Selon des sources syndicales, le taux de gréviste à la SNCF s’élève à 46,3%. Le leader de la CFDT, Laurent Berger, relève que les manifestations vont «au-delà» des espérances.
Des manifestants en nombre, des grèves et des perturbations à l’école ou dans les transports: les syndicats ont donné jeudi le coup d’envoi de la contestation pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites, saluant d’ores et déjà une mobilisation «réussie».
De Nantes à Nice, les manifestants ont battu le pavé dans la matinée, avant que le cortège parisien ne s’ébranle à 14H00 pour dire «non» au recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, sur fond de large mécontentement social dans un contexte d’inflation.
Production électrique en berne, expéditions de carburants suspendues, transports très perturbés sur le réseau ferroviaire et à Paris, enseignants mobilisés, la mobilisation, la grève contre le projet de réforme des retraites battait son plein jeudi.
«Le million de manifestants dépassé»
Le taux de gréviste atteint 46,3% jeudi à la SNCF pour la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, qui entraîne de nombreuses annulations de trains, notamment de trains régionaux, a appris l’AFP de source syndicale.
Dans le détail, on compte 77,4% de grévistes chez les conducteurs de trains de voyageurs, 50,8% chez les contrôleurs ou encore 48,4% chez SNCF Réseau, où travaillent les aiguilleurs et les agents chargés de la maintenance des voies.
La mobilisation contre la réforme des retraites «est au-delà de ce qu’on pensait», s’est félicité le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, au début de la manifestation parisienne jeudi alors que son homologue de la CGT Philippe Martinez estimait que «le million de manifestants allait être dépassé».
«On est clairement sur une forte mobilisation», a déclaré M. Berger. «Cette mobilisation est réussie», s’est pour sa part réjoui M. Martinez, saluant «une union des syndicats, gage de confiance pour les salariés».
«On est à genoux»
Les premiers chiffres remontés par les autorités attestent d’une mobilisation très importante: au moins 30.000 personnes ont ainsi défilé à Toulouse, 26.000 à Marseille, 15.000 à Montpellier, 14.000 à Tours, 13.600 à Pau, 12.000 à Perpignan et Orléans, 8.000 à Châteauroux, 9.000 à Angoulême, 6.500 à Mulhouse et Périgueux…
Des niveaux comparables voire supérieurs à ceux du 5 décembre 2019: au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, la police avait compté 806.000 manifestants en France, la CGT 1,5 million.
À Marseille, le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que «le gouvernement a perdu sa première bataille, celle d’avoir convaincu les gens de la nécessité de sa réforme».
Un rejet exprimé avec véhémence par Manon Marc, animatrice scolaire croisée dans la capitale: «Je trouve qu’on se fout de notre gueule. Ils ne savent pas ce que c’est que de travailler jusqu’à 64 ans dans ces conditions-là».
«On est à genoux», lâche Florence Trintignac, 54 ans, cadre de santé rencontrée parmi des milliers de manifestants à Clermont-Ferrand. Pour elle, «cette réforme, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase».
«Un conflit dur»
Plus de 200 points de rassemblement sont prévus en France, les autorités attendant 550.000 à 750.000 manifestants, dont 50 à 80.000 dans la capitale.
Pour encadrer les rassemblements, plus de 10.000 policiers et gendarmes sont à pied d’œuvre, dont 3.500 à Paris, où des sources sécuritaires redoutent la formation d’un «précortège» potentiellement violent de 1.000 à 2.000 personnes.
Les Français n’ayant pas recours au télétravail, qui s’est fortement développé depuis le Covid, doivent composer avec des transports en commun au compte-goutte.
Pour le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot «on est partis pour un conflit dur» et «il faut bloquer l’économie».
Une réponse à Emmanuel Macron, qui a jugé mercredi qu’il fallait «faire le distinguo entre les syndicats qui appellent à manifester dans un cadre traditionnel et ceux qui sont dans une démarche délibérée de bloquer le pays».
Les huit principaux syndicats présentent un front uni inédit depuis 12 ans. Les partis de gauche sont aussi vent debout contre une réforme vue comme «un impôt sur la vie», ont accusé les parlementaires socialistes.
Cette première journée a valeur de test pour l’exécutif comme pour les syndicats, qui se retrouveront dans la soirée pour décider d’une nouvelle date – le 26 janvier est sur la table.
Énergie
Les agents d’EDF ont procédé à des baisses de production d’électricité, atteignant au moins l’équivalent de deux fois la consommation de Paris.
La puissance disponible sur le parc nucléaire devrait tomber à 63% à midi, contre 72% prévu par EDF, selon des données EDF analysées par l’AFP.
Du côté des raffineries, la CGT TotalEnergies comptait entre 70 et 100% de grévistes, sur la plupart des sites du groupe.
