Un nouveau duel entre Joe Biden et Donald Trump en novembre est plus probable que jamais, après la victoire de l'ancien président lors de la primaire du New Hampshire, qui a cimenté son statut de favori dans la course à l'investiture républicaine.
Le magnat de l'immobilier a tenu un discours de "victoire" après l'annonce des résultats du scrutin l'opposant à Nikki Haley. Sa rivale, ancienne ambassadrice à l'ONU, espérait remporter ce petit Etat du nord-est, où les électeurs conservateurs sont réputés plus modérés.
Donald Trump l'a devancée d'environ 11 points, avec plus de 54% des voix, après une victoire nette il y a quelques jours dans l'Iowa, où le taux de participation avait toutefois été faible.
Par le passé, tous les républicains ayant remporté ces deux primaires ont ensuite été investis.
Joe Biden a lui aussi remporté la primaire démocrate, moins significative, dans le New Hampshire. Il n'était pas officiellement inscrit, mais les électeurs, répondant à une campagne en ce sens, ont mis son nom sur les bulletins.
Si Nikki Haley, seule femme en lice pour l'investiture républicaine, veut croire que la course est "loin d'être terminée" avec son rival de 77 ans, le président démocrate a immédiatement désigné Donald Trump comme l'adversaire à battre.
- "Tout est en jeu" -
"Notre démocratie. Nos libertés individuelles (...). Notre économie (...). Tout est en jeu", a réagi le démocrate de 81 ans.
Sa directrice de campagne, Julie Chavez, a reproché mercredi à Donald Trump de "mener une campagne de vengeance et de règlement de comptes".
Joe Biden, très impopulaire, compte néanmoins sur la crainte qu'inspire Donald Trump afin de mobiliser les Américains.
Les démocrates misent sur les électeurs indépendants - qui traditionnellement peuvent voter à la primaire républicaine du New Hampshire, et qui ont majoritairement donné leurs voix à Nikki Haley, selon un sondage de sortie des urnes par la chaîne CNN.
La victoire de Joe Biden à la primaire, démocrate cette fois, du New Hampshire est symbolique - il n'a pas de concurrence sérieuse pour l'investiture, prévue en août.
Mais ses partisans voudront y voir une indication rassurante, surtout que le président avait fait, dans ce même Etat, un très mauvais score lors de la primaire de 2020. Il y avait ensuite battu Donald Trump lors de la présidentielle.
Le vrai test pour Joe Biden sera la primaire démocrate de Caroline du Sud, le 3 février. La dernière fois, c'est là qu'il avait pris son élan vers la Maison Blanche, porté par les électeurs afro-américains.
Quant à Donald Trump, il estime tenir sa chance de "vengeance" - il a lui-même utilisé ce terme, en référence à la défaite de novembre 2020, qu'il n'a jamais reconnue, et alors qu'il est cerné par les poursuites judiciaires.
Lundi, le républicain, qui depuis sa campagne victorieuse de 2016 n'a cessé de creuser les clivages partisans, a attaqué Joe Biden, "pire président" que l'Amérique ait jamais eu.
- "Chaos" -
Pour l'affronter à nouveau le 5 novembre, il faudra que Donald Trump soit investi cet été par la convention de son parti, après des primaires dans tous les Etats.
Nikki Haley, une exception dans un parti républicain massivement aligné derrière Donald Trump, reproche à l'ancien président populiste de charrier le "chaos".
L'ancienne gouverneure de Caroline du Sud, un Etat qui tiendra ses primaires républicaines le 24 février, s'interroge aussi publiquement sur ses capacités cognitives "déclinantes".
Un comble pour Donald Trump, qui se gausse à l'envi de l'âge de Joe Biden et de ses bourdes.
Le président démocrate avait choisi mardi de s'exprimer sur un thème jugé porteur pour son parti: la défense du droit à l'avortement.
Il a accusé Donald Trump de vouloir "à tout prix" restreindre toujours plus l'accès aux interruptions volontaires de grossesse.
Mais son discours a été interrompu plusieurs fois par des manifestants pro-Palestiniens, illustrant les crispations que provoque, au sein de l'électorat progressiste, la politique de très ferme soutien à Israël de la Maison Blanche.
Mercredi, l'équipe de campagne Biden-Harris a promis d'aller à la rencontre des Américains d'origine arabe, pour tâcher de les convaincre de voter contre un Donald Trump "qui parle à nouveau d'interdire l'entrée des musulmans sur le territoire". [AFP]