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Incendies en Amazonie: des centaines de nouveaux feux, l'émotion grandit

Samedi 24 Août 2019

Des centaines de nouveaux incendies de forêts font rage à travers le Brésil, les plus dévastateurs en Amazonie de ces dernières années, et la pression internationale est montée samedi d'un cran pour pousser le président brésilien Jair Bolsonaro à agir.
 
Une équipe de l'AFP qui a survolé vendredi l'Etat de Rondonia (nord-ouest) a constaté la présence de multiples incendies.
 
Les habitants de Porto Velho rencontrés samedi faisaient part de leurs craintes concernant le nuage de fumée qui surplombe la principale ville de la zone.
 
"Je suis très inquiète pour l'environnement et notre santé", a déclaré à l'AFP Delmara Conceicao Silva. "J'ai une fille qui a des problèmes respiratoires et elle souffre davantage avec les feux".
Le sort de la plus vaste forêt tropicale de la planète est au coeur du sommet du G7 qui se tient ce week-end à Biarritz, dans le sud-ouest de la France.
 
Les dernières données officielles indiquent que 78.383 incendies ont été enregistrés depuis janvier, soit un record depuis 2013.
 
En Amazonie, quand une forêt est défrichée, les troncs sont emportés mais le reste de la végétation est brûlé sur place pendant la saison sèche, qui dure de juillet à novembre. Pour les terres agricoles, ou des prairies, la végétation et les mauvaises herbes sont également entassées, en attendant la saison sèche. C'est ce qui brûle en ce moment, expliquent les experts.
 
Plus de la moitié de ces incendies sont situés en Amazonie, où vivent plus de 20 millions de personnes. Quelque 1.663 nouveaux feux ont été allumés entre jeudi et vendredi, selon l'Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE).
 
Le patron de l'INPE a été limogé début août après avoir publié des données sur la déforestation jugées mensongères par Jair Bolsonaro: elles montraient que la déforestation en juillet avait été quasiment quatre fois supérieure à celle enregistrée durant le même mois de 2018.
 
Ces nouveaux chiffres sont rendus publiques au lendemain de l'annonce par M. Bolsonaro du déploiement de l'armée pour lutter contre les flammes et combattre la criminalité dans la région.
 
- "Aide bienvenue" -
 
L'américain Donald Trump et le britannique Boris Johnson ont proposé leur aide.
"Toute aide concernant les incendies est la bienvenue", a déclaré samedi à des journalistes le ministre de la Défense Fernando Azevedo e Silva.
 
Les images du "poumon de la planète" en feu ont provoqué une émotion mondiale.
 
Aux cris de "Sauvez l'Amazonie", des manifestations ont rassemblé vendredi plusieurs milliers de personnes à Sao Paulo et Rio de Janeiro, d'autres ont eu lieu devant les ambassades et consulats du Brésil dans le monde, à l'appel de nombreuses ONG.
 
Cette crise environnementale est telle qu'elle menace de torpiller l'accord commercial UE-Mercosur (Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et Paraguay) signé fin juin après 20 ans de tractations.
 
"Il est difficile d'imaginer un processus de ratification harmonieux par les pays européens tant que le gouvernement brésilien permettra la destruction du poumon vert de la Terre", a prévenu samedi le président du Conseil européen Donald Tusk peu avant l'ouverture du G7.
 
Emmanuel Macron a accusé vendredi Jair Bolsonaro d'avoir "menti" sur ses engagements en faveur de l'environnement et a annoncé que dans ces conditions, la France s'opposait au traité UE-Mercosur.
 
"Les incendies de forêt existent dans le monde entier et cela ne peut pas servir de prétexte à d'éventuelles sanctions internationales", a répliqué vendredi soir le chef de l'Etat brésilien dans une brève allocution télévisée.
 
Il a également accusé sur Twitter son homologue français de vouloir "fomenter la haine contre le Brésil par simple vanité". Peu avant, il tweetait: "Le feu le plus ardent est celui de notre souveraineté sur l'Amazonie", dont 60% se trouvent en territoire brésilien.
 
Un peu plus tôt cette semaine, Jair Bolsonaro avait montré du doigt les ONG de défense de l'environnement à propos des "incendies criminels".
 
"Les ONG perdent de l'argent, qui venait de la Norvège et de l'Allemagne. Elles n'ont plus d'emplois, elles essaient de me renverser", a-t-il assuré jeudi, en référence à la suspension par ces deux pays de leurs subventions au Fonds Amazonie affecté à la préservation de l'immense forêt tropicale.
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