Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, samedi soir, que les relations entre l’Algérie et la France sont coordonnées avec son homologue français, Emmanuel Macron.
« L’unique point de repère pour moi est le président Macron. Tous les problèmes doivent être traités avec lui, ou avec une personne qu’il désigne. Le reste de ce qui se passe ne nous intéresse pas », a-t-il déclaré lors d’une entrevue avec des journalistes, diffusée samedi dans la soirée sur la télévision publique.
Il a insisté : « C’est lui (Macron, ndlr), mon alter ego, et c’est avec lui que je travaille. Quant au reste, ce ne sont que des agitations qui ne nous concernent pas ».
Le chef de l’État algérien a estimé, en réponse à une question sur le contentieux actuel entre Alger et Paris, que « celui-ci est préfabriqué ».
« Le dossier concernant ce contentieux, qui est, faut-il le souligner, préfabriqué, est entre les mains de quelqu’un qui a toute ma confiance qui est le ministre des Affaires étrangères (Ahmed Attaf) », a-t-il précisé.
Abdelmadjid Tebboune est revenu, dans ce sens, sur l’origine de cette crise, qui est, dit-il, « la reconnaissance par la France du plan d’autonomie marocain et la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara Occidental ».
« Nous savons depuis les années 1970 que l’idée du plan d’autonomie est à l’origine française. Concernant la question du Sahara Occidental, la France a toujours été du côté du Maroc », a-t-il souligné.
Et d’ajouter : « Cela ne nous dérange pas, mais il dérange plutôt l’ONU et le conseil de sécurité, où la France siège en tant que membre permanent, qui essaie de solutionner ce conflit ».
Concernant la signification des récentes visites de ministres français dans des territoires sahraouis, le président Algérien dira « qu’il ne la comprend pas encore ».
A une question sur la déprogrammation pour France télévision d’un documentaire sur l’utilisation par l’armée coloniale française des armes chimiques durant la guerre d’Algérie, il a répondu avec ironie.
« C’est la liberté d’expression », a-t-il lancé, en rendant un hommage au « grand journaliste comme Jean-Michel Aphatie qui parle de faits historiques ».
Il a fait savoir aussi, dans ce sens, « qu’un Algérien a été mis sur la liste des personnes à expulser de France parce qu'il a parlé de la guerre génocidaire à Gaza ». « Où est la liberté d'expression ? », a-t-il demandé.
Pour rappel, les contentieux historiques entre l’Algérie et la France sont très profonds. En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes.
Alger exige aussi la reconnaissance par la France officielle des crimes coloniaux. Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal et le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au "rapport de force", selon les déclarations répétitives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune avait pointé, dans une précédente déclaration, des prises de position « hostiles » de politiques français, qualifiant le dialogue avec le président Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable » .
« Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », avait-il déploré. [AA]