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La Chine fait un rare test de missile balistique intercontinental dans le Pacifique

Mercredi 25 Septembre 2024

La Chine a effectué mercredi un essai de missile balistique intercontinental dans le Pacifique, le premier de ce type, semble-t-il, depuis plusieurs décennies. Ce tir a suscité des protestations de la part de pays de la région, Japon, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, inquiets du renforcement du potentiel militaire chinois.

 

Les forces armées « ont tiré avec succès le 25 septembre à 8 h 44 (20 h 44 heure de l’Est) en haute mer dans l’océan Pacifique un missile balistique intercontinental transportant une ogive factice d’entraînement. Il est tombé avec précision dans la zone maritime prédéterminée », a annoncé à Pékin le ministère de la Défense, lequel communique rarement ouvertement sur les exercices de ce genre.

 

« Ce tir de missile fait partie du programme annuel d’entraînement de routine », il « est conforme au droit international et aux pratiques internationales et ne vise aucun pays ou cible spécifiques », a-t-il assuré.

 

Aucun détail sur le lieu de la chute de l’engin n’a été officiellement apporté et le ministère n’a pas précisé dans son communiqué s’il avait été tiré d’un sous-marin ou de la terre ferme.

 

Les missiles balistiques intercontinentaux font partie des armes les plus puissantes et peuvent transporter des charges nucléaires dévastatrices.

 

Un analyste a expliqué à l’AFP que de tels tests chinois étaient très rares.  

 

« C’est extrêmement inhabituel et c’est probablement la première fois depuis des décennies que nous assistons à un tel essai », a commenté Ankit Panda, chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, un centre de réflexion américain.  

 

Ce test « témoigne probablement de la modernisation nucléaire en cours de la part de la Chine, qui se manifeste par de nouveaux besoins en matière de tests », a-t-il estimé.

 

Un arsenal en croissance rapide

 

La Chine avait procédé à un essai de missile balistique intercontinental dans le Pacifique Sud dans les années 1980. Mais ces tests ont en général lieu dans son propre espace aérien, a dit M. Panda à l’AFP.  

 

Pékin a accéléré le développement de son arsenal nucléaire et augmenté ses dépenses en matière de défense ces dernières années, le Pentagone ayant averti en octobre dernier qu’elle le faisait plus rapidement que les États-Unis ne l’avaient prévu.  

 

En mai 2023, la Chine détenait plus de 500 ogives nucléaires opérationnelles et devrait en avoir deux fois plus d’ici à 2030, selon Washington.  

 

Pékin, qui s’est toujours engagé à ne jamais utiliser en premier une arme atomique, avait dénoncé ces conclusions.  

 

D’après les données disponibles en 2023, les États-Unis disposaient de 3708 ogives nucléaires et la Russie de 4489, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui en comptabilisait 410 pour la Chine.

 

Inquiétudes dans le Pacifique

 

L’essai de mercredi a suscité de grandes inquiétudes dans la zone Pacifique.

 

« L’Australie est préoccupée par toute action déstabilisatrice et augmentant le risque d’erreur dans la région », a déclaré à l’AFP à ce sujet un porte-parole du ministère australien des Affaires étrangères.  

 

« Le gouvernement australien a demandé une explication à la Chine », tandis que la Nouvelle-Zélande a qualifié le tir de missile de « malvenu et préoccupant ».

 

Le Japon, qui a déploré qu’il n’y ait eu « aucun préavis » de la part de Pékin, a souligné que le renforcement rapide de la puissance militaire chinoise et le manque de transparence dans ce domaine étaient a source d’une « préoccupation sérieuse ».

 

Tensions internationales

 

La Chine et les États-Unis se livrent par ailleurs une intense lutte d’influence dans le Pacifique.

 

De hauts responsables militaires chinois et américains ont toutefois eu en septembre un entretien vidéo dans le cadre des efforts déployés par les deux puissances pour apaiser les tensions et éviter toute erreur d’interprétation sur leurs intentions.

 

Les États-Unis envoient régulièrement des navires de guerre en mer de Chine méridionale pour y contrarier les prétentions territoriales de Pékin, mais aussi à proximité de Taïwan pour y soutenir les dirigeants locaux.

 

La Chine considère que cette île est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

 

Les relations Pékin-Taipei sont exécrables depuis 2016 et l’arrivée à la présidence de Taïwan de Tsai Ing-wen, puis de son successeur Lai Ching-te en mai 2024, tous les deux étant partisans de liens plus distendus avec la Chine continentale.

 

La Chine a grandement modernisé son armée ces dernières décennies et ses dépenses militaires augmentent tous les ans, même si elles restent très inférieures à celles des États-Unis.  

 

Ce renforcement des capacités militaires chinoises suscite la méfiance récurrente de certaines nations voisines, notamment celles avec qui Pékin entretient des différends territoriaux, comme le Japon (pour les îles Senkaku/Diaoyu) et les Philippines (en mer de Chine méridionale). [AFP]

 
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