Selon un premier point de la CGT, il y avait 100% de grévistes dans les équipes du matin pour la bioraffinerie de La Mède, le dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque, et l’usine pétrochimique de Carling (Moselle).
La raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) connaissait 95% de grévistes et celle de Normandie 80%, alors que les équipes de la raffinerie de Feyzin (Rhône) étaient en grève à plus de 70%, selon la CGT.
À Paris, Marc Bontemps, secrétaire général CGT de la production d’énergie en région parisienne, mettait en garde contre «un risque de tension» sur le chauffage parisien, compte tenu d’une grève dans les incinérateurs d’Ivry et Issy-les-Moulinaux.
Transports
La grève était très suivie dans les transports avec quasiment aucun train régional, peu de TGV, un métro tournant au ralenti à Paris et une grande banlieue très peu desservie.
Le trafic régional était quasiment arrêté avec seulement 1 TER sur 10 en moyenne et une fréquence à peu près identique pour les lignes Transilien – les trains de banlieue parisienne – et certains RER.
De source syndicale, un peu plus de 52% des employés de la SNCF avaient annoncé mercredi qu’ils feraient grève, dont 80% des conducteurs et 42% des aiguilleurs. La direction n’a pas confirmé ces chiffres.
Malgré ces perturbations, le trafic routier francilien restait fluide, selon le site Sytadin, exploité par la Direction des routes d’Île-de-France.
Au port de Calais, dans le nord de la France, il n’y avait aucun trafic en raison d’une grève des officiers de port prévue jusqu’à 17H00, a indiqué la communication du port.
À Lyon, une panne informatique a paralysé les quatre lignes de métro jeudi matin. Deux lignes avaient repris en début de matinée, mais pas les lignes automatiques B et D, auxquelles l’opérateur n’a pu substituer de bus relais à cause du mouvement social.
Éducation
Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a annoncé jeudi un taux de 65% des professeurs de collèges et lycées grévistes, et le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, recense 70% d’enseignants grévistes.
Selon le ministère, la mobilisation nationale se traduisait par un taux d’enseignants grévistes de 42,35% dans le primaire et de 34,66% dans le secondaire (collèges et lycées), bien en deçà des chiffres des syndicats.
Par ailleurs…
Les programmes des télés et des radios publiques devaient être largement perturbés en raison d’appels à la grève à France Télévisions, Radio France et France Médias Monde (France 24 et RFI). (AFP)
Des manifestants en nombre, des grèves et des perturbations à l’école ou dans les transports: les syndicats ont donné jeudi le coup d’envoi de la contestation pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites, saluant d’ores et déjà une mobilisation «réussie».
De Nantes à Nice, les manifestants ont battu le pavé dans la matinée, avant que le cortège parisien ne s’ébranle à 14H00 pour dire «non» au recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, sur fond de large mécontentement social dans un contexte d’inflation.
Production électrique en berne, expéditions de carburants suspendues, transports très perturbés sur le réseau ferroviaire et à Paris, enseignants mobilisés, la mobilisation, la grève contre le projet de réforme des retraites battait son plein jeudi.
«Le million de manifestants dépassé»
Le taux de gréviste atteint 46,3% jeudi à la SNCF pour la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, qui entraîne de nombreuses annulations de trains, notamment de trains régionaux, a appris l’AFP de source syndicale.
Dans le détail, on compte 77,4% de grévistes chez les conducteurs de trains de voyageurs, 50,8% chez les contrôleurs ou encore 48,4% chez SNCF Réseau, où travaillent les aiguilleurs et les agents chargés de la maintenance des voies.
La mobilisation contre la réforme des retraites «est au-delà de ce qu’on pensait», s’est félicité le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, au début de la manifestation parisienne jeudi alors que son homologue de la CGT Philippe Martinez estimait que «le million de manifestants allait être dépassé».
«On est clairement sur une forte mobilisation», a déclaré M. Berger. «Cette mobilisation est réussie», s’est pour sa part réjoui M. Martinez, saluant «une union des syndicats, gage de confiance pour les salariés».
«On est à genoux»
Les premiers chiffres remontés par les autorités attestent d’une mobilisation très importante: au moins 30.000 personnes ont ainsi défilé à Toulouse, 26.000 à Marseille, 15.000 à Montpellier, 14.000 à Tours, 13.600 à Pau, 12.000 à Perpignan et Orléans, 8.000 à Châteauroux, 9.000 à Angoulême, 6.500 à Mulhouse et Périgueux…
Des niveaux comparables voire supérieurs à ceux du 5 décembre 2019: au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, la police avait compté 806.000 manifestants en France, la CGT 1,5 million.
