Le président du Chili Gabriel Boric s’attelle dès lundi à la recherche d’un consensus politique pour lancer un nouveau processus constitutionnel, après la gifle reçue dimanche du rejet massif de la proposition de constitution qu’il soutenait par 61,9 % de la population.
« En tant que président, je prends humblement ce message et le fais mien. Nous devons écouter la voix du peuple », a déclaré le président de gauche dans son solennel message à la nation, dimanche soir après l’annonce du retentissant résultat.
Comme il l’avait déjà annoncé par anticipation, M. Boric s’est immédiatement engagé à « construire un nouveau processus constitutionnel » que le parlement devra diriger.
À cette fin, il a invité lundi tous les représentants des partis politiques du pays, mais aucun parti d’opposition n’a confirmé sa présence et la présidence a indiqué que le chef de l’État ne rencontrerait finalement que la coalition de gauche qui l’a porté au pouvoir ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement.
Gabriel Boric maintient que la rédaction d’une nouvelle Loi fondamentale est la solution au « malaise (qui) est toujours latent » et que le Chili ne peut ignorer, en référence au violent soulèvement social de 2019 pour une société plus égalitaire.
« Les options vont du redémarrage d’un processus constitutionnel complet à des réformes fragmentaires à travers les deux chambres du parlement. Une solution intermédiaire, dans laquelle une commission spécialisée conseillerait les parlementaires, gagne du terrain », indique Mariano Machado, analyste des risques chez Verisk Maplecorf.
« Trouver une voie rapide serait bénéfique pour le gouvernement, qui a subi un coup dur avec les résultats de la nuit dernière », ajoute-t-il.
« Droite déchirée »
Si la constitution de 1980, rédigée sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) reste donc en vigueur, les tenants du « non » estiment néanmoins que le pays a besoin d’un nouveau souffle au travers d’un nouveau texte. Mais pas tous.
« La droite est déchirée entre les secteurs les plus modérés, qui se sont engagés en faveur de changements, de réformes, et de poursuivre sur la voie d’une nouvelle constitution, et les secteurs les plus extrêmes qui, selon moi, ne sont pas prêts pour ce changement », a déclaré Cecilia Osorio, universitaire à l’école de gouvernement de l’Université du Chili.
Javier Macaya, président du parti ultraconservateur UDI, a assuré dimanche soir vouloir « poursuivre le processus constitutionnel », comme s’y était engagé l’opposition durant la campagne pour faire barrage au texte proposé.
Mais à l’extrême droite Antonio Kast, battu par Gabriel Boric au second tour de la présidentielle de décembre 2021, s’est réjoui que « par leur vote, des millions de Chiliens ont fermé la porte à ce processus constitutionnel raté ».
Dans un communiqué, l’Union européenne dit elle prendre « note de l’engagement exprimé par le président Boric et par l’ensemble de l’échiquier politique quant à la nécessité de poursuivre le processus constitutionnel, conformément au souhait du peuple chilien de disposer d’un nouveau règlement constitutionnel qui recueille le soutien d’une large majorité de citoyens ».
La Bourse en hausse
La Bourse de Santiago a salué le résultat du référendum, en ouvrant lundi en hausse de +3,65 %
Le président colombien Gustavo Petro, allié de M. Boric, a dans un tweet estimé que « Pinochet est vivant dans certains secteurs politiques des Amériques ». Federico Gutierrez, de l’opposition de droite, lui a répondu que « Pinochet est mort il y a plusieurs années » et que « des dictateurs comme Maduro (au Venezuela) et Ortega (au Nicaragua) sont en vie et font beaucoup de dégâts ».
Le camp du « non » l’a emporté dans toutes les régions du Chili. Dans le sud, seules 8 des 346 municipalités du pays ont vu une majorité de « oui ».
Un premier référendum en octobre 2020 avait pourtant clairement appelé à la rédaction d’une nouvelle Loi fondamentale (79 %), et à voir effacée l’ombre de Pinochet et d’un Chili laboratoire de l’ultralibéralisme.
Mais le fruit d’une année de travail des 154 membres d’une Assemblée constituante, élus en mai 2021 pour rédiger la proposition, a, semble-t-il, trop bousculé le conservatisme d’une majeure partie de la société chilienne.
De nouveaux droits sociaux avaient pourtant été pensés pour équilibrer une société aux fortes inégalités sociales, en proposant de garantir un droit à l’éducation, à la santé publique, à une retraite ainsi qu’à un logement décent, pour ne plus les laisser aux seules mains du marché.
