Ce sera le premier procès pénal de l’histoire des États-Unis pour un ancien président : Donald Trump s’est vu notifier en personne jeudi sa comparution à partir du 25 mars à New York dans une affaire de paiements pour taire une relation supposée avec une actrice de films X.
Au même moment, un juge de Géorgie s’est penché sur une requête d’avocats de Donald Trump qui contestent les poursuites dans le dossier des pressions qu’aurait exercées le républicain pour inverser les résultats de la présidentielle de 2020. Ils reprochent à la procureure d’avoir entretenu une relation amoureuse avec un juriste qu’elle avait engagé pour travailler sur cette affaire.
Ce sont deux des quatre affaires pénales (plus deux au civil) auxquelles le magnat républicain est confronté cette année à quelques mois de la présidentielle du 5 novembre.
Et cette nouvelle semaine judiciaire pour Donald Trump devrait se poursuivre vendredi, si, comme l’a confirmé une source proche du dossier à l’AFP, un autre juge new-yorkais rend sa décision dans le procès civil où l’ex-président est accusé de fraudes et d’avoir gonflé de manière colossale la valeur de ses actifs immobiliers dans les années 2010 pour séduire les banques.
Dans le procès au pénal le 25 mars sur des paiements à une ancienne vedette de films pornographiques Stormy Daniels, Donald Trump, 77 ans, a une nouvelle fois dénoncé une « affaire d’ingérence électorale », une « honte » et un « État, une ville (de New York) truqués » par les démocrates du président Joe Biden.
« Comment peut-on se présenter aux élections quand on est assis dans un tribunal ? », avait lancé en arrivant l’ancien président qui rêve de le redevenir.
Le juge Juan Merchan du tribunal de New York a néanmoins rejeté ses requêtes pour annuler les poursuites, comme le souhaitait l’homme d’affaires et tribun politique.
Prison pour Trump ?
À l’origine de ce procès à venir, le procureur de l’État de New York pour la juridiction de Manhattan, le magistrat élu du Parti démocrate Alvin Bragg, s’est dit dans un communiqué « satisfait » de la décision du tribunal et « impatient d’exposer son affaire en justice le 25 mars ».
Mais que risque Donald Trump ?
Chacune des 34 fraudes comptables qui lui sont reprochées est passible d’une peine maximale de quatre ans de prison s’il est reconnu coupable, mais la justice pourrait lui imposer une peine alternative et ne pas l’envoyer derrière les barreaux.
Le 45e président des États-Unis (2017-2021) est accusé d’avoir maquillé les comptes de son entreprise familiale Trump Organization pour dissimuler notamment le versement de 130 000 dollars à Stormy Daniels, juste avant la présidentielle de novembre 2016, pour qu’elle se taise sur une relation présumée en 2006.
Il était déjà marié avec Melania Trump et a nié toute relation avec l’actrice, de son vrai nom Stephanie Clifford.
Pour l’instant, les nombreuses affaires le visant n’ont pas entamé son crédit auprès de la base des militants républicains et il a remporté haut la main les deux premières primaires de son parti pour l’investiture à la présidentielle de novembre, dans les États de l’Iowa et du New Hampshire.
Il a même fait des tribunaux des tribunes politiques.
Donald Trump a profité de chacune de ses venues dans les prétoires pour se dépeindre, sans preuve, en victime de machinations judiciaires orchestrées par des procureurs et des juges à la solde du camp démocrate. Et ses ennuis en justice lui ont permis de lever des millions de dollars auprès des militants.
« Il dépense des millions de dons de campagne en frais d’avocat. Tout ce chaos ne peut qu’entraîner de nouvelles pertes pour les républicains », a critiqué sur X (ex-Twitter) Nikki Haley, sa seule rivale pour l’investiture du parti à la présidentielle.
Le procès de New York ne sera pas le plus conséquent des ennuis judiciaires de Donald Trump et des observateurs jugent le dossier fragile.
Il est également poursuivi devant la justice fédérale et celle de l’État de Géorgie pour ses tentatives présumées illicites de renverser le résultat de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden.
Devant un tribunal à Atlanta, le juriste Nathan Wade a assuré que sa relation amoureuse avec la procureure Fani Wallis avait débuté « environ en mars » 2022 et qu’elle n’était « pas secrète, mais simplement intime ».
Quant au procès fédéral à Washington, il devait commencer le 4 mars mais a été reporté le temps de statuer sur une éventuelle immunité pénale de l’ex-président Trump. [AFP]