de Goma, dans la province du Nord-Kivu, après plusieurs jours de violents combats avec les forces gouvernementales et les milices progouvernementales.
Selon l'Onu, le conflit a entraîné le déplacement de milliers de personnes vers les territoires environnants et les pays voisins.
Pour rappel, les autorités congolaises accusaient le Rwanda de soutenir le mouvement rebelle M23, pour accéder aux richesses minières situées dans la région orientale du pays.
Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour résoudre ce conflit, plusieurs initiatives régionales ont essayé de rapprocher les deux parties, en vain.
La dernière de ces initiatives a été annoncée par l'Angola et devait réunir pour la première fois les autorités congolaises avec des représentants de la rébellion, le 18 mars courant à Luanda. Cette réunion n'a pas eu lieu suite à un désistement de la partie rebelle.
Toutefois, le Qatar est parvenu à organiser, le jour même, une rencontre entre le président Félix Tshisekedi et son homologue Paul Kagame à Doha.
Les deux président ont réaffirmé, dans un communiqué conjoint, ‘’l'engagement de toutes les parties pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel’’ dans l'est de la RDC. [AA]