Dans une vidéo diffusée dimanche sur la chaîne Al Jazeera, le commandant en chef adjoint des forces soudanaises, Yasser Al-Atta avertit "que les aéroports de N'Djamena et d'Amdjarass sont des cibles légitimes" pour les forces de son pays...Ces propos "peuvent être interprétés comme une déclaration de guerre s'ils sont suivis d'effets", a réagi le porte-parole du ministère tchadien des Affaires étrangères, Ibrahim Adam Mahamat...
Le Tchad accuse depuis plus de soixante ans le pouvoir soudanais de tout faire pour "déstabiliser le Tchad", notamment en ayant "orchestré des rébellions" et "soutenu le groupe Boko Haram". Depuis avril 2023, le Soudan est déchiré par un conflit opposant le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée et dirigeant de facto du pays depuis le putsch de 2021, à son ancien second Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Fin octobre 2024, N'Djamena avait nié toute implication dans le conflit soudanais, alors que le camp loyaliste l'accuse de jouer un rôle actif dans des livraisons d'armes des Émirats arabes unis aux FSR. Ce soutien aux FSR a déjà été pointé dans différents rapports - dont un de l'ONU en janvier 2024...
La présence à El Facher (sud-ouest du Soudan) d'une rébellion zaghawa -une ethnie également présente au Tchad- dirigée par Ousman Dillo, le frère cadet de l'opposant tchadien Yaya Dillo Djérou, tué par l'armée tchadienne au printemps, est le principal sujet d'inquiétude de N'Djamena.
En février 2008, une rébellion de cette même ethnie basée au Soudan avait lancé une offensive éclair au Tchad avec d'autres groupes, contraignant l'ancien président Idriss Déby Itno (1990-2021) à se réfugier dans son palais présidentiel, avant de réussir à repousser les rebelles avec le soutien décisif de Paris. [TV5 avec AFP]