Le Sénat a adopté samedi 11 mars dans la soirée le texte de la réforme des retraites. Si certains se réjouissent d’une “importante étape franchie”, d’autres déplorent un “passage en force”.
Après des semaines de tensions et une accélération de la procédure grâce au recours au “vote bloqué”, la réforme des retraites a été votée samedi 11 mars au Sénat.
Avec 195 voix contre 112, le texte a été adopté. Si le gouvernement s’en réjouit, l'opposition condamne fermement les méthodes utilisées.
“Une étape importante a été franchie ce soir avec un vote large du texte de la réforme des retraites au Sénat”, s’est réjouie Élisabeth Borne, relayée par plusieurs médias, dont Le Figaro. La Première ministre s’est affichée confiante quant à la suite des événements : “Il existe une majorité au Parlement” pour la voter.
Car après la réunion de la commission mixte paritaire (CMP) mercredi 15 mars qui devra faire les derniers ajustements sur le texte, un vote aura probablement lieu le lendemain à l’Assemblée nationale. Le Gouvernement espère pouvoir compter sur les élus de droite et éviter d'avoir recours à l'article 49.3 de la Constitution, lequel permet l'adoption d'un texte sans vote, à moins que l’opposition ne dépose une motion de censure.
Le vote au Sénat “n’est pas un résultat brillant”
“C’est la méthode Coué", a qualifié Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat, invité de RMC ce dimanche 12 mars. Lequel note que l’adoption au Sénat “n’est pas un résultat brillant pour Bruno Retailleau et les grands patrons de la droite”, faisant allusion aux 50 voix manquant à la droite sénatoriale classique. “Des sénateurs qui ont voté contre ou se sont abstenus”, constate Patrick Kanner.
Le président du PS au Sénat estime que l’utilisation à répétition par le Gouvernement des outils constitutionnels pour faire passer son texte “pose un problème de légitimité”. Il rejoint ainsi les propos tenus samedi 11 mars par Laurent Berger dans Le Journal du dimanche. “Un 49.3 me paraît incroyable et dangereux”, alertait le secrétaire général de la CFDT. “Adopter via cette procédure hâtive une réforme à la fois très impactante pour la vie de dizaines de millions de gens, injuste de notre point de vue et mal bricolée, ce serait une forme de vice démocratique”, s’est-il expliqué.
“70 % des Français sont contre cette réforme et 90 % des actifs sont contre cette réforme”, a chiffré ce matin Patrick Kanner, estimant que “la France pourrait entrer dans une grande colère”. Et de conclure : “Nous disons au président de la République : ne passez pas en force, consultez les Français.”