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Macron veut faire de la France un leader de l'intelligence artificielle

Lundi 26 Mars 2018

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron s'apprête à conforter la place de la France dans la "course à l'armement" de l'intelligence artificielle (IA), un domaine dans lequel Paris entend jouer dans la "cour des grands" malgré la concurrence des géants américains et chinois.

Le chef de l'Etat va recevoir à dîner mercredi soir des chercheurs internationaux en la matière avant de se voir remettre jeudi le rapport du mathématicien et député La République en marche Cédric Villani et de prononcer un discours au Collège de France pour dévoiler sa stratégie.

"J'annoncerai jeudi des mesures permettant à la France de conforter sa place comme l'un des leaders de l'intelligence artificielle dans le monde", a dit le chef de l'Etat lundi soir lors d'un discours aux industriels français.

Selon l'Elysée, la mobilisation de fonds publics, notamment issus du fonds pour l'innovation dans l'industrie (F2i), du programme d'investissements d'avenir (PIA) et de crédits budgétaires, devrait être annoncée.

"La France a raté toutes les dernières révolutions technologiques, la robotisation, internet, on n'a pas de géants en la matière", dit-on dans l'entourage du chef de l'Etat. "Là il y a vraiment la volonté de faire partie du jeu mondial" avec l'intelligence artificielle et la France "a la capacité de jouer dans la cour mondiale dans certains secteurs".

D'autres annonces en termes d'investissements ou d'installation sont également attendues de la part des groupes, à l'image de Samsung dont le président Young Sohn sera reçu jeudi matin à l'Elysée par Emmanuel Macron.

Elles s'ajouteraient à celles de Google et de Facebook qui ont annoncé fin janvier, lors du sommet "Choose France", l'ouverture d'un centre de recherche fondamentale sur l'IA en France pour le premier et dix millions d'euros supplémentaires d'investissements dans ce domaine pour le second.
 
"INVESTISSEMENTS GALOPANTS"

L'enjeu est immense pour la France et l'Europe face aux investissements colossaux de la Chine et des Etats-Unis. Pékin a affiché en juillet son ambition de devenir le numéro un mondial d'ici 2025 dans ce domaine pour tenter de rivaliser avec les leaders américains du marché, Google et Microsoft.

"Il y a une mobilisation de chaque pays sur l'IA, on peut presque parler d'une course à l'armement et d'investissements assez galopants en la matière", note-t-on à l'Elysée.

Au-delà des perspectives économiques, "ne pas rater le train de l'IA c'est aussi garantir que la France pourra continuer à développer des solutions pour ses industriels et ses services publics en matière d'IA", ajoute-t-on. "Il y a un risque que ça soit exclusivement produit par des acteurs étrangers et qu'à un moment donné on ait un problème de souveraineté".

Si la France n'a pas aujourd'hui "l'écosystème pour voir des géants émerger", elle peut compter sur sa recherche et ses ingénieurs spécialisés, dont un grand nombre a rejoint ces dernières années les cellules IA des GAFA, selon l'Elysée. Jérôme Pesenti chapeaute depuis janvier l'IA chez Facebook où il a rejoint un autre Français, Yann LeCun.

"La France a également pour elle d'avoir à sa main des jeux de données en matière de santé notamment qui peuvent lui permettre d'en tirer des bénéfices en matière d'IA avec la vigilance qui s'impose", dit-on à l'Elysée, à quelques jours de la remise du rapport Villani chargé de dessiner une approche française et européenne de l'IA.

Selon un sondage du CSA publié en janvier, 85% des Français pensent que l’IA va être une véritable révolution, au même titre qu’Internet, et qui aura lieu dans moins de 10 ans pour 80% d’entre eux.

Elle est perçue comme porteuse d’opportunités pour la vie quotidienne par 54% des Français contre 26% qui la considèrent comme menaçante. Au total, 47% des Français considèrent que l’IA constitue plutôt une menace pour la démocratie, 70% pour la protection de la vie privée et 64% pour l’emploi.
 
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