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Manifestations au Kenya: au moins 5 morts selon des ONG, 21 personnes enlevées par les forces de sécurité

Mardi 25 Juin 2024

Au moins cinq personnes ont été tuées mardi au Kenya, selon des ONG, lors de manifestations anti-taxes réprimées par la police et qui ont viré au chaos dans la capitale Nairobi, avec une intrusion de protestataires au Parlement.

La police a fait usage de gaz lacrymogène, canons à eau, balles en plastiques et balles réelles, selon plusieurs ONG, pour disperser les manifestants lors de cette troisième journée de mobilisation contre les projets gouvernementaux de nouvelles taxes actuellement débattus par les députés.
 

"Au moins cinq personnes ont été tuées par balles (...). Trente-et-une ont été blessées", ont indiqué dans un communiqué ces ONG, dont Amnesty Kenya, en évoquant également des blessures par cartouches de gaz. Dans la foulée, les Etats-Unis et plus d'une dizaine de pays européens se sont déclarés "fortement préoccupés" par les violences et ont appelé au calme.

 

Elles indiquent également avoir relevé, au cours des dernières 24 heures, 21 cas d'enlèvements de personnes par des "officiers en uniforme ou en civil".

 

Des journalistes de l'AFP présents dans le centre de Nairobi ont vu trois personnes inanimées, gisant dans des mares de sang, aux abords du Parlement, où un bâtiment a brièvement pris feu.

 

L'une des organisatrices du mouvement, la journaliste et militante Hanifa Adan, a appelé dans l'après-midi les manifestants à rentrer chez eux. "Je vous aime tous, restez en sécurité", a-t-elle écrit sur X.

 

La principale coalition d'opposition, Azimio, a accusé le gouvernement d'avoir "déchaîné sa force brute contre les enfants de notre pays".

 

"Le Kenya ne peut pas se permettre de tuer ses enfants simplement parce qu'ils demandent de la nourriture, un emploi et une oreille attentive. La police doit donc immédiatement cesser de tirer sur des enfants innocents, pacifiques et non armés", a souligné Azimio dans un communiqué.

 

- Inquiétudes occidentales -

 

A Washington, la Maison Blanche a condamné "la violence sous toutes ses formes" et appelé au calme, a indiqué une porte-parole du Conseil de sécurité nationale. "Les Etats-Unis surveillent de près la situation à Nairobi", a-t-elle ajouté.

 

Les Etats-Unis et plus d'une dizaine de pays européens dont l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni se sont déclarés "fortement préoccupés" par les violences.

 

La tension était montée dans la journée dans le centre d'affaires (CBD) de Nairobi pour cette troisième manifestation en huit jours du mouvement "Occupy Parliament" ("Occuper le Parlement") opposé au projet de budget 2024-25 et à ses nouvelles taxes.

 

Après de premiers heurts avec la police vers la mi-journée alors que le cortège approchait de bâtiments officiels, des manifestants sont entrés dans le Parlement, où les députés venaient d'approuver des amendements au texte, qui doit être voté d'ici le 30 juin.

 

La police a repris le contrôle des lieux après quelques dizaines de minutes. Des images de la télévision montraient des salles saccagées, tables renversées, fenêtres brisées et du mobilier fumant jonchant des jardins.

 

Trois camions de l'armée ont acheminé des renforts pour sécuriser les abords du Parlement, où des dizaines de manifestants faisaient face aux forces de police, ont constaté les journalistes de l'AFP.

 

A quelques centaines de mètres, la police utilisait un canon à eau pour éteindre un incendie dans les bureaux du gouverneur de Nairobi, selon des images diffusées par la chaîne Citizen TV.

 

Par ailleurs, selon NetBlocks, organisme de surveillance du réseau de télécommunications dans le monde, le réseau internet au Kenya était perturbé de manière "importante" mardi.

 

L'organisme précise que les autorités avaient affirmé la veille qu'elles ne bloqueraient pas internet. [AFP]

 
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