L’inscription dans le marbre du droit à l’avortement, un sujet qui fait débat dans le pays, ou encore la reconnaissance de nouveaux droits aux peuples autochtones ont crispé les débats, souvent houleux, dans une campagne baignée dans un climat de désinformation. (AFP)
« En tant que président, je prends humblement ce message et le fais mien. Nous devons écouter la voix du peuple », a déclaré le président de gauche dans son solennel message à la nation, dimanche soir après l’annonce du retentissant résultat.
Comme il l’avait déjà annoncé par anticipation, M. Boric s’est immédiatement engagé à « construire un nouveau processus constitutionnel » que le parlement devra diriger.
À cette fin, il a invité lundi tous les représentants des partis politiques du pays, mais aucun parti d’opposition n’a confirmé sa présence et la présidence a indiqué que le chef de l’État ne rencontrerait finalement que la coalition de gauche qui l’a porté au pouvoir ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement.
Gabriel Boric maintient que la rédaction d’une nouvelle Loi fondamentale est la solution au « malaise (qui) est toujours latent » et que le Chili ne peut ignorer, en référence au violent soulèvement social de 2019 pour une société plus égalitaire.
« Les options vont du redémarrage d’un processus constitutionnel complet à des réformes fragmentaires à travers les deux chambres du parlement. Une solution intermédiaire, dans laquelle une commission spécialisée conseillerait les parlementaires, gagne du terrain », indique Mariano Machado, analyste des risques chez Verisk Maplecorf.
« Trouver une voie rapide serait bénéfique pour le gouvernement, qui a subi un coup dur avec les résultats de la nuit dernière », ajoute-t-il.
« Droite déchirée »
Si la constitution de 1980, rédigée sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) reste donc en vigueur, les tenants du « non » estiment néanmoins que le pays a besoin d’un nouveau souffle au travers d’un nouveau texte. Mais pas tous.
« La droite est déchirée entre les secteurs les plus modérés, qui se sont engagés en faveur de changements, de réformes, et de poursuivre sur la voie d’une nouvelle constitution, et les secteurs les plus extrêmes qui, selon moi, ne sont pas prêts pour ce changement », a déclaré Cecilia Osorio, universitaire à l’école de gouvernement de l’Université du Chili.
Javier Macaya, président du parti ultraconservateur UDI, a assuré dimanche soir vouloir « poursuivre le processus constitutionnel », comme s’y était engagé l’opposition durant la campagne pour faire barrage au texte proposé.
Mais à l’extrême droite Antonio Kast, battu par Gabriel Boric au second tour de la présidentielle de décembre 2021, s’est réjoui que « par leur vote, des millions de Chiliens ont fermé la porte à ce processus constitutionnel raté ».
Dans un communiqué, l’Union européenne dit elle prendre « note de l’engagement exprimé par le président Boric et par l’ensemble de l’échiquier politique quant à la nécessité de poursuivre le processus constitutionnel, conformément au souhait du peuple chilien de disposer d’un nouveau règlement constitutionnel qui recueille le soutien d’une large majorité de citoyens ».
La Bourse en hausse
La Bourse de Santiago a salué le résultat du référendum, en ouvrant lundi en hausse de +3,65 %
Le président colombien Gustavo Petro, allié de M. Boric, a dans un tweet estimé que « Pinochet est vivant dans certains secteurs politiques des Amériques ». Federico Gutierrez, de l’opposition de droite, lui a répondu que « Pinochet est mort il y a plusieurs années » et que « des dictateurs comme Maduro (au Venezuela) et Ortega (au Nicaragua) sont en vie et font beaucoup de dégâts ».
Le camp du « non » l’a emporté dans toutes les régions du Chili. Dans le sud, seules 8 des 346 municipalités du pays ont vu une majorité de « oui ».
Un premier référendum en octobre 2020 avait pourtant clairement appelé à la rédaction d’une nouvelle Loi fondamentale (79 %), et à voir effacée l’ombre de Pinochet et d’un Chili laboratoire de l’ultralibéralisme.
Mais le fruit d’une année de travail des 154 membres d’une Assemblée constituante, élus en mai 2021 pour rédiger la proposition, a, semble-t-il, trop bousculé le conservatisme d’une majeure partie de la société chilienne.
De nouveaux droits sociaux avaient pourtant été pensés pour équilibrer une société aux fortes inégalités sociales, en proposant de garantir un droit à l’éducation, à la santé publique, à une retraite ainsi qu’à un logement décent, pour ne plus les laisser aux seules mains du marché.
L’inscription dans le marbre du droit à l’avortement, un sujet qui fait débat dans le pays, ou encore la reconnaissance de nouveaux droits aux peuples autochtones ont crispé les débats, souvent houleux, dans une campagne baignée dans un climat de désinformation. (AFP)