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Le Fatah et le Hamas palestiniens signent un accord de réconciliation au Caire

Jeudi 12 Octobre 2017

Le mouvement islamiste Hamas et son rival palestinien du Fatah ont signé jeudi au Caire un accord de réconciliation destiné à mettre fin à une décennie de déchirements dévastateurs, en se laissant deux mois pour résoudre les problèmes les plus épineux.

Les deux partis, encore à couteaux tirés il y a quelques semaines, ont fixé au premier décembre l'échéance d'un transfert de pouvoirs dans la bande de Gaza, actuellement gouvernée sans partage par le Hamas, ont indiqué dans un communiqué les Renseignements égyptiens qui ont parrainé les négociations.

L'Autorité palestinienne, entité internationalement reconnue supposée préfigurer un Etat palestinien indépendant, devra à cette date assumer "toutes les responsabilités" dans la bande de Gaza, selon le communiqué.

Les deux camps se donnent jusqu'à cette date pour régler tous leurs différends, ajoute le texte. Une nouvelle réunion est prévue au Caire le 21 novembre.

Les détails de l'accord n'ont pas été divulgués dans les déclarations faites aux journalistes au Caire.

Dans ce qui serait une manifestation spectaculaire de ce rapprochement, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas devrait se rendre prochainement à Gaza, a déclaré à l'AFP Zakaria al-Agha, chef du parti Fatah de M. Abbas dans la bande de Gaza.

Autre avancée de la réconciliation, 3.000 policiers de l'Autorité palestinienne vont être déployés dans la bande de Gaza et aux frontières avec Israël et l'Egypte, a dit à l'AFP sous couvert de l'anonymat un haut responsable impliqué dans les tractations.

Par ailleurs M. Abbas devrait lever "très bientôt" les mesures financières prises en 2017 pour forcer le Hamas à la conciliation, a dit M. al-Agha.

La visite de M. Abbas dans la bande de Gaza serait la première depuis 2007.

- 'Parrainage égyptien' -

Le Hamas, vainqueur des législatives en 2006 mais privé de sa victoire sous les pressions internationales, avait évincé de la bande de Gaza l'Autorité palestinienne ainsi que ses forces de sécurité, au prix d'une quasi-guerre civile avec le Fatah en 2007.

L'Autorité, dominée par le Fatah, n'exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, occupée par Israël et distante de Gaza de quelques dizaines de kilomètres.

Toutes les tentatives de réconciliation ont échoué depuis 2007, y compris celle qui avait donné lieu à un accord en 2011 au Caire.

Isolé, confronté au risque d'explosion sociale mais aussi à un soutien amoindri du Qatar, le Hamas, par ailleurs soumis aux pressions du grand voisin égyptien, a fini par accepter en septembre le retour à Gaza de l'Autorité et de son gouvernement.

Le raccommodement a été matérialisé en grande pompe la semaine passée avec le premier conseil des ministres se tenant à Gaza depuis 2014.

Le Hamas et le Fatah ont engagé mardi au Caire des tractations entourées du plus grand secret sur les modalités pratiques de la réconciliation.

- Double enjeu -

Des questions aussi compliquées que le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza et le sort des 25.000 hommes du bras armé du Hamas étaient censées être remises à plus tard.

L'enjeu de la réconciliation, considérable, est double. Le plus immédiat est le sort des deux millions de Gazaouis, éprouvés par trois guerres avec Israël depuis 2008, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté, le chômage et les pénuries d'eau et d'électricité.

Au-delà, les divisions palestiniennes sont considérées comme un des principaux obstacles au règlement du conflit israélo-palestinien.

La légitimité du président Abbas, interlocuteur d'Israël et de la communauté internationale, est sapée par le fait que le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l'Union européenne et comme infréquentable par plusieurs pays arabes, préside actuellement aux destinées de deux cinquièmes des Palestiniens des Territoires.

Le Hamas attend la levée des mesures financières prises par le président Abbas pour le faire fléchir, comme l'arrêt du paiement de la facture d'électricité gazaouie à Israël. "On reviendra dessus quand le gouvernement sera en mesure d'assumer ses responsabilités", avait dit M. Abbas la semaine passée.

Evoquant l'éventualité que le Hamas reste en charge de la sécurité à Gaza, M. Abbas a aussi prévenu qu'il n'accepterait pas "qu'on clone l'expérience du Hezbollah au Liban".

Le Hamas a signifié de son côté que la question de ses armes n'était pas négociable.

Les parties doivent aussi régler le sort de dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés depuis 2007 par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son pays n'accepterait de traiter avec un gouvernement parlant au nom de toutes les factions palestiniennes que si le Hamas démantèle son bras armé, rompt avec l'Iran et reconnaît Israël. Des conditions a priori impossibles à satisfaire pour le Hamas. (AFP)
 
 
 
 
 
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