Si le cours des événements sanglants qui ont cours au Sénégal depuis le 1er juin 2023 ne change pas de direction, le ministère de l’Intérieur devra instituer une rubrique quotidienne pour informer sur des bilans qui pourraient être de plus en plus macabres. Cela serait d’autant plus vraisemblable si, au niveau de la plus haute autorité de ce pays, il était décidé d’accepter les coûts politiques qu’engendrerait fatalement une intensification de la répression contre des manifestants désarmés. Après deux jours de troubles graves qui continuent de bloquer le pays, notamment dans ses activités économiques, au moins 15 personnes sont déjà tombées, la plupart victimes d’un maintien de l’ordre débridé des forces de défense et de sécurité (FDS) auxquelles une impunité totale semble avoir été promise.
Aujourd’hui, un mort est signalé à Bargny (à environ 20 km de la capitale) au moment où les affrontements ont lieu au Croisement 22, à Dior Parcelles assainies, Marché Zinc, etc. A Pikine Texaco, des bus Tata ont été incendiés et réduits en cendres.
Les mêmes scénarios se retrouvent également dans la zone proche des HLM et d'Usine Bène Tally.
La tension pourrait décupler avec l’intention affichée des jeunes manifestants de rejoindre la place de l’indépendance où des véhicules de l’armée nationale stationnent depuis hier vendredi.
Les manifestants affichent une farouche détermination à « protéger » Ousmane Sonko. De nombreux groupes de militants tentent de s’organiser pour rallier son domicile de la Cité Keur Gorgui. Cette attitude est visible dans leur expression corporelle, dans leurs propos, dans l’optimisme dans affiché. Il semble même que les arrestations intempestives opérées dans leurs rangs par la police en divers endroits du pays de même que les violences subies par beaucoup d’entre eux contribuent à les radicaliser davantage dans leur quête de « liberté ».