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Les Catalans votent dans un climat tendu

Dimanche 1 Octobre 2017

BARCELONE (Reuters) - Nombre de Catalans ont participé ou tenté de participer dimanche à un référendum d‘autodétermination de la région dont les autorités espagnoles ont essayé jusqu‘au bout d‘empêcher la tenue par tous les moyens.
 
Selon département de la Santé catalan, 337 personnes ont reçu des soins après des heurts avec la police, qui a notamment chargé des manifestants qui protestaient contre la fermeture de bureaux de vote et tiré des balles en caoutchouc.
 
Le président de la Généralité, le gouvernement régional catalan, Carles Puigdemont, a accusé les autorités de Madrid de recourir à une “violence injustifiée” et de donner à l’étranger une “image épouvantable de l‘Espagne”.
 
“La violence injustifiée, disproportionnée et irresponsable de l‘Etat espagnol n‘a pas seulement échoué à décourager les Catalans de voter, elle a aussi contribué à lever tous les doutes qui se posaient aujourd‘hui”, a-t-il déclaré à des journalistes.
 
Bien que Madrid ait décrété le référendum illégal, de longues files d‘attente s’étaient formées avant l‘aube dans toute la Catalogne devant des écoles et autres lieux destinés à servir de bureau de vote.
 
Dans certains endroits, les organisateurs avaient au dernier moment amené des urnes dans de grands sacs en plastique. Les autorités ont conseillé aux électeurs d‘imprimer eux-mêmes chez eux leur bulletin de vote.
 
En cas de fermeture par la police de leur bureau de vote, les gens pouvaient voter n‘importe où ailleurs, l‘exécutif régional disposant de ce qu‘il appelle “un recensement universel”.
 
C‘est ce qu‘a fait Carles Puigdemont, son bureau de vote dans la province de Gérone ayant été occupé par la police. Il a finalement voté dans le village de Cornella del Terri, a constaté un journaliste de Reuters.
 
Les “Mossos”, les policiers catalans, n’étant pas intervenus pour faire fermer les bureaux de vote, qui ont ouvert à 09h00, ce sont les policiers envoyés de Madrid qui l‘ont fait, parfois de manière musclée bien qu‘ils aient reçu consigne d‘agir avec retenue pour éviter les débordements.
 
MADRID JUGE SON INTERVENTION JUSTIFIÉE
 
Le gouvernement espagnol a néanmoins jugé que l‘intervention de la police était “justifiée” et “proportionnée” face à ce qu‘il a présenté comme un “simulacre d’élections” et “une comédie”.
“On nous a fait faire quelque chose qu‘on ne voulait pas faire”, a déclaré le délégué du gouvernement en Catalogne, Enric Millo, lors d‘une conférence de presse.
 
Dans les derniers jours précédant ce référendum, interdit par la Cour constitutionnelle espagnole, le gouvernement de Madrid a tout fait pour contrecarrer son organisation.
 
La police a arrêté des responsables catalans, saisi du matériel de campagne, bloqué l‘accès à la plupart des 2.300 écoles censées accueillir les électeurs et occupé le centre de communication et d‘information du gouvernement catalan.
 
Ce dernier, soutenu par des associations indépendantistes, n‘a toutefois pas renoncé à son projet. Des familles ont occupé des écoles et dormi sur place pour empêcher les forces de l‘ordre de les fermer.
 
Carles Puigdemont affirmait initialement qu‘en cas de victoire du “oui”, le gouvernement régional proclamerait l‘indépendance dans un délai de 48 heures.
 
Des dirigeants catalans ont toutefois reconnu depuis que les multiples initiatives prises par Madrid avaient fragilisé cette consultation.
 
Le gouvernement espagnol juge lui-même avoir agi avec suffisamment de vigueur pour priver ce référendum de toute crédibilité.
 
Ailleurs qu’à Barcelone, des agriculteurs ont utilisé leurs tracteurs pour protéger les bureaux de vote dans une trentaine de localités de la région, selon les médias espagnols. Des indépendantistes ont retiré les grilles en fer des écoles pour éviter qu‘elles ne soient scellées.
 
D‘après les sondages, une minorité de Catalans, environ 40%, est pour l‘indépendance de cette région autonome du nord-est de l‘Espagne, qui compte 7,5 millions d‘habitants et affiche une économie plus prospère que celle du Portugal. Une majorité est cependant favorable à la tenue d‘un référendum sur la question.
 
Le “oui” devrait malgré tout l‘emporter, car la participation des partisans de l‘indépendance risque d’être bien plus élevée que celle des opposants.
 
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