Depuis le 22 janvier 2025, une circulaire du Premier ministre Ousmane Sonko réorganise radicalement les missions à l’étranger des ministres et fonctionnaires de l’Etat. Elles ont été redéfinies sur la base de plusieurs documents : le décret 2017-1371 du 27 juin 2017 portant réglementation des déplacements à l’étranger des agents de l’Etat et fixant les taux des indemnités, l’instruction présidentielle no 125/SGG/MSGG/DSL/s.sa du 31 juillet 2019, l’instruction no 0005PM/SGG/DAGE du 14 septembre 2022 et du canevas des calendriers de missions et de formations.
Uniquement autorisées par le chef du gouvernement ou par son délégataire « au moyen d’un ordre de mission dûment signé par le ministre secrétaire général du gouvernement » (point 4 de la circulaire), ces missions doivent « être un déplacement de travail entrant dans le cadre des actions programmées par le Gouvernement dans ses relations avec les Etats, les organisations internationales et toute autre institution publique ou privée », précise la circulaire (point 1).
Toutefois, « les structures de l’Etat sont encouragées à privilégier l’organisation au Sénégal des formations portant sur des thématiques pouvant être dispensées par des formateurs officiant au niveau national », souligne la même source (point 3 bis).
Les missions à l’étranger sont un véritable objet de convoitises de la part des fonctionnaires des administrations. Outre leur côté strictement professionnel, elles sont par ailleurs un bon moyen de capter de l’argent public sous formes d’indemnités journalières.
Pour la plupart des agents de l’Etat, cette indemnité est de 150 000 francs CFA par jour quel que soit le lieu de déplacement. Pour les hauts fonctionnaires et responsables de l’Etat, les traitements prévus sont tout autres.
Pour les Zones 1 (Amérique du Nord, Amérique Latine et Asie) et 2 (Europe, Royaume Uni, Afrique Australe et Afrique du Nord), l’indemnité journalière est de 250 000 francs CFA.
Pour le Zones 3 (Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et Afrique de l’Est), elle est de 250 000 francs CFA. Elle passe à 250 000 francs CFA pour la Zone 4 (Nouvelle Zélande et Australe).
« En tout état de cause, la durée d’une mission avec frais (pris en charge par l’Etat) ne peut excéder vingt-et-un (21) jours », indique le document (point 9 bis).
En outre, « les indemnités de mission ne sont pas dues lorsque le déplacement a lieu dans le cadre d’un stage, séminaire, cours ou activité assimilée » (point 12).
Les missions, c’est également les déplacements par avion. La circulaire d’Ousmane Sonko attribue ainsi des billets de ‘’1ère Classe’’ aux trois personnalités de l’Etat que sont le Président de la République, le Président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre.
A ce niveau, on peut rappeler que le chef de l’Etat voyage systématiquement à bord de l’avion présidentiel, et le premier ministre occasionnellement en particulier quand il n’y a pas télescopage d’agenda
Pour la ‘’Classe affaires’’, sont concernés : les présidents de cours de tribunaux, les ministres et secrétaires d'Etat, le président CNRA, médiateur de la république, conseils du PM, les ambassadeurs, les recteurs d'universités, les hauts commandants de gendarmerie, le CEMGA, etc.
Pour la ‘’Classe touriste’’, il est fait mention des autres agents de l’Etat, des personnels des agences de l’Etat et des entités publiques, notamment.
Afin de lutter contre les délégations pléthoriques, la circulaire fixe le nombre de missionnaires par délégation à trois (3) agents au maximum « sauf dérogation accordée par le Premier ministre. »
Les représentations diplomatiques sénégalaises dans les pays de destination, « informées à temps » depuis Dakar, sont appelées, si besoin, à renforcer les missions (point 8).
Les fonctionnaires sénégalais habitués à voyager aux frais de mécènes, d’amis ou de partenaires privés sous le Sceau de l’Etat devront se résoudre à s’en passer pour contrer toute tentative de corruption. Selon le point 16 de la circulaire, « la prise en charge de missions d’agents de l’Etat à l’étranger, par des structures ou organisations privées, est proscrite, sauf dans le cadre d’une convention dûment approuvée, après avis conforme du Premier ministre. »
Selon la note, « cette interdiction vise à préserver l’intégrité et l’indépendance des agents vis-à-vis de structures extérieures à l’Administration. »