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Soupçons de financement libyen: place au réquisitoire contre Nicolas Sarkozy et onze autres prévenus

Mardi 25 Mars 2025

L'ancien président français Nicolas Sarkozy
L'ancien président français Nicolas Sarkozy

Place à l'accusation au procès des soupçons de financement libyen: le parquet financier doit requérir à partir de mardi après-midi, et pour deux jours et demi, contre l'ancien président Nicolas Sarkozy et onze autres prévenus, dont trois ex-ministres.

 

Au seuil des débats qui se sont ouverts le 6 janvier, les trois procureurs doivent dérouler méthodiquement leur vision de ce dossier foisonnant, le montant des peines requises devant être formulé, comme il est d'usage, à la toute fin, soit jeudi soir.

 

L'ancien président, 70 ans, est soupçonné d'avoir noué fin 2005, avec l'aide de ses proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un "pacte de corruption" avec le richissime dictateur libyen Mouammar Kadhafi, afin qu'il soutienne financièrement sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.

 

Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, Nicolas Sarkozy encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d'amende, ainsi qu'une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu'à 5 ans.

 

Au vu de la gravité des faits reprochés et de la peine encourue, se posera la question de savoir si l'accusation réclame un mandat de dépôt - une incarcération immédiate, même en cas d'appel - à l'encontre de l'ancien président.

 

Mardi matin, les avocates de l'Etat libyen, bien éloigné de celui que dirigeait Mouammar Kadhafi jusqu'à sa mort en 2011, ont demandé que les prévenus soient condamnés à verser 10 millions d'euros en dommages et intérêts.

 

"L'impact est bien plus grave que juste la somme allouée", a plaidé Me Marion Seranne. "Les atteintes à la probité constituent la pierre angulaire d'une démocratie et ces atteintes, dans un pays en construction, sont d'une particulière gravité", a-t-elle déclaré.

 

L'ex-homme fort de la droite - qui a de nouveau juré mercredi lors d'un dernier tour de questions ne pas avoir "touché un seul centime d'argent illégal, libyen ou autre" - doit arriver au tribunal en début d'après-midi, a indiqué son entourage.

 

"J'ai eu l'impression qu'on était parti du postulat +Sarkozy coupable+", que "l'enjeu" n'était plus la "recherche de la vérité" mais pour le parquet financier de "ne pas perdre la face", a affirmé l'ex-chef de l'Etat.

 

Les trois parquetiers, Quentin Dandoy, Philippe Jaeglé et Sébastien de la Touanne, vont avoir l'occasion de répondre en détail à Nicolas Sarkozy, qui n'a eu de cesse de répéter au fil des audiences qu'il n'y avait "rien" dans le dossier.

 

Ainsi dès mardi après-midi, ils doivent aborder les trois déplacements en Libye fin 2005 de celui qui était alors ministre de l'Intérieur, ainsi que de ses proches, Claude Guéant (80 ans) et Brice Hortefeux (66 ans). Moment où s'est noué, pour eux, le "pacte de corruption".

 

- Virements libyens -

 

Ils détailleront aussi les virements d'argent libyen qui ont alimenté un compte de Ziad Takieddine (74 ans), principal accusateur de ce dossier, en fuite à Beyrouth depuis sa condamnation dans l'affaire Karachi - le versatile intermédiaire a aussi déclaré avoir livré des valises de cash à Claude Guéant, au ministère de l'Intérieur.

 

Mercredi, les procureurs évoqueront notamment les carnets de l'ancien ministre du Pétrole, Choukri Ghanem, mort en 2012 dans des circonstances troubles et qui écrivait en avril 2007 que trois virements pour 6,5 millions au total avaient été envoyés "à Sarkozy".

 

L'accusation développera les contreparties supposées à ce financement de campagne et détaillera aussi "l'exfiltration" rocambolesque hors de France en 2012 de Bechir Saleh, son ex-directeur de cabinet, par l'intermédiaire Alexandre Djouhri (66 ans) et le patron du renseignement intérieur.

 

Parmi les prévenus figurent l'ancien ministre Eric Woerth (68 ans), poursuivi en tant que trésorier de la campagne ; l'ancien ami de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert (73 ans), récipiendaire de 440.000 euros suspects ; deux hommes d'affaire saoudiens, un banquier franco-djiboutien et un ancien cadre d'Airbus.

 

Définitivement condamné en décembre pour corruption et trafic d'influence à un an de prison ferme aménagé dans l'affaire des écoutes, Nicolas Sarkozy porte depuis le 7 février un bracelet électronique.

 

Il a par ailleurs été condamné en appel à un an de prison dont six mois ferme dans l'affaire Bygmalion, pour des dépenses excessives de campagne en 2012. Il a formé un recours devant la Cour de cassation. [AFP]

 
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