Article modifié le 6 février 2024 à 07:16 GMT
La séance plénière convoquée ce lundi 5 février à l'assemblée nationale a été très houleuse tout au long de la journée entre députés de Pastef et leurs collègues du bloc BBY-PDS. Pendant plus de dix heures, les débats ont tourné autour de questions préalables que l'opposition a jugé dignes d'intérêt avant l'examen de la proposition de loi constitutionnelle visant le report de l'élection présidentielle annulée du 25 février 2024.
C’est en fin de compte avec l’assistance de plusieurs éléments du Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) que la procédure voulue par la majorité au pouvoir a été parachevée. Tous les députés contestataires ont été évacués de force en dehors de l’hémicycle pour laisser place au Bloc BBY-PDS. C'est dans cette ambiance martiale que ladite proposition de loi No 04/2024 reportant l’élection présidentielle du 25 février 2024 a pu être adoptée en soirée par l’assemblée nationale.
Le texte a été voté par les députés de la majorité au pouvoir Benno Bokk Yaakaar (BBY) et du groupe parlementaire Liberte, Démocratie et Changement du Parti démocratique sénégalais (PDS). Un amendement introduit dans le texte fixe la prochaine élection présidentielle au date15 décembre 2024.
Celle qui devait avoir lieu ce 25 février a été définitivement effacée du calendrier républicain. Et dans la foulée, le gouvernement a rendu public le décret No 2024-106 du 3 février 2024 que les élus de l’opposition ont réclamé toute la journée au président de l’Assemblée nationale. Ce document vient abroger le décret No 2023-2283 du 29 novembre 2023 qui avait convoqué le corps électoral pour l’élection du 25 février 2024. Il porte la signature du président de la République et le contreseing du premier ministre Amadou Ba.
La conséquence de cette nouvelle légalité arrachée quasiment avec les baïonnettes en seulement quelques jours de manoeuvres fast-track par l'alliance des libéraux va permettre á Macky Sall de prolonger son bail à la tête du pays de 9 mois supplémentaires, en attendant peut-être mieux ou pire.
Alors que son second et dernier mandat expire le 2 avril 2024, Macky Sall va être confronté à une autre réalité : l'opposition lui a déjà signifié qu'elle ne le reconnaitra plus comme Président de la République du Sénégal à compter de cette échéance. [IMPACT.SN]