À Marseille, le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que «le gouvernement a perdu sa première bataille, celle d’avoir convaincu les gens de la nécessité de sa réforme».
Un rejet exprimé avec véhémence par Manon Marc, animatrice scolaire croisée dans la capitale: «Je trouve qu’on se fout de notre gueule. Ils ne savent pas ce que c’est que de travailler jusqu’à 64 ans dans ces conditions-là».
«On est à genoux», lâche Florence Trintignac, 54 ans, cadre de santé rencontrée parmi des milliers de manifestants à Clermont-Ferrand. Pour elle, «cette réforme, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase».
«Un conflit dur»
Plus de 200 points de rassemblement sont prévus en France, les autorités attendant 550.000 à 750.000 manifestants, dont 50 à 80.000 dans la capitale.
Pour encadrer les rassemblements, plus de 10.000 policiers et gendarmes sont à pied d’œuvre, dont 3.500 à Paris, où des sources sécuritaires redoutent la formation d’un «précortège» potentiellement violent de 1.000 à 2.000 personnes.
Les Français n’ayant pas recours au télétravail, qui s’est fortement développé depuis le Covid, doivent composer avec des transports en commun au compte-goutte.
Pour le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot «on est partis pour un conflit dur» et «il faut bloquer l’économie».
Une réponse à Emmanuel Macron, qui a jugé mercredi qu’il fallait «faire le distinguo entre les syndicats qui appellent à manifester dans un cadre traditionnel et ceux qui sont dans une démarche délibérée de bloquer le pays».
Les huit principaux syndicats présentent un front uni inédit depuis 12 ans. Les partis de gauche sont aussi vent debout contre une réforme vue comme «un impôt sur la vie», ont accusé les parlementaires socialistes.
Cette première journée a valeur de test pour l’exécutif comme pour les syndicats, qui se retrouveront dans la soirée pour décider d’une nouvelle date – le 26 janvier est sur la table.
Énergie
Les agents d’EDF ont procédé à des baisses de production d’électricité, atteignant au moins l’équivalent de deux fois la consommation de Paris.
La puissance disponible sur le parc nucléaire devrait tomber à 63% à midi, contre 72% prévu par EDF, selon des données EDF analysées par l’AFP.
Du côté des raffineries, la CGT TotalEnergies comptait entre 70 et 100% de grévistes, sur la plupart des sites du groupe.
Selon un premier point de la CGT, il y avait 100% de grévistes dans les équipes du matin pour la bioraffinerie de La Mède, le dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque, et l’usine pétrochimique de Carling (Moselle).
La raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) connaissait 95% de grévistes et celle de Normandie 80%, alors que les équipes de la raffinerie de Feyzin (Rhône) étaient en grève à plus de 70%, selon la CGT.
À Paris, Marc Bontemps, secrétaire général CGT de la production d’énergie en région parisienne, mettait en garde contre «un risque de tension» sur le chauffage parisien, compte tenu d’une grève dans les incinérateurs d’Ivry et Issy-les-Moulinaux.
Transports
La grève était très suivie dans les transports avec quasiment aucun train régional, peu de TGV, un métro tournant au ralenti à Paris et une grande banlieue très peu desservie.
Le trafic régional était quasiment arrêté avec seulement 1 TER sur 10 en moyenne et une fréquence à peu près identique pour les lignes Transilien – les trains de banlieue parisienne – et certains RER.
De source syndicale, un peu plus de 52% des employés de la SNCF avaient annoncé mercredi qu’ils feraient grève, dont 80% des conducteurs et 42% des aiguilleurs. La direction n’a pas confirmé ces chiffres.
Malgré ces perturbations, le trafic routier francilien restait fluide, selon le site Sytadin, exploité par la Direction des routes d’Île-de-France.
Au port de Calais, dans le nord de la France, il n’y avait aucun trafic en raison d’une grève des officiers de port prévue jusqu’à 17H00, a indiqué la communication du port.
À Lyon, une panne informatique a paralysé les quatre lignes de métro jeudi matin. Deux lignes avaient repris en début de matinée, mais pas les lignes automatiques B et D, auxquelles l’opérateur n’a pu substituer de bus relais à cause du mouvement social.
Éducation
Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a annoncé jeudi un taux de 65% des professeurs de collèges et lycées grévistes, et le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, recense 70% d’enseignants grévistes.
Selon le ministère, la mobilisation nationale se traduisait par un taux d’enseignants grévistes de 42,35% dans le primaire et de 34,66% dans le secondaire (collèges et lycées), bien en deçà des chiffres des syndicats.
Par ailleurs…
Les programmes des télés et des radios publiques devaient être largement perturbés en raison d’appels à la grève à France Télévisions, Radio France et France Médias Monde (France 24 et RFI). (AFP)