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« Violation des droits humains et entraves à l’exercice de la profession d’avocat… » (Par Me Ciré Clédor Ly)

Jeudi 15 Juin 2023

Me Ciré Clédor Ly
Me Ciré Clédor Ly
 
« En ma qualité de membre du collectif des avocats du leader du principal parti d’opposition au Sénégal, Ousmane SONKO/Pastef, j'avais informé, par divers canaux les instances nationales à savoir Monsieur le Président de la République du Sénégal, les organisations internationales de défense et de protection des droits de l’Homme, la section défense de la défense de l’Union internationale des avocats, certains pays par le biais de leurs représentations diplomatiques, ainsi que l’ordre des avocats du Sénégal, des atteintes graves à l'exercice de ma profession d’avocat.
 
C’est la dixième fois et certainement pas la dernière, que les forces de défense et de sécurité, sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, par ailleurs magistrat de son état, portent gravement atteinte à l’exercice de la profession d’Avocat, prétextant qu’ils agissent « sur instruction de la hiérarchie», ils me répètent à satiété que «les avocats ne sont pas autorisés à dépasser les cordons de la police pour accéder à Ousmane Sonko». Ils ajoutent à mon endroit : «Nous ne sommes que des exécutants. Laissez-nous vérifier encore auprès de nos supérieurs si l’interdiction vous concernant est levée». 
 
Après consultation, c’est toujours suivi d'un « désolé Maître mais la hiérarchie nous instruit de ne pas vous laisser passer. Nous n’y sommes pour rien ».
 
Un avocat n’a pas besoin de permission pour entrer en contact avec son client et, aucune limite ne peut être fixée à l’avocat pour accéder à son client qui l’a librement choisi dans une société démocratique.
 
Le ministre de la Justice, enseignant de son état, a appris à ses étudiants ce qu’est les droits de l’Homme et les libertés publiques.
 
La pléthore d’avocats devenus ministres de la République, ne semblent plus se souvenir de la place de l’avocat dans un Etat de droit et dans une démocratie. Ils restent sourds et aveugles à la bavure que subit l’avocat agressé, auquel les autorités empêchent d’exercer les droits de La Défense.
 
Face à un tel déni et au regard de toutes ces entraves à l'exercice de la profession d’avocat, une telle déconsidération et humiliation des avocats, ce sont tous les baromètres d’ancrage d'un Etat au système démocratique qui s’affaissent et, l’un des piliers essentiels de l’Etat que l’on saborde.
 
Je rappelle que dans toute société, même un avocat a besoin d’un avocat, les présidents en exercice ou pas, les pires dictateurs et les fascistes, font toujours appel aux avocats et, nul doute que ceux qui affaiblissent les avocats aujourd’hui, ne manqueront pas eux aussi de faire appel aux défenseurs qu’ils empêchent de défendre d’autres qu’ils oppriment.
 
Est-ce une simple arrogance, par égo que l’on lance le défi à la profession ? L’exercice est dangereux et intolérable pour le futur d’une nation car, lorsqu'un Etat est dans le déni de droits et dans la recherche de l‘escalade de la violence psychologique contre les avocats, c’est la perte de l’idéal de justice et le début la fin de tout.
 
La Cedeao sera saisie promptement de la question du déni d’un citoyen séquestré avec tous les membres de sa famille et, des atteintes graves à mes droits économiques, sociaux et professionnels.
 
C’est promis et juré !
 
Je fais appel à tous les peuples et nations démocratiques, à toutes les assemblées parlementaires, à toutes les organisations démocratiques, organisations et instances des droits de l’homme, pour que l’Etat du Sénégal soit interpellé sur son attitude de déni du droit d’accès du citoyen Ousmane Sonko à son avocat, ainsi que sur mon droit d’exercer librement et en toute indépendance mon métier.
 
Je reste convaincu de la capacité des nations démocratiques et des instances internationales de défense des droits de l'Homme à faire  raisonner les États comme le Sénégal qui se drapent du manteau du teneur de plume, pour signer bellement des traités et conventions pour le confort de leurs gouvernants de l’heure, qui s’empressent de ratifier et de déposer les instruments des traités et conventions qu’ils n’ont de gêne de fouler aux pieds.
 
Le Sénégal a une position géostratégique capitale dans le monde, d’où l’importance de sa stabilité, ce qui donne une importance majeure à toute alerte qui pointe du doigt les violations des instruments internationaux des droits de l’Homme. »
 
Ciré Clédor Ly
Avocat à la Cour, Barreau du Sénégal
Membre du collectif de la défense de Monsieur Ousmane Sonko.
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1.Posté par Me François JURAIN le 15/06/2023 17:37
Me LY a entièrement raison; et je renouvelle mon étonnement, pour ne pas dire mon indignation, quant à la non réaction du Conseil de l'ordre des avocats du barreau de DAKAR: le fait que l'on interdise à des avocats de se rendre chez leur client, assigné à résidence en toute illégalité, qui plus est, se font gazer par des forces de l'ordre exécutant des ordres "venus d'en haut", cela constitue une entrave gravissime au droit de la défense, et le bâtonnier de l’ordre, (ou du désordre) aurait dû, sur le champ, prendre une initiative forte, avec le conseil de l'ordre réuni en urgence, à savoir, une manifestation de tous les avocats, en robe, devant le domicile de Monsieur SONKO, afin de manifester leur désapprobation, et montrer qu'ils s'opposent à cette mesure dictatoriale qui n'a pour but que de museler la défense dès lors, que, dans une justice sous la terreur d'une dictature, les avocats sont réduits "à la plus simple expression", eux aussi.

Cette mesure aurait due être suivie d'une grève générale et illimité de tout le personnel judiciaire, avocats, mais aussi magistrats, greffiers, huissiers de justice, etc.
Voilà la réponse à donner à une mesure dictatoriale sans fondement juridique: malheureusement, et j'aurai à y revenir ultérieurement, le conseil de l'ordre des avocats n'est qu'un conseil du désordre, s'appuyant sur un système que l'on peut qualifier de "mafieux", ainsi que je l'ai démontré dans différentes procédures contre l'un d'entre eux, et aux termes desquelles le tribunal des référés m'a donné raison, la cour d'appel m'a donné raison, et la Cour suprême (cour de cassation m'a donné raison!
Mais le bâtonnier, ainsi que le conseil de l'ordre, préfèrent garder le silence et ne pas trop déranger le pouvoir en place: ils savent très bien pourquoi!!!
Me François JURAIN

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