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Kim Yo Jong, la puissante princesse de Corée du Nord

Samedi 10 Février 2018

En devenant vendredi la première membre de la dynastie régnante nord-coréenne à se rendre au Sud, la petite soeur de Kim Jong Un affirme un peu plus sa montée en puissance au sein du régime.

Kim Yo Jong avait déjà en octobre fait une entrée remarquée au puissant politburo du parti unique de Corée du Nord, devenant ainsi la plus influente figure féminine d'un régime où le pouvoir est une affaire de famille depuis plus de 70 ans.

Sur le papier, le chef de la délégation nord-coréenne aux jeux Olympiques de Pyeongchang ouverts vendredi est Kim Yong Nam, qui est officiellement le chef de l'Etat mais dont le rôle est largement honorifique.

"Dans les faits, la véritable cheffe de file est Kim Yo Jong", estime l'analyste Cheong Seong-chang, de l'Institut Sejong.

Certains experts s'attendent à ce qu'elle remette un message de son frère au président sud-coréen Moon Jae-in, avec lequel la délégation nord-coréenne déjeunera samedi.

Le fait d'appartenir à la famille des Kim est à double tranchant: s'il est assorti d'avantages évidents en Corée du Nord, il peut aussi impliquer des conséquences catastrophiques en cas de disgrâce.

Jang Song Thaek, l'oncle de Kim Jong Un, a été exécuté pour trahison en 2013. Son demi-frère Kim Jong Nam a été assassiné à l'aéroport de Kuala Lumpur l'an dernier, empoisonné par un agent neurotoxique dans une attaque aux relents de Guerre froide.

Yo Jong tutoierait la trentaine, ce qui ferait d'elle la plus jeune membre du nouveau politburo dévoilé en octobre.

- 'Elle peut parler de tout à Kim' -

Elle est l'un des trois enfants que l'ancien dirigeant Kim Jong Il a eus avec sa troisième partenaire connue, l'ancienne danseuse Ko Yong Hui.

Elle entretient un lien d'autant plus spécial avec le numéro un actuel qu'elle partage avec lui la même mère. Et comme lui, elle a étudié en Suisse.

Elle a fait sa première apparition officielle dans les médias nord-coréens en 2009, en accompagnant son père en visite dans une université agronomique.

Elle fut une figure récurrente de l'entourage de ce dernier jusqu'à sa mort en décembre 2011. Sur les photos des obsèques, elle était en bonne place, au côté de son frère.

Lorsque Kim Jong Un a pris les commandes, sa carrière publique au sein du département de la propagande du parti a décollé, jusqu'à sa nomination en 2014 comme "directrice adjointe de département" au sein du comité central, et donc son entrée au politburo en octobre.

"Elle est une des rares personnes à pouvoir parler librement de tout avec le leader Kim", croit savoir Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études sur la Corée du Nord à Séoul.

"Elle a probablement une influence bien plus importante que les autres responsables nord-coréens pour ce qui concerne la prise de décision et la coordination politique avec le leader", ajoute-t-il, en précisant qu'elle parle couramment français et anglais.

Son frère est en train de la former aux plus hautes fonctions, selon les analystes, et elle fait ses grands débuts diplomatiques aux jeux Olympiques d'hiver.

Les femmes sont extrêmement rares dans la hiérarchie politique de Corée du Nord, dont la société reste profondément patriarcale. Mais la famille Kim fait exception.

Pendant des décennies, Kim Kyong Hui fut une proche collaboratrice de son frère Kim Jong Il, occupant des fonctions de premier plan au sein du parti et devenant même en 2010 générale quatre étoiles.

Mais elle a quasiment disparu de la scène publique depuis l'exécution de son mari Jang Song Thaek.

Jusqu'à leur tombée en disgrâce, le couple était perçu comme tout puissant et comme ayant joué un rôle essentiel dans la passation du pouvoir aux mains de Kim Jong Un.

Mais l'ascension de Yo Jong a été encore plus fulgurante, puisqu'elle est entrée à l'Assemblée populaire suprême, le "Parlement" du Nord, à 27 ans seulement. Sa tante Kyong Hui n'y entra qu'à 44 ans.
 
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