L’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, a été condamné à cinq (5) ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars (3 730 dollars). Le verdict a été prononcé, ce jeudi en début de matinée, par le juge près le tribunal correctionnel de Dar El Beida, à l'est d’Alger.
Le procès de l'écrivain a eu lieu, jeudi 20 mars courant, où le représentant du parquet avait requis 10 ans de prison à son encontre.
L’homme de 76 ans est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, dont « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».
Lors de ce procès, Boualem Sansal a choisi de comparaître sans avocat et d'assurer, seul, sa propre défense. Devant le président du tribunal, il avait « nié toute intention de porter atteinte à l’Algérie à travers ses publications » et assuré « qu’il n’a fait qu’exprimer une opinion, comme tout citoyen algérien ».
L'homme avait affirmé également « qu'il n’a pas pris la mesure de l’atteinte que pouvaient porter aux institutions nationales certaines de ses expressions ». L'écrivain d'expression française avait tenu des propos jugés par les autorités algériennes comme étant « attentatoires à l’intégrité du territoire national ».
L'affaire de Boualem Sansal, naturalisé français depuis 2024, est au cœur des tensions entre Alger et Paris. Le président français, Emmanuel Macron et plusieurs membres de son gouvernement ont appelé, ces derniers jours, à la libération de l'écrivain.
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes.
L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle. Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de Sansal et le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au «rapport de force», selon les déclarations répétitives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a pointé « des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable ».
«Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il déploré. [AA]